Avis favorables et nuancés - L'Infirmière Magazine n° 218 du 01/07/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 218 du 01/07/2006

 

Ordre infirmier

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Les réactions à chaud d'infirmières à l'annonce du débat sur l'ordre...

« Personnellement, jusqu'ici, je n'y étais pas forcément favorable... Parce que je m'en réfère à l'ordre des médecins. Mais, peut-être que la création d'un ordre infirmier est une bonne chose dans la mesure où il donnera un autre statut à notre profession, et c'est ce qui m'a fait changer d'avis », reconnaît Régine Jean, cadre de santé au CHU de Montpellier.

reconnaissance

« C'est une reconnaissance de la profession. Ce qui est important, c'est ce que nous, infirmières, nous allons en faire, souligne Maryse Mainny, infirmière au CHU de Montpellier. Ce serait génial si cet ordre permettait de remobiliser le corps infirmier, parce que si des professionnelles porte-drapeaux s'y investissent énormément, une large majorité subit un peu tout ça et n'est pas très engagée. Ce que je ne voudrais pas, c'est que ça devienne encore une source de conflits entre les différentes catégories : libérales et salariées ou infirmières qualifiées et infirmières de soins généraux. L'avenir nous le dira, il faut être confiant. »

« C'est un grand jour !, s'exclame Monique Guillouët, directrice de l'unité de santé publique du Cnam des Pays-de-la-Loire. La création d'un ordre infirmier signifie revalorisation et reconnaissance de la profession, qui a donc un rôle propre. Attention : on ne doit pas tout attendre d'une telle instance ! Les infirmières ne vont pas devenir décideurs en matière de problèmes de santé publique, même si, désormais, il existera un interlocuteur professionnel bien identifié par les pouvoirs publics. C'est primordial dans le contexte du vieillissement de la population et des maladies chroniques de plus en plus nombreuses. Les infirmières ont une place de plus en plus attendue dans le système de soins. »

mandats limités

Pour Daniel Guillerm, infirmier libéral dans le Finistère et président de Cap réseau, l'adoption de ce texte est « une avancée historique ». « Une telle instance permettra de dégager des consensus et de dépasser certains dogmes syndicaux qui bloquent notamment la situation concernant la VAE, explique ce militant de la FNI. Il faudra veiller à ce que le fonctionnement de l'ordre soit démocratique, en limitant le nombre de mandats par exemple. »

Lors du colloque au CHRU de Reims, la présidente de l'Apoiif et cadre supérieur à l'hôpital Necker (AP-HP), Régine Clément, a fait part de son émotion mais aussi de sa vigilance pour la suite. « Nous avons besoin de vous », a-t-elle dit aux infirmières présentes dans l'amphi.

Lors des journées nationales de l'AFIDTN, association favorable à l'ordre, à Tours, la création d'un ordre infirmier a fait débat. De nombreuses infirmières reconnaissent qu'elles n'étaient pas au courant de la proposition de loi de Maryvonne Briot et Richard Mallié. « J'ignorais que c'était en discussion », confie timidement Danielle, du CHU du Lamentin (Martinique).

crainte de s'engager

Pour Annie Foussat, surveillante à l'hôpital de Perpignan, les réticences d'une partie des professionnelles s'expliqueraient par leur crainte de s'engager : « Une minorité des infirmières n'a pas très envie que les choses évoluent. C'est aussi valable pour le transfert de compétences. Les responsabilités ne les intéressent pas, elles préfèrent rester de petites mains. » Ce n'est pas la crainte du changement qui rebute Géraldine Villette, en poste à Lyon : « Faut-il vraiment cloisonner encore un peu plus notre corporation ? Je suis pour l'ouverture, le travail en complémentarité et en équipe avec les médecins. »