Non aux cloisons ! - L'Infirmière Magazine n° 215 du 01/04/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 215 du 01/04/2006

 

Accès aux soins

Du côté des réseaux

Dans les Yvelines, depuis six ans, les professionnels collaborent au sein d'un réseau très complet. La consultation de suivis conjoints a permis de décloisonner le système de soins.

Réorganiser les soins en santé mentale pour faciliter l'accès aux soins en psychiatrie et pour mieux coordonner les professionnels, telle est l'ambition affichée du Réseau promotion santé Yvelines sud(1), créé en 2000. Tout commence à la fin des années quatre-vingt-dix, lorsque Marie-Christine Hardy-Baylé, psychiatre au centre hospitalier de Versailles constate que, malgré la création du secteur dans les années soixante qui a permis des avancées majeures dans l'organisation des soins, certains professionnels restent à l'écart.

mauvaise coordination

« Le principal dysfonctionnement constaté à l'époque était la mauvaise coordination entre psychiatres et médecins généralistes, se souvient Christine Passerieux, directrice du réseau. La prise en charge était cloisonnée, certaines personnes souffrant de troubles psychiques sévères étaient suivies parfois pendant cinq ans par un généraliste sans jamais consulter de psychiatre. » Ce manque de coordination s'illustre aussi dans le secteur médicosocial.

Après un long travail d'enquête, le réseau crée donc deux dispositifs pour coordonner l'hôpital, la médecine de ville et le secteur social et médicosocial. D'abord, une consultation d'avis spécialisés et de suivis conjoints ouvre en mai 2001. Son objectif : permettre aux médecins généralistes, désarmés face à des patients souffrant de troubles psychiques, d'obtenir un avis spécialisé.

« C'est une véritable révolution des pratiques ! », se réjouit Christine Passerieux, également responsable d'une de ces consultations. Le projet de soins est désormais élaboré conjointement avec le généraliste. Les résultats sont probants : ils ne se sentent plus isolés, n'ont plus recours systématiquement aux psychotropes, mais sont aidés dans leur recours à d'autres outils thérapeutiques. L'accès aux soins est également plus facile pour les patients. « C'est aussi très rassurant pour les malades. Si le médecin dit au patient : "Je vous envoie voir un psychiatre", cela peut l'effrayer alors que s'il explique : "Vous allez demander un deuxième avis", les patients viennent plus volontiers », assure Christine Passerieux.

revitalisation

Deuxième action concrète du réseau : la mise en place d'une équipe de liaison pour orienter les professionnels du secteur social, médicosocial ou associatif en contact avec des personnes présentant une souffrance psychique. Deux psychiatres, un cadre infirmier et une infirmière sont à leur écoute. « Finalement, l'équipe de liaison aide ceux qui aident, résume le psychiatre. Elle permet aux travailleurs sociaux de trouver la juste place face à des personnes qui les mettent en difficulté. » Ce travail de liaison a permis aux personnes souffrant de troubles psychiques d'accéder à des hébergements sociaux et médicosociaux. Depuis, certains patients sont hébergés dans des structures médicosociales avec une convention de continuité des soins, évitant les ruptures, courantes auparavant. « Quand un patient hospitalisé depuis des années trouve enfin un toit avec une adresse, nous constatons souvent une amélioration de son état, note Christine Passerieux. Cela a aussi permis de désengorger les hôpitaux et conduit à une vraie revitalisation avec une nette diminution des durées de séjour et de la file active. »

émulation

Depuis, le réseau a fait du chemin et s'est enrichi : la consultation dédiée aux personnes âgées souffrant de troubles psychiques, une réorganisation de la filière urgence, un dispositif d'accueil pour les personnes en obligation de soins, sont venues renforcer le dispositif. De plus, un site Internet(1) a été créé en juin 2004 et permet de mieux se repérer dans les systèmes de soins.

Parallèlement, des formations et des groupes de travail, organisés par les membres du réseau, entretiennent la réflexion sur l'amélioration des pratiques. Parmi les chantiers à venir : les difficultés d'accès aux soins somatiques pour les personnes handicapées psychiques, les conduites addictives, etc.

Le réseau, qui se voulait un espace de réflexion commune, a réussi à réunir « des pratiques, des obédiences et des métiers différents ! Un pari qui nous paraissait au départ utopiste », note Christine Passerieux. Il fonctionne bien et a déjà fait des émules au niveau local et national : certains dispositifs du réseau figurent dans le Sros 3 d'Île-de-France et le développement des réseaux de santé mentale est un des axes majeurs du plan santé mentale pour décloisonner la prise en charge.

1- Tél. : 01 39 63 95 35. Mél : sreseausantementale@ch-versailles.fr.

Site Internet : http://www.rpsm78.fr.