La sophrologie ou l'harmonie de l'esprit

tous les chemins de l'angoisse ne mènent pas à la psychanalyse. Après avoir étudié la médecine et la psychiatrie à Madrid, Alfonso Caycedo - né en 1932 à Bogotá - s'est mis en quête de méthodes thérapeutiques alternatives. Ainsi est née la sophrologie, une technique comportementale cognitive au même titre que la bioénergie, l'analyse transactionnelle et l'hypnose ericksonnienne.

acceptation progressive

Refusant la psychanalyse, référent majeur de l'époque, Alfonso Caycedo s'intéresse à la philosophie orientale, s'essaie à l'hypnose et pratique la méditation dans un monastère zen au Japon. C'est ainsi qu'il propose un nouvel outil thérapeutique, la sophrologie ou « l'étude de l'harmonie de l'esprit ». Pour y parvenir, Caycedo fixait au départ trois niveaux : sensorialité, contemplation, méditation. À présent, il en existe douze... Les principaux outils utilisés sont la relaxation statique ou dynamique, la pensée positive et la visualisation. La sophrologie ressemble beaucoup à l'hypnose ericksonnienne. Des thérapeutes formés à ces deux disciplines les associent parfois. Mais cette thérapeutique possède ses outils spécifiques : la « sophro-substitution sensorielle » (remplacer une sensation désagréable par une autre, agréable), ou encore la « sophro-acceptation progressive » (se préparer progressivement à un événement). « Cette dernière peut être utilisée pour un accouchement, un entretien d'embauche ou une intervention médicale, détaille Sylvie Bellaud-Caro, psychothérapeute et sophrologue. J'ai suivi un judoka venu me voir parce qu'il se blessait à chaque combat. On a travaillé sur l'image d'un corps allié et non plus d'un corps outil. Il a visualisé la préparation au combat, et le combat lui-même. »

Si l'exercice en France de la sophrologie est libre, la branche clinique est réservée aux professionnels de la santé. Des diplômés - psychologues, médecins, kinésithérapeutes, sages-femmes, infirmières - peuvent ainsi proposer des séances de sophrologie en complément d'autres accompagnements thérapeutiques.

dialogue avec l'enfant

Utilisée auprès d'enfants ou d'adolescents, la sophrologie peut aider à franchir certains passages : changement d'établissement, déménagement, séparation des parents, anxiété au moment des contrôles... Elle peut aussi être utilisée dans des troubles comme l'onychopagie, l'énurésie, la crainte de l'obscurité et de la solitude, le somnambulisme, le bégaiement, une phobie ou des troubles du comportement. Les séances sont individuelles et commencent par un temps de dialogue avec l'enfant. Puis on lui propose des exercices de relaxation : par une « contraction/détente », il prend conscience de son corps, des états de tensions ou de relaxation et compare les deux. Ensuite, le thérapeute lui « suggère des images » : il raconte par exemple une histoire en utilisant les contes de fées ou la mythologie : « tu te promènes sur un chemin, dans les bois, tu découvres une maison dans une clairière. C'est la maison des nains, comme dans Blanche Neige... tu y entres, tout y est petit : les chaises, la table, les lits... » Le choix de la petite maison et de l'enfant devenu géant sera adapté pour un enfant peu sûr de lui. « On peut lui prêter des pouvoir magiques, l'épée d'Arthur, la force d'un dragon, explique Théodore-Yves Nassé, psychologue clinicien. Cela l'aide à se considérer fort et puissant et à oser. Par contre, ce n'est pas indiqué dans le cas d'un enfant phobique, que l'on perturberait davantage. » Beaucoup consulté au sujet du sommeil, le thérapeute joue avec l'enfant sur l'image de l'épiphyse (glande du sommeil), en allumant puis éteignant des bougies. « Puisque les troubles du sommeil sont une affaire de lâcher-prise, poursuit Théodore-Yves Nassé, je suggère l'image du voilier sur l'eau, larguant les amarres, voguant vers le large. Ou celle des ballons qui s'envolent, et enferment les monstres qui effrayent l'enfant. »