Contre par principe ! - L'Infirmière Magazine n° 218 du 01/07/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 218 du 01/07/2006

 

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Presque tous les syndicats sont hostiles à un ordre infirmier.

Pas de grande surprise, les confédérations syndicales CFTC, CGT, FO, Sud, Unsa s'opposent, à l'exception de la CFE-CGC, à la création d'un ordre infirmier. Petit échantillon d'arguments : « Cette instance n'est pas la priorité des professionnels aujourd'hui, estiment les représentants des confédérations syndicales dans divers tracts. Ce qu'ils réclament, ce sont de meilleures conditions de soins, de meilleures conditions de travail, des salaires qui reconnaissent leur qualification. » Selon ces syndicats, le ministère de la Santé et des Solidarités doit donner les moyens de fonctionner « aux nombreuses instances qui existent pour encadrer la profession ». De même que le ministère « doit accorder aux professionnels des moyens tant en effectif qu'en formation, pour respecter et faire respecter les règles législatives, professionnelles et déontologiques ».

Le Conseil supérieur des professions paramédicales, « représentatif tant de la pluralité syndicale qu'associative de la profession infirmière et des différents types d'exercices, doit voir son rôle renforcé avec un pouvoir décisionnel et non consultatif ».

d'accord avec Bertrand

Avec un peu d'humour, on pourrait croire qu'ils sont en accord avec le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, qui a promis une réforme du CSPPM pour l'automne et qui considère que « l'ordre n'est pas l'alpha et l'oméga de la profession »...

Les confédérations syndicales pensent aussi que « les structures disciplinaires pour les salariés fonctionnent, mais semble-il, pas pour les libérales, alors que les textes de 1980 le prévoient. Il faut donc examiner les formes de mise en place avec les représentants des libérales. Les Ddass et les Drass doivent être en capacité d'accomplir les missions qui leur sont dévolues. »

« Le bras armé du gouvernement »

« L'ordre infirmier va créer plus de problèmes que d'avantages, estime Stéphane Mella, responsable FO au CHU de Montpellier. Ce n'est pas un exemple de démocratie, il faut être très vigilant. Nous percevons la création de l'ordre comme un outil disciplinaire, un certain autoritarisme, sans compter les risques de favoritisme : les personnes proches du conseil échapperont aux sanctions et les vilains petits canards n'y couperont pas ! Sans compter les risques d'abus au niveau de l'argent récolté (ne va-t-il pas servir à faire des gueuletons !). Philosophiquement aussi, nous sommes contre les ordres en raison de ce qui s'est passé sous le gouvernement de Vichy. Nous sommes contre les cotisations obligatoires. La profession infirmière, c'est 70 % de salariées qui sont sous la responsabilité d'un patron et qui vont y perdre. Même si les cotisations sont prises en charge, elles seront pénalisées car ce sera une excuse pour refuser d'autres avantages... Le patron aura un argument de plus par rapport à ses charges trop élevées. Donc, pour ces 70 %, le conseil de l'ordre n'est pas justifié et, pour les 30 % de libérales, ce n'est pas sûr qu'elles y gagnent. À qui profite le crime ? Il s'agira d'une mise au pas de l'État à travers l'ordre et un moyen pour passer des réformes (Sécu, etc.). Ce sera le bras armé du gouvernement ! Les infirmières libérales sont des femmes responsables, il n'y a pas de problème de sécurité publique comme si elles étaient devenues des hooligans dangereux. »

Propos recueillis par Annick Delefosse