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L'Infirmière Magazine n° 216 du 01/05/2006

 

Cancer

Du côté des associations

Le nombre de personnes âgées atteintes de cancer augmente. Au sein de neuf établissements, des unités pilotes coordonnent les soins pour préserver l'autonomie des malades.

Pour répondre à la mesure 38 du plan cancer qui prévoit un effort spécifique pour les personnes âgées atteintes de cancer, l'Institut national du cancer (INCa) a mis en place une mission d'oncogériatrie. Elle est destinée à coordonner et impulser les actions qui permettront à tous les patients âgés de bénéficier d'un traitement de qualité sans retentissement sur leur autonomie.

après 65 ans

En France, 70 % des décès par cancer surviennent après 65 ans. Il s'agit de la première cause de mortalité entre 65 et 79 ans et de la deuxième après 80 ans après les maladies cardio-vasculaires. Or, les études épidémiologiques indiquent que le nombre de personnes âgées atteintes de cancer augmentera dans les années à venir. L'amélioration de la qualité de la prise en charge de ces patients doit donc passer par le développement d'une collaboration entre gériatres, oncologues et spécialistes d'organes touchés par le cancer.

Un premier appel à projets en oncogériatrie a été lancé en septembre 2005 afin de faire émerger des Unités pilotes de coordination en oncogériatrie (UPCOG). Neuf établissements ont été retenus par l'Institut national du cancer (INCa) et, en janvier 2006, neuf programmes opérationnel* ont démarré pour un financement global de 1,27 million d'euros. Ces projets consistent essentiellement en des missions d'information et de sensibilisation, accompagnées de programmes de formation des soignants.

démystifier les peurs

À Senlis, en Picardie, on a choisi la sensibilisation. Cet hôpital de proximité, doté d'un pôle de gériatrie complet avec une équipe gériatrique, des lits de long et moyen séjour, des lits gériatriques aigus, possède aussi un centre d'évaluation d'autonomie de la personne permettant des bilans gériatriques.

Les équipes travaillent en étroite collaboration avec le service d'oncologie dirigé par Élisabeth Carola, coordinatrice du projet financé par l'INCa : « Nous sommes partis d'un constat : si l'on sait que les personnes âgées ont plus souvent des cancers, nous ne sommes pas sûrs qu'elles viennent toutes consulter. Soit par peur, soit par méconnaissance... Un sentiment parfois relayé par leurs soignants qui peuvent estimer que vu leur âge, on ne peut pas leur proposer grand-chose. Nous souhaiterions démystifier cette peur qui atteint les patients, leur entourage et leurs soignants. »

Le programme piloté par Élisabeth Carola est conçu pour lutter contre cette idée reçue.

Première étape, une formation a été proposée aux personnels médicaux généralistes, qui connaissent bien les personnes âgées : pharmaciens et médecins de ville ou consultants en moyen séjour ou en maisons de retraite. Des intervenants spécialisés (anesthésistes, chirurgiens, oncologues, gériatres, hématologues) sont venus leur présenter la prise en charge du cancer chez les sujets âgés et les possibilités thérapeutiques.

plaquette

La seconde étape - en cours de réalisation - consistait à réfléchir avec ces professionnels à la rédaction d'une plaquette d'information sur le cancer, destinée aux personnes âgées de plus de 75 ans.

En septembre prochain, les infirmières du secteur (libérales principalement, mais également quelques hospitalières) se verront proposer une semaine de formation en oncologie : préparation et déroulement des séances de chimio, initiation à l'évaluation gériatrique, découverte des traitements en hôpital de jour... Les infirmières pourront ensuite diffuser cette plaquette aux personnes âgées, en apportant les explications nécessaires. Un accord a été passé avec la CPAM et la MSA(1) pour distribuer cette plaquette.

évaluation

L'équipe de Senlis évaluera par la suite l'efficacité du programme et envisage d'autres projets, comme une étude d'évaluation gériatrique-oncologique afin de définir les paramètres indispensables lors du choix de traitement : « Il existe des paramètres importants, conclut Élisabeth Carola, dans l'évaluation biologique, nutritionnelle, pharmacologique, avant de proposer au patient des doses pleines, adaptées, ou aucun traitement car l'effet en serait délétère... On manque d'outils pour effectuer ces évaluations. Et dans un centre comme le nôtre, nous avons tout le potentiel pour les étudier. »

1- MSA : protection sociale du monde agricole et rural.

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