La Victoire en soignant

Les Victoires de la médecine ont attribué deux prix pour la qualité du travail infirmier. Ainsi parmi les médecins lauréats, trois infirmières ont été à l'honneur le 23 novembre au théâtre des Variétés à Paris.

Patricia Vasseur, infirmière puéricultrice, ainsi que Michèle Myara, infirmière à l'unité médico judiciaire spécialisée dans la prise en charge des mineurs victimes d'agression de l'hôpital Trousseau (AP-HP, Paris) ont reçu une Victoire dans la catégorie « information, formation et éducation ». Florence Thomas, cadre de santé du département médico-chirurgical de cardiologie du CHU de Poitiers, a reçu une Victoire dans la catégorie « amélioration des soins ».

innovations

L'objectif des Victoires de la médecine, organisées par la société MVS Productions en partenariat avec les CHU, est de mettre en valeur les innovations de la médecine, de promouvoir les initiatives des équipes soignantes entre les professionnels mais aussi auprès du grand public. Le jury, composé des sociétés savantes médicales (Alfediam, Inca, JLNF, CNCF, SPLF) et de deux directrices des soins, Danielle Cadet(1) de l'hôpital Simone-Veil à Eaubonne-Montmorency et Monique Montagnon du CHU de Clermont-Ferrand, a souhaité mettre en avant dans sa sélection le bénéfice pour le patient.

Le travail réalisé au département médico-chirugical de cardiologie du CHU de Poitiers vise à améliorer la gestion des troubles neuro-comportementaux (TNC) présentés en post-opératoire par les patients. « Tout est parti des équipes infirmières, qui nous remontaient l'état confusionnel aigu de certains patients opérés du coeur », raconte Florence Thomas. Fin septembre 2004, un groupe de travail pluridisciplinaire a fait une étude prospective sur une cohorte de 101 opérés pendant neuf mois au bloc opératoire, en réanimation et en service de soins ordinaires de chirurgie cardiaque. Les résultats ont permis une identification pré-opératoire des patients à risque de TNC. Les équipes ont acquis une meilleure connaissance des TNC, et appris à avoir la bonne distance par rapport à ces troubles. Au quotidien, les infirmières ont pu améliorer leur prise en charge en aménageant l'environnement du patient (présence de pendules dans les chambres pour favoriser l'orientation temporelle, par exemple), en le sécurisant et informant le patient par le biais de la consultation. Ce travail a été présenté au congrès de l'association française des infirmières de chirurgie cardio-thoracique le 16 juin dernier.

agressions sexuelles

À l'unité médico judiciaire pour mineurs victimes de l'hôpital Trousseau, Patricia Vasseur et Michèle Myara ont développé une prise en charge spécifique des victimes d'agression sexuelle. « Notre unité, créée en septembre 2003, reçoit sur réquisition judiciaire et sur rendez-vous », relève Patricia Vasseur. En général, les deux infirmières accueillent l'enfant et ses parents au sein de l'unité. Au cours d'un long entretien, elles présentent le déroulement des examens et répondent à toutes les questions. « Notre objectif est de calmer les angoisses, de rassurer, et d'informer pour obtenir le consentement. » L'accueil est spécifique en fonction de l'âge du mineur. Pour les jeunes enfants, le médecin reçoit seul les parents. « Nous ne reparlons pas des faits à l'enfant, nous veillons à son bien-être, puis nous rejoignons le médecin et les parents pour l'examen. » Pour un adolescent, c'est l'inverse, le médecin le reçoit et l'examine sans les parents. L'infirmière est présente pendant l'examen. Près de 1 000 mineurs par an passent dans cette UMJ spécifique.