Des jambes de vingt ans ! - L'Infirmière Magazine n° 216 du 01/05/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 216 du 01/05/2006

 

Vous

Mieux vivre

Vos jambes sont soumises à rude épreuve. Selon l'étude Presst-Next, plus de trois infirmières sur dix souffrent de varices en France. Conseils pratiques.

Avant tout, évitez la chaleur !

En effet, les températures élevées sont propices aux varices. Une température moyenne du poste égale ou supérieure à 26 °C favorise la maladie veineuse(1). Si l'on ne peut agir sur la température, les pauses dans un endroit frais sont nécessaires. Les températures élevées peuvent être aussi causées par le climat et la saison. Les actions relèvent alors des politiques « anti-canicule », en particulier de leur volet architecture et aménagements (qui consiste à éviter les grandes baies vitrées et à utiliser en association ventilateurs et fontaines, bassins ou air conditionné...).

pas de claquettes !

Quand les pieds et les jambes de l'infirmière, souvent debout dans des services très chauffés, « gonflent », mettre des chaussures ouvertes est la première réaction pour se soulager. Or, les claquettes, souvent utilisées à cette fin, restent une mauvaise solution. Phlébologues et médecins du travail recommandent des chaussures fermées, légères, dont la semelle et son soutien de la voute plantaire se déroulent avec le pied pour soutenir le retour veineux. On les choisira avec des talons de taille modérée pour favoriser la flexion de la cheville. Avec de telles chaussures, dix pas suffisent pour « réamorcer la pompe veineuse ». Aller d'une chambre ou d'une pièce à une autre favorise le retour du sang vers le coeur. Le piétinement dans une même pièce augmente la douleur.

« siège assis debout »

Il faut absolument éviter

de rester debout et immobile pour réaliser une série de tâches ou participer à une réunion. Pouvoir le faire en position assise, à certains moments, concourt à prévenir les douleurs aux jambes et les varices. Les chaises sont donc nécessaires, et doivent être en nombre suffisant, dans les services !

Le « siège assis debout » est recommandé pour certaines tâches. C'est une sorte de selle, plus haute qu'une chaise, tenant sur un pied unique. Il évite le recours à la seule station debout immobile.

Dans la chambre du malade, un « siège assis debout » donne la possibilité de s'asseoir pour réaliser certains soins, expliquer un traitement ou la préparation de la sortie. Il est plus maniable que les habituels chaises et fauteuils, et l'on dispose ainsi d'un siège supplémentaire.

À la paillasse de préparation des soins, une chaise étant trop basse, le « siège assis debout » permet de ne pas s'appuyer uniquement sur ses jambes.

organisation « intelligente »

Mieux vaut alterner les positions assises et debout au cours de votre journée. Cela nécessite d'harmoniser l'enchaînement des tâches à travers une meilleure organisation du travail. Le port de charge d'au moins dix kilos favorise aussi les varices(2). Réclamez des lève-malades en nombre suffisant et utilisez-les ! Ils soulagent aussi la maladie veineuse.

perdre du poids

Les études sur les jambes lourdes et les varices

font toujours apparaître le surpoids ou l'obésité comme un facteur de

risque. Mieux vaut perdre

un peu de poids dans ce cas.

penser à ses bas

Les compressions effectuées par les bas, collants et chaussettes de contention soulagent lors des stations assises et debout prolongées, et lors des périodes plus sensibles comme la grossesse.

veinotoniques

En cas de lourdeurs, douleurs ou impatiences, les veinotoniques peuvent vous aider. Prescrits en cure de trois mois, ces médicaments soulagent et diminuent l'oedème en limitant la dilatation de la veine et l'inflammation.

Les principes actifs des premiers veinotoniques réalisés étaient souvent issus des plantes. Aujourd'hui encore, certains médicaments contiennent des flavonoïdes (fractions flavonoïques purifiées ou molécules extraites de ces dernières : diosmine, rutine, hespéridine...). Des substances de synthèse ont aussi vu le jour (naftazone, acide flavodique...). Elles n'ont pas supplanté les médicaments issus des plantes.

Outre les veinotoniques classiques, plusieurs plantes sont recommandées, en phytothérapie, pour la maladie veineuse : le petit houx, la vigne rouge, le mélilot, l'hamamélis, le marron d'Inde... Ces plantes peuvent se présenter en tisanes, en gélules d'extraits secs, en comprimés, en solution buvable.

massage

Une fois rentrée chez vous, étendez- vous sur un fauteuil pendant une heure, avec les jambes surélevées si possible.

Pour favoriser le retour veineux, faites-vous porter tout ce dont vous avez besoin : sac, courrier, boisson, téléphone... et pourquoi pas le dîner sur un plateau ?

Les pieds et les jambes malmenés par une journée de labeur peuvent être massés avec des crèmes et gels à base de plantes : crème podologique au mélilot (Alkiléïne®), gel Vitiveine® aux extraits de vigne rouge, hamamélis et fragron (laboratoire Arkopharma), pommade Dynarome® du Dr Valnet à l'hamamélis...

1- Étude « Venous insufficiency and working conditions in 4 hospital occupational areas » (cf. encadré p. 52).

2- Ibid.

études

- Varices pour 3 sur 10 !

En France, deux infirmières et cadres de santé sur dix (21 %) souffrent de varices sans être suivies. Une sur dix (11 %) est suivie pour cela par un médecin. C'est ce que révèle l'enquête Presst-Next sur l'échantillon français de l'étude européenne Next menée dans dix pays. Il comprend 3 958 infirmières et cadres de santé parmi les 5 376 soignants de 56 établissements publics et privés, et maisons de retraite de cinq régions.

- Risques professionnels

La maladie veineuse des femmes travaillant au sein de l'hôpital est davantage due aux facteurs de risques professionnels (score de 53,6) qu'aux risques personnels (score de 46,4).

Cette étude a été menée sur près de 2 000 femmes. Intitulée « Venous insufficiency and working conditions in 4 hospitals occupational areas », elle a été présentée par le Dr Annie Sobaszek, médecin du travail, à la 3e Conférence internationale sur les risques professionnels des soignants, organisée par la CIST (Commission internationale de la santé au travail), du 29 juin au 2 juillet 1997, à Édimbourg (Royaume-Uni).

zoom

Gonflées à bloc !

Les jambes des infirmières de bloc opératoire ne sont pas épargnées. Les Ibode sont particulièrement sujettes aux varices : 38 % d'entre elles selon l'étude Presst-Next et 41 % selon celle du Dr Sobaszek (cf. encadré p. 52). Elles restent en effet longtemps immobiles et debout. Les « sièges assis debout » (cf. article ci-contre) sont particulièrement adaptés à leur activité.