Ardepass traque le cancer du sein - L'Infirmière Magazine n° 216 du 01/05/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 216 du 01/05/2006

 

Seine-Saint-Denis

Du côté des associations

L'association Ardepass organise le dépistage du cancer du sein en Seine-Saint-Denis.

En Seine-Saint-Denis, plus de 200 femmes décèdent chaque année d'un cancer du sein. Depuis 1999, l'Association de recherche et de dépistage des pathologies du sein en Seine-Saint-Denis (Ardepass) organise un dépistage gratuit de cette maladie pour toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans.

Dans ce département, le taux de surmortalité lié au cancer du sein est plus élevé que la moyenne nationale. « Mais, inférieur à la moyenne d'Île-de-France », tempère le Dr Christophe Debeugny, coordonnateur médical et administratif de l'Ardepass. En effet, à âge comparable, ce cancer entraîne en moyenne 106 décès dans le 93 et 108 décès en Île-de-France contre 100 décès en France métropolitaine. Il représente 20 % des décès par tumeurs en Seine-Saint-Denis et en Île-de-France contre 19 % en France(1).

Avec l'aide de l'Assurance maladie, du Conseil général, de la Dass, l'Ardepass tente de faire baisser ces statistiques. Créée en 1995, l'association travaille en partenariat avec radiologues, gynécologues, médecins généralistes et hôpitaux du département pour mettre en place des campagnes de dépistage.

des examens gratuits

Depuis 1999, toute femme âgée de 50 à 74 ans reçoit tous les deux ans une lettre-invitation pour passer une mammographie avec une liste de coordonnées des radiologues formés et participant au dépistage. Cette invitation permet de ne pas faire d'avance de frais pour cet examen clinique et radiographique pris en charge à 100 % par l'Assurance maladie(2). « La gratuité permet de garantir l'égal accès. Mais elle n'implique pas un dépistage au rabais », fait observer le médecin en insistant sur l'intérêt de la deuxième lecture qui garantit des résultats plus fiables.

« Les mammographies qui n'éveillent aucun soupçon lors de la première lecture seront examinées par un second radiologue qui recherchera des anomalies ayant pu échapper à ce premier examen. Ainsi, sur 100 femmes, aucune anomalie n'est détectée pour 95 d'entre elles, à la première lecture. À la seconde lecture, on détecte cinq anomalies parmi ces 95 femmes. » Cette relecture permet de déceler des cancers qui n'auraient été repérés que deux ans plus tard.

drôles de pistaches

Mais, même si cet examen est gratuit, certaines femmes, les plus isolées, restent exclues. « Certaines femmes ne savent pas lire ou ne parlent pas bien le français, note le Dr Debeugny avant de se souvenir d'une réunion organisée par l'association pour informer des femmes étrangères d'un quartier de Bondy. J'utilisais souvent le terme de dépistage. À la fin, les femmes qui semblaient avoir compris m'ont demandé : "Pourquoi parlez-vous toujours de pistaches ?" », confie-t-il dans un sourire.

Depuis un an et demi, Youcef Mouhoub, un des deux visiteurs de santé publique de l'association, veille à réduire ces distances culturelles et ces barrières linguistiques. Il rencontre les médiatrices ou les travailleurs sociaux et proposent des outils de communication adaptés avec des messages simples. « Parler de cancer suscite beaucoup d'angoisse : peur de l'examen, de la maladie, de la mort. Il faut travailler sur ces représentations, souligne Christophe Debeugny.

Pour l'instant, entre 35 et 45 % des femmes concernées participent au dépistage organisé. Il faudrait que 60 % d'entre elles contribuent régulièrement pour que la mortalité recule. Nous souhaitons continuer à sensibiliser ces femmes. »

32 000 dépistages en 2005

Il est encore difficile de connaître les évolutions du taux de mortalité, mais certaines données mesurent déjà les apports de ce dépistage organisé. Si ce programme concerne 150 000 femmes dans le 93 tous les deux ans, 32 000 dépistages ont été réalisés en 2005. Depuis le démarrage de la campagne, en 1999, 729 cancers ont été détectés dans ce cadre-là. D'avril 2002 à juin 2005, sur 511 cancers décelés, 70 l'ont été grâce aux relectures. « Avec ce dépistage, les cancers sont détectés plus tôt. Les tumeurs sont de plus petite taille, les traitements moins lourds, les chances de guérison accrues et la qualité de vie meilleure », conclut le médecin. Plusieurs acteurs du département - dont l'Ardepass - ont décidé de constituer un Comité départemental des cancers dont la mission est d'animer des campagnes de dépistage. À terme, il développera des actions de prévention et de dépistage des cancers colorectal et du col de l'utérus.

1- Observatoire régional de la santé 2004.

2- En dehors de l'échographie prise en charge selon les modalités habituelles.

en savoir plus

Ardepass

41, avenue de Verdun,

93146 Bondy cedex.

Mél : ardepass@ardepass.org

Tél. : 01 55 89 10 10.

Fax : 01 48 02 06 80.

N° vert réservé au public : 0 800 50 42 37.

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