La chambre d'inhalation - L'Infirmière Magazine n° 215 du 01/04/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 215 du 01/04/2006

 

pédiatrie

Modes opératoires

Les systèmes d'inhalation sont devenus le mode d'administration préférentiel du traitement de l'asthme, pour la crise comme pour le traitement de fond, ainsi que celui des atteintes bronchiques asthmatiformes hivernales rencontrées chez l'enfant.

PRINCIPE

Il s'agit d'intercaler un dispositif, à type de réservoir, entre l'aérosol doseur contenant le principe actif et la bouche du patient, afin de permettre une bonne délivrance du médicament, lorsque le malade ne peut assurer une coordination main-bouche efficace. La chambre contient le médicament volatilisé au moment de la pression sur l'aérosol, pour permettre au patient de respirer calmement le traitement diffusé, sans demander de synchronisation immédiate.

OBJECTIFS

Cette voie inhalée a plusieurs avantages.

- La rapidité d'action : dès que la substance est fixée sur la paroi interne des bronches, le malade se sent soulagé.

- Un faible dosage pour une efficacité accrue par rapport à la voie générale : ce mode d'administration entraîne une meilleure tolérance, en particulier chez le nourrisson.

- Des atouts liés à la fonction de réservoir de la chambre d'inhalation : une élimination du gaz propulseur, un ralentissement des particules et une diminution de leur taille, ce qui favorise l'augmentation de la déposition pulmonaire.

INDICATIONS

Chez l'enfant jusqu'à 3 ans. Les atteintes bronchiques virales, comme la bronchiolite, qui se traduisent par une gène expiratoire avec sifflements, chez un jeune enfant présentant une rhinite fébrile et une toux sèche, parfois avec encombrement.

Chez l'enfant plus grand. L'asthme, affection survenant sur un terrain atopique, caractérisé par des crises de dyspnée expiratoire avec sibilants, associée à un bronchospasme complètement réversible. Au cours de ces atteintes, les broncho-dilatateurs pourront être associés à des corticoïdes en traitement de fond, complété par une kinésithérapie respiratoire si besoin.

MATÉRIEL ET TECHNIQUE

L'aérosol-doseur est un flacon métallique contenant un médicament en suspension, mis sous pression, présenté dans un étui en plastique avec un embout de diffusion. Une dose précise de produit est libérée à chaque pression sur le flacon. La chambre d'inhalation est un réservoir, en plastique ou en métal, de taille et de volume variable selon les modèles. Un des côtés de la chambre reçoit l'aérosol-doseur et l'autre extrémité présente un embout buccal, surmonté d'une valve, par lequel va respirer le malade en le mettant dans la bouche ou en l'associant à un masque facial positionné autour des lèvres et du nez. La valve s'ouvre à l'inspiration diffusant le médicament dans les bronches et se ferme à l'expiration, autorisant plusieurs respirations pour faire parvenir la totalité du produit jusqu'au site pulmonaire malade.

Chez le nourrisson et jusqu'à 3 ans. L'usage du masque facial est indispensable, associé à la chambre d'inhalation.

Selon l'état de l'enfant, il est important de pratiquer une désinfection rhino-pharyngée afin de dégager les voies aériennes supérieures. L'enfant est placé dans les bras de l'opérateur ou face à lui, après avoir pris soin de l'informer du geste à pratiquer.

- Agiter l'aérosol et l'introduire dans la loge du réservoir.

- Maintenir la chambre d'inhalation verticale.

- Appliquer le masque hermétiquement sur le nez et la bouche.

- Exercer une pression sur l'aérosol.

- Sécuriser l'enfant pour favoriser une respiration lente et profonde.

- Maintenir le masque pendant dix inspirations (compter les mouvements de la valve).

- Recommencer l'opération pour chaque dose prescrite.

Chez l'enfant jusqu'à 10 ans. L'embout buccal de la chambre d'inhalation est introduit dans la bouche avec occlusion des lèvres, dès que l'âge de l'enfant le permet, pour une pénétration plus directe du produit. L'opérateur aide à maintenir le dispositif, exerce une pression sur l'aérosol et contrôle les mouvements de la valve qui témoignent de 5 à 10 respirations efficaces.

RECOMMANDATIONS

Choix du type de chambre. Les laboratoires pharmaceutiques ont développé de nombreux modèles en fonction de l'aérosol-doseur fabriqué. Certains sont polyvalents grâce à un raccord souple qui permet d'adapter tous les aérosols-doseurs. Le choix du système sera fonction de l'âge et de la molécule choisie.

Nettoyage du matériel. La chambre est nettoyée à l'eau tiède savonneuse, puis rincée.

Ne pas l'essuyer mais laisser sécher.

Vérifier le fonctionnement de la valve au remontage.

Application correcte du traitement. Une mauvaise technique peut compromettre l'efficacité du traitement : les erreurs les plus courantes sont l'absence d'agitation de l'aérosol et de séparation d'administration de deux bouffées consécutives.

Il est important de contrôler le remplissage de l'aérosol : un spray vide flotte dans l'eau !

En cas de prescriptions distinctes, débuter par les bêta-2-mimétiques, puis faire les corticoïdes et rincer la bouche après ces derniers afin de diminuer le risque de mycose.

ÉVOLUTION DU TRAITEMENT

Les études récentes s'orientent vers le remplacement du gaz dans les aérosols-doseurs pour maintenir les produits actifs en solution, ce qui augmenterait leur efficacité. Elles préconisent également l'utilisation de chambres d'inhalation métalliques afin de réduire les forces électrostatiques générées par le plastique qui réduisent la fraction disponible des particules médicamenteuses.

Articles de la même rubrique d'un même numéro