L'art, remède à la fièvre jeunes - L'Infirmière Magazine n° 223 du 01/01/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 223 du 01/01/2007

 

Culture

Du côté des associations

Dans l'Hérault, Via Voltaire dresse l'imaginaire en rempart contre l'exclusion sociale, notamment auprès des 16-25 ans.

« Les jeunes vont de plus en plus mal. » Pour Patricia Carette, directrice de l'association Via Voltaire, le constat est sans appel. « Ils font partie de toute une frange de la population qui se précarise de façon très inquiétante... Dans un pays aussi "éclairé" et riche que la France, on peut se poser des questions sur cette dégringolade ! » Infirmière de formation, elle a travaillé de nombreuses années à l'hôpital avant de s'orienter dans le secteur de la culture. Toujours intéressée par la question du soin, de l'humain et de sa prise en charge dans notre société, elle s'est lancée en 1995 dans le projet Via Voltaire.

à l'origine, le sida

À cette époque, le sida fait déjà des ravages. « Il n'y avait pas ou peu de lieux pour soutenir les malades sur le plan psychologique, ni d'espaces de convivialité en dehors des périodes d'hospitalisation, explique Patricia Carrette. Face à cette nouvelle pathologie et à ce qu'elle avait créé de déstabilisant dans les équipes médicales, il y avait sans aucun doute besoin d'organiser d'autres réponses. »

Installée en plein coeur de Montpellier, l'association reçoit en moyenne 1 200 personnes dont 120 jeunes par an. Elle se positionne dans la lutte contre les exclusions et « s'inscrit dans cette articulation de la fracture sociale avec tous les phénomènes et les épiphénomènes de mal-être, de désaffiliation, de problèmes de santé, de démission éducative et parentale. »

Le travail de prévention et d'accompagnement en direction des 16-25 ans a été initié en 2004 dans un programme Dass de l'Hérault et la Fondation de France, intitulé « santé des jeunes ». Le dispositif, consolidé d'année en année, leur permet de bénéficier d'une aide adaptée.

« rassurer »

Les actions tournent autour de deux missions principales : Le soutien psychique, par le biais d'entretiens assurés par des psychologues cliniciens, et des ateliers d'expression artistique d'insertion sociale. Organisés de façon souple et confidentielle, les suivis à Via Voltaire permettent généralement la résolution d'une difficulté passagère. « Parfois, trois consultations peuvent suffire à rassurer un jeune, à lui apporter la bonne réponse, par exemple, lors d'une réaction de peur après une relation non protégée. La moyenne d'un accompagnement est de cinq mois. Pour certains, qui sont en grande difficulté sociale, la prise en charge peut demander un à deux ans », souligne Patricia Carrette.

Les ateliers de théâtre, danse contemporaine, chant, peinture-modelage et écriture sont assurés par des artistes professionnels. Les groupes sont constitués de vingt personnes, à raison de trois heures hebdomadaires. « C'est le psychologue de l'association qui pose l'indication et l'orientation vers un atelier en fonction de la problématique et de la demande. »

L'initiation à une activité artistique opère des prises de conscience fortes, vitales et stimulantes dans le parcours du jeune, principalement lorsqu'il souffre d'une dépréciation de son image. « Nous pensons que cette démarche fait sens parce qu'elle s'adresse à l'imaginaire, que c'est un travail collectif qui demande de l'effort, de la rigueur, mais qui en même temps reste dans le champ du ludique et de l'expression. Il y a une relation transférentielle à l'artiste qui est souvent importante et ce sont des temps privilégiés pour parler du soin, de l'alimentation, des risques de la marginalisation, de la sexualité, des rapports garçons-filles, du suicide, des troubles alimentaires... »

service public

Au-delà de la dimension de prise en charge et afin que le soutien s'inscrive dans la durée, Via Voltaire oeuvre, en amont comme en aval, en collaboration avec les professionnels des secteurs sanitaire, social, éducatif, de la justice, la famille du jeune, ainsi que les partenaires de l'insertion sociale et professionnelle. « Tout est gratuit puisque nous avons une mission de service public. Nous travaillons dans un cadre très précis et nos interlocuteurs, qu'il s'agisse de l'État ou des collectivités, nous demandent bien évidemment d'évaluer notre travail. »

L'analyse des quatre années d'action fait apparaître que les accompagnements individuels et les ateliers ont permis aux jeunes de trouver un espace d'expression favorisant leur réinsertion dans la cellule familiale, dans un réseau de soins ou dans un cycle d'études, de formation ou de recherche d'emploi.

Via Voltaire, 1 rue Voltaire, 34000 Montpellier. Ouvert du lundi au samedi de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h.

Tél. : 04 67 60 84 80.

Fax. : 04 67 60 86 13.

Mél : via.voltaire@wanadoo.fr.

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