L'hôpital fait école - L'Infirmière Magazine n° 217 du 01/06/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 217 du 01/06/2006

 

Éducation

Du côté des associations

L'École à l'hôpital permet aux enfants malades de poursuivre leurs études sans dommage.

L'École à l'hôpital existe depuis 1929, grâce à l'initiative de Marie-Louise Imbert, professeur de philosophie. Son idée était « d'apporter à l'esprit les soins que d'autres donnent au corps ». En 1970, l'Éducation nationale crée de nombreux postes d'enseignants dans les services hospitaliers recevant des enfants. L'association précise alors clairement son objectif : « assurer un enseignement aux jeunes malades de 5 à 25 ans, hospitalisés ou à domicile, qui ne peuvent bénéficier d'une scolarité organisée par l'Éducation nationale ». Elle leur permet de poursuivre leur scolarité dans la continuité du programme suivi en classe, préparer leurs examens, maintenir une activité intellectuelle. Elle leur redonne surtout le goût et l'envie d'apprendre...

élève avant tout

Une équipe de bénévoles ou de salariés assure des cours sur mesure, gratuits et individuels, à chaque malade. « C'est l'école du dehors qui vient à l'hôpital. La vie doit continuer, l'enfant ou le jeune n'est pas seulement un malade, il est avant tout un élève », estime Béatrice Oudot, directrice de l'association depuis huit ans. La prise en charge de l'élève est demandée par une assistante sociale ou par l'équipe médicale hospitalière, consciente de l'importance de la scolarité dans les soins. « Le rôle des infirmières et des aides-soignantes est essentiel. D'abord, ce sont elles qui parlent de notre travail aux jeunes malades, toujours d'accord pour recevoir un peu d'aide. Ensuite, elles repèrent les jeunes de 16 à 25 ans disséminés dans les services autres que pédiatriques. Ils suivent encore souvent des études, mais ne sont plus pris en main par l'Éducation nationale. Enfin, quand un enfant sort de l'hôpital mais qu'il ne retourne pas immédiatement en classe, il faut prévoir sa scolarité à la maison. Ce sont encore les infirmières qui peuvent présenter cette possibilité au patient. Qu'il sache qu'il n'est pas "abandonné" quand il quitte l'hôpital », poursuit Béatrice Oudot.

la vie continue

L'école à la maison, tel est le quotidien de Laëtitia de Guerre depuis huit ans. Deux demi-journées par semaine, elle suit un élève de primaire, jusqu'à ce qu'il retourne en classe. « Notre travail est essentiel. Nous sommes la promesse que la vie continue. Quand on est là, ils ne pensent plus à leur maladie, ils sont à nouveau des élèves normaux. Je travaille en étroite collaboration avec l'école. Certains enseignants sont très solidaires et me prêtent leurs contrôles. Ce sont alors d'excellentes conditions pour travailler. Il y a trois ans, j'ai suivi pendant huit mois une petite fille de CM1 atteinte de leucémie. Elle a réintégré son école seulement pour le troisième trimestre... et elle a terminé l'année en tête de classe ! »

respect du programme

Le travail de l'association varie selon la durée de l'hospitalisation. Pour les séjours de quelques jours, les enseignants aident les jeunes malades à faire leurs devoirs. Pour les maladies chroniques et les pathologies lourdes, L'École à l'hôpital prend contact avec la famille et l'école afin de respecter le programme scolaire.

L'enseignement est dispensé dans une quarantaine d'hôpitaux de la région Île-de-France, comme Necker-Enfants malades, Cochin-Saint-Vincent-de-Paul, Ambroise-Paré, Tenon, Trousseau, et dans huit départements pour l'accompagnement scolaire à domicile. L'année dernière, L'École à l'hôpital comptait environ 7 000 élèves pour 700 enseignants, qui ont dispensé plus de 24 000 cours ! Parmi les enseignants, on trouve des profs de maths et de français, mais aussi de mécaniques des fluides, arabe, chinois, arts plastiques, comptabilité. « Quand on est malade, fatigué, c'est parfois plus sympa de choisir ses matières préférées ! Le reste viendra ensuite. L'objectif est véritablement de ne pas rompre avec sa scolarité », observe Béatrice Oudot.

recrutement strict

L'association manque surtout d'enseignants locaux, pour le soutien à domicile. Le recrutement des enseignants est très strict. Ils doivent assister à une réunion d'information qui débouche sur un entretien individuel. « Il est nécessaire d'évaluer leur émotivité. C'est une chose d'enseigner, mais une autre d'enseigner à des enfants malades, explique la directrice. Notre plus grande satisfaction, c'est quand un enfant malade déclare "Je viens d'avoir un cours avec ma maîtresse" ». Pour les enfants, rien de plus normal que cette école qui vient à eux !

Contacts

> Association « L'École à l'hôpital », 89, rue d'Assas, 75006 Paris.

Tél. : 01 46 33 44 80. Mél : eah.tarnier@free.fr.

> Fédération FEMDH. Tél. : 01 45 40 67 54. Mél : femdh@wanadoo.fr

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