Rengaine mortelle - L'Infirmière Magazine n° 220 du 01/10/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 220 du 01/10/2006

 

Libye

Actualités

International

Le procès des infirmières bulgares accusées d'avoir inoculé le virus du sida a repris.

La Cour criminelle de Benghazi semble apprécier l'horreur à répétition. Le 29 août dernier en Libye, le procureur de cette cour a requis à nouveau la peine de mort à l'encontre des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien ! Depuis 1999, ces soignants sont emprisonnés, accusés d'avoir inoculé le virus du sida à des enfants, à l'hôpital de Benghazi. Pourtant, une expertise réalisée par le Pr Luc Montagnier en 2001, à la demande des autorités libyennes, a démontré leur innocence et pointé les défaillances du système sanitaire.

défense muselée

« Il n'y a eu aucune contamination volontaire. Les traces de l'épidémie apparaissent déjà en 1997, avant l'arrivée des infirmières bulgares », a affirmé le Pr Montagnier le 21 novembre 2005. Pourtant, son expertise, ainsi que celle d'autres experts suisse et italien, n'ont jamais été prises en compte par les juges. Ils se sont appuyés sur les aveux extorqués par la torture et sur des témoignages imprécis.

Condamnés à mort le 6 mai 2004, les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien avaient eu un regain d'espoir lorsque que la Cour suprême de Libye avait annulé le jugement le 25 décembre dernier. Suite à cette décision, un nouveau procès a démarré le 11 mai dernier. « Nous tenons à dénoncer la manière dont se déroule la procédure, soulignent les avocats Emmanuel Altit et Antoine Alexiev de l'association Avocats sans frontières, chargés de la défense des infirmières et du médecin palestinien. Les audiences durent entre 10 et 30 minutes. On se retrouve face à des gens qui ne sont pas prévus. Et puis pour l'instant, nous n'avons pas pu faire entendre les témoins de la défense ! ».

La dernière audience a eu lieu le 21 septembre dernier. « Il m'a été indiqué que l'audience avait duré deux heures et que les avocats des parties civiles et de l'État s'étaient succédé. J'ai appris avec quelque surprise que l'État aurait reconnu une part de responsabilité dans le drame ; je n'ai malheureusement pas d'autres informations sur le sujet », a précisé Antoine Alexiev le jour même. La prochaine audience est fixée au 31 octobre prochain.

le cii s'implique

De son côté, le Conseil international des infirmières (CII) a dégainé un communiqué de presse le 12 septembre dernier. « Nous appelons toutes les parties intéressées à trouver rapidement une solution qui permette tout à la fois de rendre justice à nos collègues emprisonnés, de répondre à la douleur des familles et de mobiliser les ressources nécessaires au traitement des enfants survivants », a déclaré le Dr Hiroko Minami, présidente du CII.