Les valves cardiaques - L'Infirmière Magazine n° 221 du 01/11/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 221 du 01/11/2006

 

cardiologie

Conduites à tenir

Au nombre de quatre, constituées de tissus élastiques, non contractiles, elles jouent deux par deux le rôle de portes d'entrée et de sortie des cavités cardiaques.

RAPPEL ANATOMIQUE

À gauche. Sur le côté gauche (la partie du coeur qui renvoie le sang oxygéné vers le corps) se trouve la valve aortique, située entre le ventricule gauche et l'aorte ascendante. La valve mitrale est située entre l'oreillette et le ventricule gauche. Elle est constituée de deux feuillets, la grande valve et la petite valve mitrale, toutes deux reliées par des fibres élastiques (cordages) aux piliers (un par valve) qui sont au contact direct du myocarde.

La valve aortique comporte trois valvules (on dit qu'elle est « tricuspide ») qui ne sont pas reliées à des cordages.

À droite. Du côté droit (celui qui reçoit le sang veineux et l'envoie vers les poumons), nous trouvons d'abord la valve tricuspide, qui ouvre la voie entre l'oreillette droite et son ventricule. La valve pulmonaire, quant à elle, est située entre le ventricule droit et l'artère pulmonaire. Elle ouvre la voie vers les poumons.

PATHOLOGIES VALVULAIRES

Un grand nombre de pathologies valvulaires peuvent démarrer sur un incident apparemment anodin. Le rhumatisme articulaire aigu (RAA) est parfois l'aboutissement d'une simple angine bactérienne. De moins en moins fréquent dans les pays développés, il n'en reste pas moins à l'origine de complications cardiaques graves. C'est une des raisons pour lesquelles il est tellement important de différencier l'angine bactérienne de l'angine virale. En cas d'angine bactérienne (ou de toute autre pathologie ORL du même type), l'antibiothérapie est indispensable. Le responsable de cette complication cardiaque est le streptocoque bêtahémolytique du groupe A, contre lequel le corps déclenche une réaction auto-immune. Laquelle réaction atteint particulièrement les valves cardiaques. À terme, le RAA aboutit, entre autres, à l'épaississement des feuillets valvulaires, à une rétraction de leurs bords libres et à une rétraction des cordages de la valve mitrale. Bien d'autres causes peuvent entraîner des atteintes valvulaires cardiaques. Il est très important pour le patient qui est porteur d'une maladie d'une ou plusieurs valves du coeur de réaliser une prévention de l'endocardite infectieuse à l'aide d'un traitement antibiotique prescrit lors de certains gestes médicaux (dentaires, chirurgicaux). Pour cela, tout patient présentant une valvulopathie doit être porteur d'une « carte de prévention de l'endocardite infectieuse ».

À gauche

Rétrécissement mitral. Presque toujours la conséquence du RAA, il concerne majoritairement les femmes adultes jeunes. Les lésions valvulaires démarrent sur la petite valve qui s'épaissit et s'immobilise. L'épaississement et la rétraction des cordages accentueront la restriction des mouvements des feuillets valvulaires. Cliniquement, on constate généralement une dyspnée à l'effort au début de la maladie, puis la survenue d'un oedème aigu du poumon (toux, hémoptysie).

Insuffisance mitrale. Elle peut être d'origine dystrophique ou dégénérative. Elle peut également résulter du RAA, d'une endocardite bactérienne ou d'un infarctus. Les autres causes sont plus rares (organiques ou fonctionnelles). L'insuffisance mitrale chronique passe souvent inaperçue et la survenue d'une dyspnée est un signe important. Les insuffisances mitrales aiguës sont souvent mal tolérées, se traduisant par un oedème aigu du poumon massif. La forme la plus grave est l'infarctus du myocarde avec rupture du pilier.

Rétrécissement aortique. Il est généralement d'origine dégénérative. On trouve également des causes rhumatismales (encore une conséquence du RAA) et rarement congénitales.

Les trois signes principaux en sont la dyspnée, l'angor et la syncope, tous trois survenant à l'effort.

Insuffisance aortique. Elle peut être causée par le RAA, une dystrophie du tissu élastique, une endocardite bactérienne, la bicuspidie, des maladies inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde, lupus, syphilis, etc.), la dissection aortique, l'insuffisance aortique associée à une cardiopathie congénitale, un traumatisme thoracique, l'hypertension artérielle. Elle est souvent découverte par hasard.

À droite

Rétrécissement tricuspide. Il est d'origine rhumatismale (RAA) dans presque tous les cas et associé à un rétrécissement mitral. Il se manifeste, entre autres, par une dyspnée (rarement paroxystique), une asthénie, la survenue d'oedèmes des membres inférieurs et éventuellement une ascite.

Insuffisance tricuspide. Elle peut être fonctionnelle (causée par une dilatation ventriculaire droite), rhumatismale (alors associée à une valvulopathie du coeur gauche), due à une endocardite tricuspide, d'origine dystrophique ou organique (rarement). Les signes à observer sont la dyspnée, les hépatalgies, les oedèmes des membres inférieurs et l'ascite. L'insuffisance tricuspide est le plus souvent associée à une cardiopathie gauche.

Polyvalvulopathie. Il s'agit d'une atteinte de plusieurs valves cardiaques. Le plus souvent, les origines sont le RAA, les endocardites, les valvulopathies dystrophiques ou dégénératives. Le tableau clinique et paraclinique et le pronostic sont surtout conditionnés par la sévérité respective des différentes atteintes valvulaires.