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Les solutions hydroalcooliques permettent une meilleure observance des protocoles d'hygiène. Mais elles occasionnent souvent des irritations et allergies. Conseils d'usage et sélection des composants.
De nombreuses infirmières utilisent des solutions hydroalcooliques (Sha) dans le lavage des mains. Cet usage favorise ce lavage et la diminution des infections nosocomiales, phénomène accrédité par de nombreuses études. Irritations et allergies peuvent toutefois affecter les soignants et favoriser l'inobservance. Selon une étude menée dans une unité de soins intensifs de l'hôpital Saint-Antoine à Paris, des « effets secondaires légers » surviennent chez 10 % des utilisateurs de ces solutions(1).
C'est tout le mérite de Nizar Ladhari et Luc Fontana(2) d'avoir analysé les risques toxicologiques des composants de dix antiseptiques hydroalcooliques jugés efficaces sur le plan microbien. Leur travail a permis d'en écarter huit et d'en retenir deux (cf. encadré à gauche), avant leur éventuelle introduction au CHU de Clermont-Ferrand. D'autres études sur ces risques sont nécessaires.
On notera enfin que le faible taux d'irritation constaté dans certaines études a pu être favorisé par la judicieuse adjonction d'émollients, aux effets apaisants pour la peau, dans ces solutions.
1- Maury E. 2000. Availability of an alcohol solution can improve hand disinfection compliance in an intensive care unit. Am. J. Respir. Crit. Care Med. 162 (1) 324-327.
2- Ce travail a fait l'objet du mémoire de Nizar Ladhari pour le DU d'hygiène hospitalière et prévention des infections nosocomiales de la faculté de médecine de l'université d'Auvergne : « Antiseptiques hydroalcooliques et risque toxique pour le personnel hospitalier : analyse bibliographique et participation au choix des produits ». Il a donné lieu à une communication lors de la 5e Conférence mondiale de la CIST (Commission internationale sur la santé au travail) sur la santé au travail des professionnels de santé, à Tunis, du 24 au 27 septembre 2002.
LES SHA À L'ÉTUDE
> Les risques d'un usage pluriquotidien de dix antiseptiques hydroalcooliques ont été étudiés par Nizar Ladhari au CHU de Clermont-Ferrand. En raison de leurs composants, huit ont été écartés.
> Outre l'action desséchante de l'alcool, la présence de chlorhéxidine à une concentration de 40 %, d'acide acrylique, de triéthanolamine ou de triclosan, peut causer une allergie cutanée, voire respiratoire.
> Des manifestations neurologiques, allant des maux de tête au syndrome narcotique, sont possibles avec le 2 phénoxyéthanol, le propylène glycol ou l'éthylène glycol.
> Des effets génotoxiques et sur la reproduction ont été observés chez l'animal, avec le polyoxyéthylène de nonylphénol et l'orthophénylphénol.
> La métabolisation de certains produits (triclosan, orthophénylphénol) peut ralentir la biodégradation de certains
médicaments et potentialiser leurs effets (antidépresseurs, anxiolytiques, antidiabétiques oraux...).
> Parce qu'ils ne sont pas nocifs en cas d'usage fréquent, l'étude du CHU de Clermont-Ferrand a retenu deux solutions hydro- alcooliques. L'une contenait du mécétronium étilsulfate, l'autre de l'alcool isopropylique, dont le pouvoir toxique a été jugé très faible.
nos conseils
- Les Sha ne servent pas à nettoyer des mains sales. Ces antiseptiques permettent un lavage simple et hygiénique de mains dont la peau est exempte de toute souillure visible.
- La friction des mains avec des Sha est déconseillée chez les personnes à l'état cutané précaire (irritation, eczéma, psoriasis, plaie...) ou polysensibilisées.
- Un dosage sanguin et urinaire de l'alcool, des composants et métabolites, est indiqué chez les personnes à risque.
- La réalisation d'un dosage atmosphérique des vapeurs d'alcools est souhaitable dans tous les lieux où les Sha sont utilisés.