Comme à la maison ! - L'Infirmière Magazine n° 219 du 01/09/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 219 du 01/09/2006

 

Appartement hospitalier

Du côté des associations

La même qualité de soin qu'à l'hôpital pour une structure à taille humaine : l'hôpital gériatrique Vaugirard, à Paris, expérimente depuis plusieurs années un « appartement hospitalier », unité de soins de longue durée originale.

C'est une petite rue du XIVe arrondissement de Paris. Une porte anonyme, masquée par des rideaux, et le visiteur découvre une cuisine américaine, dans laquelle s'affairent deux jeunes femmes. Puis un vaste séjour chaleureux décoré de bois, de rouge et de tableaux. Au fond, une fois passée la rampe d'accès, c'est la partie salon, très cosy, où sont installés devant la télévision quelques résidents, en compagnie d'une aide-soignante. Enfin, une large baie vitrée ouvre sur une courette égayée de plantes. Partout flotte le parfum d'un gâteau aux pommes en cours de cuisson.

pas de blouse

Créé en 1999, l'appartement hospitalier de l'hôpital Vaugirard-Gabriel-Pallez, partie intégrante du service de long séjour du Dr Jean Laudet, accueille aujourd'hui huit résidents âgés de 85 à 95 ans. Un cadre infirmier et sept aides-soignantes se relaient auprès d'eux, un médecin passe chaque jour. La nuit, seule une aide-soignante est présente. Mais elle est en lien permanent avec l'hôpital, situé à 200 mètres de là. À l'étage, le poste de soins est semblable en tout point à celui d'un service hospitalier et possède le même équipement. Mais ici, pas de blouse blanche. Même le médecin fait sa visite quotidienne en tenue de ville. Et l'infirmière n'enfile un tablier que pour les soins. « Mon travail n'est pas exactement le même qu'à l'hôpital, observe Dominique Jovet, cadre infirmier responsable de l'appartement hospitalier, dans la mesure où, aux tâches classiques de soins, s'ajoute l'entretien du linge et de l'appartement. » En effet, le personnel dispose d'une lingerie et fait également une partie du ménage.

aux fourneaux !

« Une femme de ménage passe une seule fois par jour pour faire les sols, alors tout le monde met la main à la pâte. On a de quoi s'occuper ! » Comme à la maison ! Et comme à la maison, on fait la cuisine. Trois fois par semaine, l'équipe passe une commande alimentaire à l'hôpital, qui livre ces denrées à l'appartement. « Mais nous disposons également d'un petit budget supplémentaire, explique Dominique Jovet. Nous allons ainsi chez un petit maraîcher, nous approvisionner en fruits et légumes. Et tous les deux ou trois mois, nous faisons nos emplettes en surgelés. » De quoi améliorer l'ordinaire pour les patients. Hébergés dans sept chambres, situées à l'étage, c'est avec leur accord et celui de leur famille qu'ils vivent dans ce logement de 240 m2 plutôt qu'à l'hôpital.

liens privilégiés

La structure elle-même et le petit nombre de patients permettent de créer des liens privilégiés, mais aussi de vivre au rythme de chacun. « On connaît leurs habitudes, on s'adapte, note Dominique Jovet. Quand, à l'hôpital, on a 40 toilettes à faire, ici on en a peu, alors on fait suivant les horaires de chacun. On vit avec eux, on mange avec eux, c'est assez familial. Pour eux, c'est une qualité de vie bien meilleure. Et pour nous, c'est très enrichissant, parce les relations sont beaucoup plus intéressantes. »

Inspiré de l'expérience des pays nordiques et de leurs unités de vie à fonctionnement familial, l'appartement offre confort et qualité de vie à ses résidents. Davantage stimulés, ils gardent plus longtemps leurs repères. Une étude comparative menée parallèlement sur des patients de l'appartement et de l'hôpital a montré un maintien plus grand, pendant un ou deux ans, de leur autonomie et une évolution moindre des troubles cognitifs chez ces résidents.

des patients plus actifs

« Sa taille, les rapports beaucoup plus conviviaux, simples et fréquents entretenus avec l'équipe font que les patients sont plus actifs, fait remarquer Dominique Bachelin, directrice de l'hôpital. Plus tard, quand la situation se dégrade, on ne fait que rattraper, mais un ou deux ans, dans la vie d'une personne âgée, c'est majeur. » Convaincue du bien-fondé de l'expérience, la direction a décidé de la développer. Dans le cadre du projet d'hôpital 2005-2009, deux appartements hospitaliers de onze places chacun, situés sur le site de l'ancien hôpital Boucicaut, viendront remplacer celui de la rue Dombasle.

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