Mille et une violences - L'Infirmière Magazine n° 222 du 01/12/2006 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 222 du 01/12/2006

 

Santé mentale

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Partenaires de soins

La violence, réelle ou symbolique, est ressentie par beaucoup de patients des institutions psychiatriques.

Le traitement médiatique de la violence en psychiatrie rend-il compte de la complexité de la question ? Le 9 octobre, Claude Finkelstein, présidente de la Fnap-psy(1), a organisé au ministère de la Santé un colloque sur « la violence : soin, sécurité et liberté individuelle ».

multitude

Violences physiques, psychiques, sociales, violences contre soi-même ou contre autrui... Il y a une multitude de violences, dont l'expression change dans le temps. On parle peu celle que peuvent représenter l'institution et la maladie. Elle est pourtant vécue au quotidien par les patients. « La première violence est pour moi la non-prise en compte de la maladie », lance Claude Finkelstein. Chantal Roussy, vice-présidente de l'Unafam,(2) ajoute que le désaveu du traumatisme est la plus grande violence vécue par le malade. « La souffrance physique est en général liée à une grande souffrance psychique, qui n'est pas reconnue . »

La question de la violence en psychiatrie peut être envisagée sous l'angle du suicide. Différentes études(3) ont permis d'identifier les facteurs de risque : la dépression grave, la schizophrénie, les troubles anxieux, les événements traumatiques, les facteurs sociaux et environnementaux. Les troubles psychiatriques étant en première ligne, le suicide ne peut-il pas être considéré comme l'une des premières violences du patient, contre lui-même ? « Ces personnes ne veulent pas mourir, elles veulent arrêter de souffrir », estime le Pr Jean-Louis Terra (CH le Vinatier). Cette violence exprime la souffrance des personnes fragilisées par les troubles psychiatriques. « La violence est très souvent induite par des non-réponses. Écouter et reformuler sont les deux outils indispensables face à un malade en souffrance », analyse Claude Finkelstein.

leviers

Les meilleurs leviers de prévention de la violence sont la qualité du lien avec le patient. « Si le lien s'étiole, alors le risque de violence s'accroît », explique le Dr Yvan Halimi. La violence est souvent liée à une communication défaillante. L'environnement du malade doit toujours être considéré dans l'analyse des facteurs de risque. Les soins sans consentement ne sont-ils pas une forme de violence celle qui se retrouve privée de liberté ? L'exclusion sociale n'est- elle pas vécue comme une violence ?

(1) Fédération nationale des asscociations d'(ex)-patients en psychiatrie.

(2) Union nationale des amis et familles de malades mentaux.

(3) Enquête de la Dress n°488, mai 2006.