Bons pour le service ? - L'Infirmière Magazine n° 217 du 01/06/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 217 du 01/06/2006

 

jeunes diplômées

Dossier

Après plus de 37 mois de formation, il est temps de jeter sa blouse d'étudiante au feu, d'enfiler celle de l'infirmière... et de monter au feu.

Avec pour armes un DE tout neuf et une motivation épaisse comme un blindage de char d'assaut, ils ont été, l'an passé, plus de 19 000 jeunes diplômés(1) à monter en première ligne pour prendre leur poste. Parmi eux, Arlette, Caroline, Delphine, Frédéric, Julien, Marie-Caroline, Nathalie et Kyma. Quelques mois après leur « incorporation », nos recrues livrent leurs témoignages.

Terrain miné

Si, dans l'ensemble, leur intégration sous les drapeaux infirmiers s'est déroulée sans trop de bobos, certaines avouent avoir progressé en terrain miné. En revanche, toutes ont connu les corvées de l'angoisse, du stress et de la remise en question. Bien campées sur leurs positions, voire leur « vocation », aucune n'a toutefois déserté devant la charge de travail ou fui les responsabilités de sa mission. Cependant, ces jeunes professionnelles tirent parfois à boulets rouges sur l'organisation de leur service. Elles canardent aussi certaines de leurs collègues pas toujours très... accueillantes. Revue de détail.

« Perdu ! », résume Frédéric Bousquet, lorsque vient le moment de mettre un mot sur le sentiment éprouvé lors de sa prise de poste à l'hôpital psychiatrique de Limoges (Haute-Vienne). « En plus, cette nuit-là, il y a eu deux admissions. Heureusement que j'ai pu faire appel à un collègue », se souvient-il. Travailler en psychiatrie et en pavillon fermé était un choix affirmé pour cet ex-technicien de laboratoire de 35 ans. « De ce côté-là, j'ai même été servi : patients et patientes psychotiques, dont certaines enceintes ou avec leur bébé, détenus... », énumère Frédéric. Mais, un poste de nuit n'était pas, à l'origine, au programme de ses voeux. « Les horaires m'ont été imposés du fait du manque de personnel et notamment de personnel masculin, dit-il. Et puis, cela devait être provisoire... »

« Est-ce que je vais pouvoir assurer ? », s'interroge Caroline Antoine, 24 ans, lorsqu'elle pousse la porte du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Bichat (Paris). Diplômée il y a un an de l'Ifsi de Nancy, l'ancienne présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) n'a débuté sa carrière qu'en février dernier afin d'assurer la fin de son mandat électif. « J'avais encore les réflexes de l'étudiante. À un de mes premiers patients, j'ai failli dire : "Attendez, je vais demander à l'infirmière !" » Elle se reprend in extremis et pense : « Mais, au fait, l'infirmière c'est moi ! » L'appréhension était forte chez la jeune femme, car son entourage lui avait déconseillé de ne pas prendre de poste après l'obtention de son DE. À l'Ifsi, déjà, elle voulait « prouver » que l'on pouvait mener de front des études et un engagement syndical. Aller au terme de sa présidence s'inscrivait dans une démarche semblable. « Ce parcours ne m'a pas desservie, il a même séduit le cadre qui m'a recruté. Il m'a aussi permis de me confronter à d'autres réalités, de comprendre pourquoi j'avais fait le choix d'être infirmière, et que ce métier ne se résumait pas à accomplir les tâches inscrites dans le décret de compétences », déclare Caroline.

Fosse aux lions

Pour Kyma(2), 41 ans, qui travaille dans un centre hospitalier en banlieue parisienne, le passage de la posture d'étudiante à celui d'infirmière a été « trop radical. Du jour au lendemain, et sans être doublée, j'ai pris en charge un couloir, une quinzaine de lits en chirurgie, poursuit Kyma. Je devais m'occuper de tout, de A à Z : des patients, de leurs bilans, de la paperasse administrative, des rendez-vous, des autorisations d'opérer... Je me suis sentie dans la peau de la sacrifiée qu'on jette dans la fosse aux lions. Mes collègues ont été sympas, mais j'hésitais à les solliciter car eux aussi étaient surchargés. Bref, ça a été difficile, d'autant que je ne voulais pas travailler dans ce type de service », avoue-t-elle.

Pour Arlette Guedj, 40 ans, ce premier jour s'est déroulé d'une manière un peu particulière. Au centre de rééducation de Valmante, sis à Marseille, tout le monde la connaissait, et elle connaissait tout le monde. Entrée dans l'établissement comme femme de ménage vingt-quatre ans auparavant, Arlette y était devenue aide-soignante. Son diplôme d'infirmière en poche, elle a réintégré son service d'origine, où deux de ses collègues avaient suivi un parcours identique. « Prendre totalement en charge un patient reste un moment impressionnant. J'avais peur de mal faire, peur du regard et du jugement des autres professionnels. Mais, en même temps, j'avais confiance en moi », se remémore-t-elle. Les plus grosses difficultés sont principalement venues de ses anciennes collègues aides-soignantes. « Certaines n'ont sans doute pas apprécié, un peu par jalousie, que je veuille sortir du rang. Mais, j'avais toujours voulu être infirmière. La vie en avait juste décidé autrement. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, si je suis sûre d'une chose c'est celle de ne pas m'être trompée », relate-t-elle sobrement.

Intégration...

À l'issue de sa première journée, Delphine Laroche, 25 ans, s'est, elle, demandée si elle allait rester infirmière. « Certes, on a un diplôme, mais on est quand même des débutantes. Face à des gens qui ne tolèrent rien, c'est compliqué de trouver sa place », commente-t-elle. D'emblée, Delphine a bénéficié d'un encadrement. Si elle juge ce dispositif intéressant et rassurant, elle estime cependant qu'il ne peut être efficient que lorsque des collègues expérimentés se comportent, d'abord, comme des collègues et pas comme des maîtres formant leurs élèves. « Avec ce genre d'attitude, on se remet perpétuellement, et inutilement, en question. D'ailleurs, je me sentais testée en permanence. C'est usant, stressant, démoralisant. On se demande si un jour, on sera une bonne professionnelle », explique Delphine. Pour Frédéric, une certitude est désormais acquise : « Le DE nous autorise à travailler ; après, il nous faut apprendre à travailler. »

En matière d'intégration des jeunes diplômées, tout se pratique et son contraire. Les dispositifs varient d'un établissement à l'autre, d'un service à l'autre. Cette période d'adaptation, fondée le plus souvent sur un travail en binôme, avec une infirmière expérimentée, peut osciller de un jour à deux mois. Autant dire que, dans la forme, on passe du tout au rien. Dans ce contexte, le stage professionnel, pour peu qu'il se déroule dans le service que souhaitent intégrer les futures infirmières au terme de leur formation, semble être, dans la configuration actuelle des politiques de stages, l'un des éléments importants d'une intégration réussie.

Julien Picard, 21 ans, infirmier aux urgences du CHU de Soissons (Oise), et par ailleurs secouriste depuis plusieurs années à la protection civile, a emprunté cette voie. « Le stage professionnel aux urgences n'a fait que confirmer mon envie de travailler dans ce type de service, déclare le benjamin de nos témoins. Au départ, la surveillante me trouvait trop jeune pour le poste, ça m'a mis une pression supplémentaire. Mais lorsque j'ai postulé, elle a, avec le chef de service, sou- tenu ma candidature. » Son DE obtenu, Julien a donc fait ses premières armes aux urgences. « Comme je connaissais bien le service, je n'ai été doublé que durant huit jours au lieu de deux mois », souligne-t-il. Malgré cette bonne entrée en matière, Julien n'a pas été exempt de quelques déconvenues...

... Désintégration

Le stage professionnel effectué par Nathalie Jean, 23 ans, au CHU de Limoges, s'est également révélé payant. C'est même à cette occasion qu'elle a découvert l'univers de la réanimation et qu'elle a choisi d'y travailler. « Une fois en poste, j'ai été en sureffectif pendant deux mois. Que l'on soit débutant ou nouveau dans le service, tout le monde passe par là. Et c'est plutôt rassurant car la prise en charge des patients de réa est très spécifique. À l'Ifsi, on suit un module urgence/réa, mais lorsqu'on arrive sur le terrain, il nous faut tout revoir, tout apprendre », constate-t-elle.

Autre observation relevée par Nathalie, les collègues fraîchement incorporés qui n'avaient pas eu l'opportunité ou la possibilité de faire leur stage dans ce type d'unités ont eu beaucoup plus de mal à s'adapter. Frédéric, quant à lui, a participé à une action de formation de six jours afin de maîtriser les procédures légales d'admission et revoir les fondements de la prise en charge psychiatrique infirmière. « En matière d'intégration, c'est limite, note-t-il. Globalement, on a affaire à des patients lourds avec des pathologies associées. Aujourd'hui, j'ai pris un peu plus d'assurance, mais si un patient venait à décompenser, je ne sais pas si je pourrais faire face », admet l'infirmier. Marie-Caroline Mayeux, 25 ans, a rejoint une équipe volante au CHU de Nancy dédiée aux remplacements planifiés, en attendant un poste au service d'hématologie. « J'ai été doublée durant huit jours. Certes, c'est peu, mais c'est mieux que rien ! Avec le recul, je me dis que ça nous oblige à être autonome », avance-t-elle. Pour Kyma, l'intégration s'est faite au pas de gymnastique. Quelques jours après son arrivée, elle s'est retrouvée, avec deux de ses collègues de promotion, à prendre en charge le service de chirurgie viscérale et l'unité de soins intensifs. « Ahurissant ! » s'exclame-t-elle, alors qu'elle hésitait encore à injecter le moindre produit à un patient si elle n'avait pas fait et refait ses calculs. « En passant, la cadre m'a lancé : "Ça va, tu t'en sors ?" »

Les bons, les brutes...

Faire ses classes dans un service n'est donc pas toujours une promenade de santé. Mais, une intégration réussie se mesure également à l'aune de la place que les autres membres de l'équipe réservent à leur nouveau collègue. « Une dimension essentielle et déterminante » pour Caroline qui a naturellement trouvé la sienne grâce à l'accueil qui lui a été réservé. Un parcours du combattant pour Delphine, dont le service était connu pour sa mauvaise mentalité. « C'est une unité de pointe, les infirmières s'y considèrent comme l'élite. On vous fait rapidement comprendre que vous n'êtes pas digne de faire partie du corps. »

Dans le cadre de son mémoire, Delphine avait notamment travaillé sur l'accueil des jeunes diplômés. Résultat : « Lorsqu'il est mis en confiance et accompagné par ses collègues, le jeune infirmier est opérationnel plus rapidement », avait-elle conclu. Parmi ceux que Delphine a interrogés, un sur deux n'avait pas bénéficié de ces conditions... L'ambiance parfois délétère dans son service est aussi à l'origine de la déception de Julien. « Elle varie selon les rotations des équipes. Une seule personne suffit à plomber l'atmosphère. Ce qui est le cas en l'espèce. Des collègues songent à partir. Si je quitte le service, ce sera à cause du climat qui y règne. En attendant, je prends sur moi », se désole-t-il.

Les relations avec ses collègues représentent pour Caroline un enrichissement personnel et professionnel. « Elles ont dix ans de pratique et ont débuté à une époque où les seringues étaient en verre et les compresses stériles n'existaient pas. J'ai l'impression que c'est la préhistoire. En même temps, la personne qui me raconte ça est là, à côté de moi, et nous sommes collègues ! J'apprécie ces moments ; ils nous donnent une histoire, une culture commune, qui ne nous sont pas transmises à l'Ifsi. »

Pas formées aux réalités !

La formation initiale, parlons-en ! Si, globalement, tous la jugent à la hauteur, des nuances se font néanmoins jour. Ainsi, Marie-Caroline estime-t-elle que la connaissance de la gestion administrative des patients est insuffisante. De la même manière, elle s'est dit mal préparée aux relations avec l'équipe médicale ainsi qu'avec les autres membres du personnel, hors les IDE. Enfin, elle regrette que l'entrée dans la vie active n'ait fait l'objet que de deux heures de cours en 3e année. « En fait, résume-t-elle, nous ne sommes pas formées aux réalités du monde du travail. » Pour Caroline, le plus gros décalage entre formation et terrain provient de la charge de travail. « Psychologiquement et physiquement, c'est lourd. Et j'ai la chance d'être dans un service où il ne manque pas trop de personnel. »

« Élargir nos horizons »

La jeune infirmière déplore aussi que les étudiants ne soient pas davantage sollicités pour développer une réflexion personnelle au cours de leur formation. « Ce type de démarche nous conduirait à élargir nos horizons et nos esprits et nous éviterait parfois d'être dans le jugement », estime-t-elle. Dans la même veine, elle considère que le peu de place faite aux différentes cultures, religions et courants de pensée peut nuire à la pratique infirmière et aux relations avec les patients et leurs proches. Un manque qu'elle ressent d'autant plus que la file active de son service est majoritairement constituée de migrants.

Pour sa part, Kyma ne sait pas si la formation initiale est suffisante. « En tout cas, assure-t-elle, elle est indispensable ! » La difficulté réside dans l'application concrète de connaissances théoriques. « On ne fait pas d'emblée le lien entre la première et les secondes. Je crois que cela s'appelle l'expérience... Mais, évidemment, l'Ifsi ne peut pas nous l'apporter », admet-elle.

Stress, angoisse remise en question... à des degrés divers, tous les jeunes professionnels que nous avons rencontrés ont bataillé contre ces affres. Au coeur de leurs tourments : la responsabilité. « À mon sens, c'est cette notion qui marque le plus brutalement notre entrée dans la vie professionnelle », déclare Delphine. « Elle est grande, et la tension qu'elle génère tout autant. Nous n'avons pas encore acquis les automatismes qui pourraient alléger cette charge », renchérit Caroline.

Salaires bridés

« Durant les années de formation, nous évoluons sous contrôle. Nous devons faire valider nos initiatives et nos actes. Dès que l'on est diplômé, plus personne ne nous donne de feu vert. C'est déstabilisant ! Aujourd'hui encore, je rentre chez moi avec plein de questions et mes nuits sont parfois blanches », constate Kyma. Bien qu'elle ait déjà une longue pratique en milieu hospitalier, Arlette n'a pas échappé à la pression liée aux responsabilités professionnelle et morale de la prise en charge de patients. « Les premières semaines ont été dures. Et j'imagine que pour celles qui n'avaient jamais travaillé, cela a été plus difficile ! », souligne-t-elle.

Cet investissement n'est pas toujours compensé par la lecture du bulletin de salaire. Cette réalité est encore plus crue pour ceux qui se sont réorientés. « On est toujours déçu, même si l'on n'est pas surpris, constate Frédéric avec philosophie. Au regard du temps de formation, des compétences que réclame notre pratique et de notre responsabilité, c'est clairement insuffisant. » La fiche de paie de Kyma n'a pas bougé d'un iota. À 40 ans passés, alors qu'elle avait quinze ans d'expérience en tant qu'aide médicopsychologique, elle a débuté en bas de l'échelle des salaires parce qu'elle n'appartenait pas au service public. « Sauf que j'ai un niveau de formation nettement supérieur. Je sais bien qu'on ne choisit pas ce métier pour devenir riche, mais il devrait y avoir des limites. Aujourd'hui, nous sommes en dessous. »

En revanche, Arlette s'en tire plutôt bien, puisque son établissement a entièrement repris ses 24 ans d'ancienneté. « En tant qu'aide-soignante, je percevais 1 300 Euro(s) nets par mois, aujourd'hui, je touche près du double ! C'est une satisfaction en plus ! », se réjouit- elle. Changements d'horaires, travail de nuit, les week-ends... sont autant de paramètres et de contraintes qui conduisent Marie-Caroline à s'estimer sous-payée. « Des amis me disent que 1 500 Euro(s), c'est bien pour débuter. Certes, mais ce salaire n'évoluera que très peu durant notre carrière : 2 000 Euro(s)Euro(s)seraient un minimum ! »

Julien n'est pas non plus très enchanté de ses émoluments. D'autant que son statut de contractuel ne lui octroie pas de prime de compensation du 13e mois. Seules Caroline et Delphine semblent se satisfaire de leur traitement. La première officie, il est vrai, en hôpital de jour et, par conséquent, n'a pas d'astreintes de nuit ou de week-end, et la seconde engrange des primes supplémentaires liées à la nature de son poste. Ça aide à avaler la pilule...

Aujourd'hui... et demain

Un peu plus de six mois après leur entrée dans la carrière, nos petits soldats du soin s'avouent, dans l'ensemble, plus à l'aise dans leur pratique et avec leur environnement. Pour beaucoup, les angoisses des premiers jours sont passées. Même si tous s'accordent à dire qu'ils ont encore moult choses à apprendre des autres professionnels, des patients et d'eux-mêmes.

Delphine a repris confiance en changeant de service. Nathalie parvient à gérer la violence émotionnelle de certaines situations en échangeant avec ces anciennes camarades de promo. Caroline estime que son travail correspond à l'idée qu'elle se faisait du rôle infirmier. Frédéric et Julien analysent de concert que cette première immersion est complètement positive et qu'ils exercent le métier qu'ils ont rêvé de faire. Arlette regrette de n'avoir pas sauté le pas plus tôt. Reçue-collée de la faculté de médecine, Marie-Caroline n'éprouve aucune frustration et pense résolument qu'elle a trouvé sa place. Quant à Kyma, malgré les difficultés, elle ne regrette rien. Des projets, ils en ont tous ! Infirmière anesthésiste, libérale ou en hospitalisation à domicile, cadre de santé, formatrice, sont autant de possibles qu'ils comptent aller explorer. « Le métier offre une vraie diversité, constate Marie-Caroline. Alors, autant en profiter ! »

1- Les chiffres de la promotion nationale 2005 ne sont pas encore disponibles.

2- Kyma a souhaité témoigner sous couvert de l'anonymat.

Température

Diplômées en 2005, elles ont entre 21 et 41 ans, travaillent à Toulouse, Nancy, Paris... de jour ou de nuit, dans le public ou le privé. Après quelques mois d'activité, quelles impressions cette nouvelle génération d'infirmières conserve de son intégration ? Quels étaient leurs désillusions, leurs regrets, leurs satisfactions ? Après plus de trois ans de formation, la prise de poste fait toujours grimper le mercure du thermomètre des émotions !

point de vue

STAGES : PLUS... MAIS MOINS

Geneviève Roberton est présidente du Cefiec (Comité d'entente des formations infirmières et cadres).

> Le Cefiec et ses partenaires travaillent sur la réforme des études de santé. Comment y est envisagée la place des stages, qui représentent 50 % de la formation initiale ?

Dans ce domaine précis, nous n'en sommes qu'au stade de la réflexion. Toutefois, que la réforme s'effectue ou non dans le cadre de l'universitarisation de la formation, la politique des stages doit être totalement revue. Sur la forme, s'il n'est pas envisageable d'en abaisser le volume horaire, les pistes sur lesquelles nous travaillons, en collaboration avec la Fnesi(1), tendent à diminuer leur nombre mais à augmenter leur durée. Sur le fond, elle pourrait s'appuyer sur le compagnonnage des infirmières de terrain et le tutorat des formateurs.

> Quel est l'objectif d'un tel dispositif ?

Il est double. D'une part, que l'encadrement des stages soit véritablement une dimension intégrée dans l'organisation des soins des établissements et, d'autre part, que les étudiants aient, du fait d'une immersion plus longue, une vision plus globale et plus étendue de leur futur métier. Je pense aussi que ce dispositif permettrait une meilleure prise en compte de leur projet professionnel.

1- Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers.

En savoir plus

> En 2004, 19 571 étudiants ont été diplômés sur 21 179 candidats au DE.

> Pour compléter

la lecture du n° 93 de Études et résultats (cf. encadré p. 33), nous vous conseillons également celle du n° 458, également téléchargeable sur Internet : http://www.sante.gouv.fr. Pour la troisième année consécutive et en douze pages, ce numéro s'attache à brosser le portrait des étudiants en soins infirmiers en 2004.

enquête

LES JEUNES DIPLÔMÉS À LA LOUPE

« Globalement, les infirmiers diplômés estiment qu'ils sont embauchés à un niveau qui correspond à leurs compétences. 76,8 % d'entre eux le pensent dès leur premier emploi et cette proportion ne change pratiquement pas lorsqu'on considère leur opinion sur l'emploi qu'ils occupent cinq ans plus tard. » C'est ce que relève, entre autres, une enquête de la Direction de la recherche des études, de l'évaluation, et des statistiques (Drees) dans une étude publiée dans le n° 93 de Études et résultats. On apprend que les salaires nets perçus par les infirmiers lors de leur premier emploi sont dans l'ensemble plus élevés dans le secteur public que dans le secteur privé (la médiane pour le public est de 1 326 Euro(s) nets mensuels à l'embauche contre 1 261 Euro(s) pour le privé). Les infirmiers à plein temps déclarent un salaire net plus élevé dans leur premier poste que les titulaires d'un diplôme comparable. Bref, de quoi battre en brèche quelques idées reçues...

Sur Intrenet : http://www.sante.gouv.fr.

initiative

LIMOGES INNOVE

Depuis la fermeture de son centre de formation en 1985 et la mise en place du diplôme d'État unique en 1992, le centre hospitalier psychiatrique Esquirol de Limoges a mis en place des formations d'adaptation à l'emploi pour ses nouvelles infirmières. Dans le cadre du plan psychiatrique et santé mentale, la Direction des soins infirmiers (DSI) vient de bâtir une action de formation qui servirait de référence à toute la région. Elle s'articule autour du programme de consolidation des savoirs en psychiatrie (six jours) dès l'année de l'embauche et d'une formation à la relation d'aide de 70 heures. « Ce module est assez remuant sur le plan personnel, il est donc nécessaire que la personne ait acquis une maturité personnelle et professionnelle », indique Catherine Liaud de la DSI. En outre, le plan formalise le rôle des tuteurs dans le dispositif. Sur la base du volontariat, des infirmières ayant au moins cinq ans d'expérience en psychiatrie recevront une formation spécifique de 21 heures, dédiée à la fonction tutorale et à celle de l'accueil, le transfert des savoir-faire et l'évaluation des compétences. Ces personnes-ressources, qui devraient encadrer quatre nouveaux collègues au cours de l'année, s'appuieront sur un référentiel d'apprentissage définissant les compétences professionnelles du nouvel arrivant. Si les financements de l'Agence régionale de l'hospitalisation sont au rendez-vous, Esquirol compte former une quinzaine de tuteurs en 2006.

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