Administration du médicament - L'Infirmière Magazine n° 216 du 01/05/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 216 du 01/05/2006

 

Juridique

Un médecin, appelé par une infirmière d'Ehpad pour une poussée hypertensive chez un de ses patients, prescrit par téléphone une gélule d'Adalate® par voie orale sublinguale. L'infirmière, suite aux mises en garde explicites du Vidal, refuse d'administrer le médicament prescrit par téléphone. Est-elle dans son droit ? Sur quels textes s'appuyer ? Le même médecin, dans les mêmes circonstances, se déplace et établit une prescription écrite. L'infirmière a-t-elle le droit de refuser d'administrer le produit, en se basant sur les mêmes arguments ? Enfin, face à un médecin manifestement hors de discernement (imprégnation alcoolique par exemple), les réponses sont-elles les mêmes ?

Conformément à l'article R. 4312-29 du Code de la santé publique, l'infirmière applique et respecte la prescription médicale écrite, datée et signée par le médecin prescripteur ainsi que les protocoles thérapeutiques et de soins d'urgence que celui-ci a déterminés. Ainsi, chaque infirmière est tenue de vérifier et respecter la date de péremption et le mode d'emploi des produits ou matériels qu'elle utilise. À chaque fois qu'elle le juge utile, elle doit demander au médecin prescripteur un complément d'information, notamment si elle estime être insuffisamment éclairée. Bien évidemment, la prescription doit être écrite et une prescription par téléphone doit toujours être confirmée par écrit dans les heures qui suivent. Lorsque le médecin prescripteur n'est pas joignable ou qu'il semble impossible d'entamer un dialogue avec lui, qu'elles qu'en soient les raisons, l'infirmière devra s'efforcer d'obtenir l'information recherchée auprès d'un autre médecin, voire d'autres infirmières. L'infirmière qui appliquerait à l'aveugle une prescription comportant une grossière erreur engagerait sa responsabilité au nom de son devoir de vérification et de compréhension.

S'impose à chaque infirmière un devoir de vigilance, c'est-à-dire de vérification et de compréhension des prescriptions médicales. Dans tous les cas où subsiste le moindre doute quant au contenu d'une prescription, l'infirmière prendra l'indispensable précaution de consigner ses doutes et interrogations, voire son refus d'exécution et ses motivations, dans le dossier de soins infirmiers.

Si l'acte prescrit comporte manifestement un danger pour le malade, l'infirmière, en refusant de l'accomplir, ne commet aucune faute. Néanmoins, elle aura dû préalablement recueillir d'autres avis et consigner ce refus (et ces autres avis) par écrit dans le dossier de soins infirmiers.

Une infirmière n'est pas une exécutante. On n'exécute pas une prescription, on l'applique. Les fonctions infirmières confèrent à chaque professionnel des devoirs de vigilance, c'est-à-dire de compréhension et d'interprétation de la prescription. En aucun cas, une infirmière ne saurait se comporter comme une simple exécutante qui accomplirait aveuglément la prescription.

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