Révélation - L'Infirmière Magazine n° 220 du 01/10/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 220 du 01/10/2006

 

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Juridique

IDE depuis six mois, je travaille en intérim, sur des missions de nuit. Un patient m'a récemment questionné sur sa pathologie : un cancer du pancréas. Trois jours après, je recevais un avertissement de la direction pour non-respect de mes obligations professionnelles en matière de révélation d'un diagnostic grave. Puis-je contester cette sanction, sachant que je pensais le patient informé de sa pathologie ?

Si l'information sur le diagnostic, le traitement et le pronostic relèvent de la compétence exclusive du médecin, l'infirmière est plus que souvent sollicitée par le patient souhaitant des explications supplémentaires. Selon l'article R. 4312-32 du Code de la santé publique, « l'infirmier ou l'infirmière informe le patient ou son représentant légal, à leur demande, et de façon adaptée, intelligible et loyale, des moyens ou des techniques mis en oeuvre. Il en est de même des soins à propos desquels il donne tous les conseils utiles à leur bon déroulement. »

L'obligation d'informer le patient ou son représentant légal par l'infirmière porte ainsi sur les moyens ou les techniques mis en oeuvre pour donner les soins infirmiers ainsi que sur les soins infirmiers eux-mêmes, dans des termes simples et appropriés au niveau socioculturel du malade, en tenant compte aussi de l'état émotif du malade et de ses capacités de réception et de compréhension.

En aucun cas, l'infirmière ne peut procéder à l'information d'un patient sur le diagnostic. Pourtant, il n'est pas toujours facile de savoir ce que le patient sait ou ne sait pas et c'est parfois délibérément qu'il adopte l'attitude de quelqu'un qui sait ou, au contraire, lorsque l'information sur le diagnostic lui a déjà été fourni, il feint de ne pas l'avoir compris auprès de l'infirmière avec laquelle il se sent plus en confiance. L'obligation d'éclairer le malade sur son état peut parfois sembler rude et délicate et le problème de la révélation du diagnostic ou du pronostic grave dépasse largement les frontières du droit. Si le malade a le droit d'être informé tant pour des raisons juridiques qu'éthiques, seul le médecin est autorisé à révéler le diagnostic et le pronostic.

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