Antiseptiques et plaies aiguës - L'Infirmière Magazine n° 217 du 01/06/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 217 du 01/06/2006

 

pansements

Conduites à tenir

Utiliser un antiseptique exige une prescription médicale ou un protocole validé. Mais, pour effectuer un choix éclairé, il est nécessaire de bien connaître ces produits.

ANTISEPSIE

L'antisepsie est « une opération au résultat momentané permettant, au niveau des tissus vivants (...), d'éliminer ou de tuer tous les micro-organismes et/ou d'inactiver les virus en fonction des objectifs fixés. (...) » (1).

On oppose souvent la désinfection, réservé aux milieux inertes, à l'antisepsie. Mais peut-on parler d'antisepsie pour tous les tissus vivants ?

« Pour le Comité européen de normalisation CEN/TC 216, le terme d'antisepsie devrait être réservé au cas où l'opération est destinée au traitement d'une infection constituée, notait le groupe de travail du C-Clin(2) Sud-Ouest(3), le terme de désinfection désignant une opération visant à prévenir une infection. On parle ainsi de la désinfection de la peau saine, de désinfection des mains mais d'antisepsie de la plaie. »

PEAU SAINE, PEAU LÉSÉE

On comprend qu'en hygiène, pour différencier l'antisepsie de la désinfection, avant de parler de plaie aiguë ou chronique, on distinguera la peau saine de la peau lésée.

L'antisepsie traite donc de la peau lésée qui englobe les plaies aiguës (plaies dites « vives ») et les plaies chroniques. On les différencie ensuite souvent en plaie « propre » ou « sale », ce dernier terme correspondant aux plaies colonisées ou infectées.

Une plaie aiguë est en général une plaie propre qui doit le rester en vue d'une cicatrisation rapide, d'où l'importance de l'antisepsie.

ANTISEPTIQUES

Choix du produit. L'antisepsie est réalisée à l'aide d'un antiseptique qui s'utilise dans des conditions définies. Le choix du produit s'effectue selon les critères suivants :

- Son large spectre d'activité : on appelle antiseptique à large spectre ou antiseptique majeur un antiseptique qui possède des propriétés à la fois bactéricide, virucide et fongicide (capacité à tuer ces micro-organismes et non à inhiber leur croissance) ;

- Sa faible toxicité et sa bonne tolérance cutanée ;

- Son activité en présence de substances interférentes ;

- Sa stabilité dans le temps ;

- Son pouvoir de rémanence(4).

Les deux grandes familles d'antiseptiques majeurs à large spectre d'activité le plus souvent utilisés pour le traitement des plaies aiguës sont :

- les dérivés iodés (famille : halogénés) ;

- la chlorhexidine (famille : biguanides).

Règles à respecter. Certaines règles doivent être respectées lors de l'utilisation de ces produits.

Indications et dosage. Pour le traitement de la plaie, seuls certains antiseptiques de ces deux familles sont utilisés.

Dérivés iodés.

- Détersion : solution moussante à 4 % ;

- Antisepsie : solution pour application cutanée de povidone iodée à 10 %.

Chlorhexidine.

- Détersion : solution moussante à 4 % ;

- Antisepsie : solution pour application cutanée de chlorhexidine à 0,05 %.

Contre-indications et précautions d'emploi.

Dérivés iodés. Ne pas utiliser en cas d'antécédent d'intolérance à l'iode et sur les nouveau-nés de moins de 1 mois. Par précaution, éviter l'utilisation chez la femme enceinte (2e et 3e mois) ou allaitant.

À ce jour, les avis divergent quant à l'utilisation de ces produits chez les patients avec une allergie connue aux produits de contraste iodés(5). Il est important de retenir que très peu de cas d'allergie ont été recensés après application sur la peau ou une plaie.

Dérivés iodés. Ne pas utiliser sur l'oeil, l'oreille moyenne, le cerveau, les méninges ou lors d'hypersensibilité à l'un des composants.

Autres règles.

- Respect du temps de contact ;

- Observance des conditions de conservation (abri de la lumière, de la chaleur, de l'humidité et de la contamination) et des dates de péremption flacon ouvert ;

- Les mélanges entre deux gammes d'antiseptiques différents sont proscrits.

PLAIES AIGUËS

La règle d'or des antiseptiques, c'est qu'ils s'utilisent sur une peau propre (préalablement nettoyée). Il est donc nécessaire d'effectuer une détersion avant de pratiquer une antisepsie. Celle-ci s'effectue en plusieurs temps : détersion, rinçage, séchage puis antisepsie. Chaque temps de cette préparation a une indication particulière et n'est pas dissociable. Toutes ces étapes se réalisent avec des compresses stériles.

Détersion. Elle s'effectue à l'aide d'un savon qui permet d'éliminer les souillures en les englobant dans la mousse produite par le savon, d'où l'importance de faire mousser celui-ci.

Rinçage. Il élimine la mousse contenant les souillures, il doit être abondant.

Séchage. Il évite la dilution de l'antiseptique qui va être utilisé mais aussi une prolifération microbienne favorisée par un milieu humide.

Antisepsie. Elle est réalisée dans un sens défini, du plus propre vers le plus sale.

BILAN

L'antisepsie sur une plaie aiguë est relativement consensuelle. L'objectif est simple, la plaie doit cicatriser vite. L'approche est donc différente de celle relative au traitement d'une plaie chronique où il sera nécessaire de réfléchir dans le temps, avec des plaies plus souvent exsudatives et des facteurs de retard de cicatrisation associés.

1- Association française de normalisation, mars 1981, NFT 72-101.

2- Centre de coordination de lutte contre les infections nosocomiales.

3- « Le bon usage des antiseptiques », C-Clin Sud-Ouest, juin 2001.

4- Rémanence : persistance d'action d'une substance médicamenteuse ou antiparasitaire externe après son application (http://www. granddictionnaire.com).

5- Cf. http://www.vidal.com et « Produits iodés et allergie », service d'anesthésie-réanimation chirurgicale, CHRU-hôpital central, Nancy, 8 novembre 2005.