Les allergies alimentaires chez l'enfant - L'Infirmière Magazine n° 223 du 01/01/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 223 du 01/01/2007

 

nutrition

Conduites à tenir

Une allergie a des conséquences sur la prise en charge familiale et collective de l'enfant : régime particulier, intégration scolaire, surcoût financier.

DÉFINITION

L'allergie alimentaire est une réponse excessive du système immunitaire de l'organisme à l'introduction d'un composant protéique de l'alimentation, considéré à tort comme un agresseur. Cet allergène suscite, chez les individus sensibles, une réaction de défense qui se traduit par différentes manifestations d'intensités variables.

Celles-ci apparaissent rapidement après la consommation de l'aliment en cause.

- Réactions cutanées : démangeaisons, eczéma, urticaire, aphtes, oedèmes du visage.

- Réactions digestives : sensibilité buccale, nausées, vomissements, crampes abdominales, diarrhées.

- Réactions respiratoires : éternuements, rhinites, toux, crises d'asthme.

- Réactions généralisées : l'oedème de Quincke et le choc anaphylactique sont exceptionnels mais peuvent mettre en cause le pronostic vital par leur ampleur et l'absence de traitement immédiat. L'intolérance alimentaire est à distinguer de l'allergie. Il n'y a pas, dans ce cas, de réaction immunologique mais un déficit enzymatique qui complique la digestion.

ÉPIDÉMIOLOGIE

L'incidence de l'allergie alimentaire aurait doublé depuis quatre ans en France. Elle touche environ 8 % des enfants contre 3 % de la population adulte. Plus fréquente avant l'âge de 15 ans et chez les garçons, elle est directement liée aux habitudes alimentaires du pays et aux modes de vie.

Cependant, les allergies alimentaires apparaissent le plus souvent avant 3 ans au moment de l'introduction des différents aliments. La sensibilisation in utero pourrait jouer un rôle mais il existe surtout un terrain atopique favorisant dans l'histoire familiale. La diversification alimentaire trop précoce reste le facteur de sensibilisation le plus évident.

ALLERGÈNES INCRIMINÉS

Indices de fréquence par aliment. En France, parmi les enfants atteints d'allergie alimentaire, 34 % manifestent une allergie à l'oeuf, 25 % une allergie à l'arachide, 9 % une allergie au lait de vache, 5 % une allergie au poisson, 3 % une allergie au groupe des noix. Les autres aliments responsables sont le blé, le kiwi, la moutarde et les crustacés. En général, les allergies aux protéines d'origine animale sont plutôt retrouvées chez les jeunes enfants jusqu'à 8 ans. Les protéines du lait de vache demeurent les allergènes les plus fréquents chez le nourrisson, du fait de son alimentation lactée exclusive ; puis, après la diversification, les 5 premiers allergènes cités sont responsables de la grande majorité des cas d'allergie. Après l'adolescence, on rencontre davantage d'allergies aux protéines d'origine végétale.

Notions récentes. Les prochaines années risquent de voir apparaître une montée préoccupante de certaines allergies par une sensibilisation plus complexe :

- Augmentation des allergies aux légumineuses, aux fruits à coques et aux fruits exotiques par le mécanisme d'allergies croisées (sensibilisation à un autre aliment du même groupe du fait de l'allergie présente).

- Utilisation de certains composants comme auxiliaires de fabrication. Certains modes de préparation ou de conservation industriels majorent l'allergénicité.

D'autre part, un même allergène ne donnera pas toujours une réponse similaire selon son origine et sa recette culinaire.

PRISE EN CHARGE

Diagnostic. La reconnaissance de l'allergie alimentaire va se faire après une minutieuse enquête effectuée par l'allergologue. Les manifestations cliniques ayant lieu dans les deux heures qui suivent l'ingestion, il faut donc, par l'interrogatoire, remonter à l'allergène possible. Cette démarche est souvent rendue difficile par des facteurs déclenchants masqués : additifs au composant alimentaire, exercice physique révélateur de l'allergie, dermatite atopique sous-jacente. L'analyse se fera sur plusieurs jours avec la tenue, au besoin, d'un journal alimentaire.

Les examens biologiques confirment le diagnostic à l'aide de tests cutanés prescrits en fonction de l'âge avec les allergènes le plus souvent mis en cause. En cas de doute, le test de provocation orale (TPO) permet de discerner une authentique allergie d'une simple sensibilisation. Il doit être pratiqué en milieu hospitalier à cause du risque de réactions potentielles.

Le dosage positif des IgE spécifiques à chaque allergène est corrélé avec le TPO dans la majorité des cas. Dès lors, il faut supprimer l'aliment contenant la protéine allergisante et repérer la composition de tout produit pouvant la contenir. Cette démarche contraignante est souvent accompagnée par les professionnels de santé pour aider à la mise en place d'un projet d'accueil individualisé en collectivité. Certaines allergies régressent avec le temps après une prudente réintroduction. D'autres demeurent à vie.

Recommandations

- Déconseiller la consommation d'arachides pendant le grossesse et l'allaitement.

- Conseiller l'allaitement maternel jusqu'à 6 mois, en particulier dans les familles à terrain atopique.

- Inciter au sevrage avec un lait hypoallergénique ; conseiller de commencer la diversification seulement à partir de 6 mois.

- Proposer de retarder l'introduction d'aliments à risques.

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