Allo, parents, bobo...

Aider les parents à assumer leur rôle en toute sérénité, tel est le credo de l'association Parentel. En 1989, elle s'est construite sur l'idée de créer des espaces de parole pour que parents - et professionnels - puissent faire part de leurs difficultés, de leurs interrogations liées à l'exercice de ce que l'on appelle désormais la parentalité.

Ce service d'accueil, d'écoute et d'entretien avec les parents a été imaginé par des professionnels de l'action médicosociale et des associations comme l'association de sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence du Finistère. « Les meilleurs vecteurs pour améliorer une situation difficile avec les enfants sont les parents, explique Daniel Coum, psychologue et directeur de Parentel. Nous sommes persuadés que les professionnels ne font pas mieux que les parents. »

Replacer les parents au centre de leur fonction est apparu particulièrement important à un moment où émergeait « l'idéologie de l'intérêt supérieur de l'enfant », selon les termes de Daniel Coum, avec la ratification en 1989 de la Convention internationale des droits de l'enfant. « Avec la déconcentration de l'aide sociale à l'enfance aux départements, nous estimions que cette idéologie risquait de culpabiliser les parents », souligne le directeur de Parentel.

perte de repères

L'association finistérienne décide alors de lancer une ligne d'appel téléphonique. Chaque année, 1 200 appels sont ainsi reçus par l'équipe de psychologues. Entre 600 et 700 communications donneront lieu à une véritable consultation. « La consultation permet de faire le point par téléphone, le temps d'un ou de plusieurs entretiens, sur ce qui ne va pas à propos de son enfant dans la famille ou en dehors, et trouver de nouvelles pistes pour avancer », précise Daniel Coum.

Après plus de dix ans de fonctionnement, l'équipe constate une augmentation du nombre de sollicitations de la part des parents. « Ils s'autorisent davantage à dire qu'ils sont en difficulté, considère le directeur. Et, la donne sociale a beaucoup changé. Il existe aujourd'hui une pression énorme qui s'exerce dorénavant sur les parents pour qu'ils réussissent l'éducation de leurs enfants. Mais, de l'autre côté, on note une perte des repères, une remise en cause des modèles parentaux. Les parents sont entre les deux, en plein désarroi. »

Les possibilités de téléphoner, en restant anonyme si la personne le souhaite, facilitent alors l'expression d'une demande qui revêt plusieurs dimensions. Tout d'abord, l'échange téléphonique avec un professionnel de l'écoute aide à l'expression d'une souffrance psychique. Certains parents sont en situation de détresse devant un enfant aux troubles installés pouvant se manifester par des fugues à répétition et des tentatives de suicide(1).

deuil

Les consultations téléphoniques permettent également aux professionnels d'aider le parent à faire la part des choses. « Les parents se doivent d'assumer leur part dans la situation, note Daniel Coum. Mais, l'enfant a aussi sa part à assumer. Il ne faut pas l'oublier. Nous essayons d'aider les parents à être lucides pour assumer ce qui leur revient tout en évitant de culpabiliser. »

Pour certains parents, les échanges téléphoniques peuvent se prolonger, à leur demande, par des entretiens en face-à-face avec des professionnels de Parentel dans le cadre d'une approche psychanalytique. Plus de 200 familles sont ainsi aidées chaque année. Enfin, des réunions de parents sont également proposées, sous la forme de groupes de parole, de réunions publiques ou de conférences-débats.

formation

L'association dont le siège est installé à Brest s'intéresse aussi à la formation des professionnels. Dans ce cadre, des interventions se déroulent auprès de professionnels de la périnatalité, autour de l'accueil des parents dans les services, du deuil, des maternités difficiles (médicales ou psychosociales). D'autres formations s'intéressent exclusivement à l'accompagnement au deuil en général, moment où la prise en compte du lien familial et parental est essentielle.