Briot dans l'arène - L'Infirmière Magazine n° 218 du 01/07/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 218 du 01/07/2006

 

Ordre infirmier

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Profession

Une infirmière a défendu l'ordre infirmier à l'Assemblée.

La première fois que Maryvonne Briot s'est mobilisée à l'Assemblée nationale pour parler de la profession infirmière, sa profession, c'était le 17 septembre 2002. La nouvelle députée UMP de Haute-Saône avait choisi et soutenu un témoin infirmier pour le débat organisé par la commission des affaires culturelles, familiales et sociales : « L'organisation interne de l'hôpital public est-elle au service du malade ? »(1).

changement de ton

À l'époque quand on l'interrogeait sur la création d'un ordre infirmier, Maryvonne Briot n'y croyait pas. Mais, le 13 juin dernier, à la tribune de l'hémicycle, le ton avait complètement changé. La députée n'avait pas perdu son accent arrondi comme un sommet vosgien (sa région natale). Elle est devenue convaincue de l'utilité d'un ordre infirmier.

Rapporteure de la proposition de loi n° 2996, elle a défendu les sept articles de la proposition, coécrite avec Richard Mallié, député UMP des Bouches-du-Rhône. La députée a rappelé ce qui motive la création d'un ordre : « le caractère insatisfaisant du système institutionnel », « les carences de la procédure disciplinaire », « la multiplication de structures aux missions redondantes ».

Un constat partagé par la députée socialiste Catherine Génisson et par la députée communiste Jacqueline Fraysse : « reconnaissance de la profession, volonté d'unité et d'encadrement »... Mais ces dernières contestent la pertinence d'un ordre. Catherine Génisson a rappelé son attachement aux conclusions de la mission menée par Édouard Couty en février-mars : un conseil national infirmier et un haut conseil des professions paramédicales.

amendements repoussés

La députée socialiste du Nord-Pas-de-Calais, seule, a défendu 21 amendements pour modifier l'ordre. Maryvonne Briot les a repoussés point par point. Jean-Luc Préel, le député UDF, auteur de deux propositions de loi (2003 et 2006), a tenu à ajouter son grain de sel. Et le ministre de la Santé est intervenu pour annoncer une réforme, en parallèle, du Conseil supérieur des professions paramédicales : « Mon objectif est la publication d'un texte au plus tard pour l'automne. »

1- « L'hôpital public se débat », L'Infirmière magazine, n° 175, octobre 2002, pp. 8-9.

« L'aventure commence seulement ! »

Le lendemain de sa prestation dans l'hémicycle, Maryvonne Briot était invitée à l'Institut régional de formation du CHRU de Reims par Jocelyne Jacques, directrice de l'IFCS et membre de l'Apoiif. Dans l'amphithéâtre où des infirmières suivaient un colloque sur l'histoire de la profession, la députée a présenté son parcours professionnel. Diplômée en 1980, elle devient cadre infirmier en 1997. Elle exerçait au centre hospitalier intercommunal de Lure (70), quand elle fut détachée de la fonction publique hospitalière en 2002 pour assumer ses nouvelles responsabilités élec- tives. À l'Assemblée nationale, elle fait partie du groupe d'études sur les professions de santé et préside notamment un groupe d'études qui planche sur le bon usage des médicaments psychotropes. Sous les applaudissements quasi unanimes de l'auditoire (seules deux infirmières de la CGT ont réagi), la députée de Haute-Saône a présenté le texte adopté la veille à l'Assemblée.

« Le 13 juin à 13 heures, c'est la première marche qui a été franchie. Je ne ferai pas de triomphalisme aujourd'hui, l'aventure commence seulement ! » Et la députée promet d'être très vigilante pour la rédaction des décrets d'application.

mathias germain