Récits de pratiques
Livre
Actualités
Profession
Dix infirmiers en psychiatrie prennent la plume.
« L'écriture est un travail de séparation permanente, et il me semble que c'est un travail antimélancolique. Cette écriture sur le travail permet de transmettre mais aussi de se construire soi-même », témoigne Catherine Zittoun, praticien hospitalier à Maison-Blanche (11e secteur de pédopsychiatrie), à la conférence de présentation de l'ouvrage, le 7 décembre.
Être là, être avec, est une invitation à penser le rôle des soignants en psychiatrie. « Nous sommes là et avec les patients, pour soulager leur souffrance mentale, pour les accompagner », explique Gérald Kauffer, infirmier et co-auteur de ce livre. « C'est une chance de transmettre l'invisible de notre métier et la grande diversité du travail infirmier en psychiatrie », poursuit-il. Ces récits et pratiques d'infirmiers de l'hôpital de Maison-Blanche sont l'aboutissement de six mois d'échanges entre infirmiers de santé mentale dans le cadre d'un projet de formation et de recherche au Conservatoire national des arts et métiers en 2006.
le soin, une rencontre
Dix infirmiers ont été choisis pour écrire sur leur pratique. Dix infirmiers, dix parcours, dix approches différentes. Certains ont trente ans d'expérience, d'autres ont débuté depuis à peine deux ans. Généralement, les infirmiers écrivent peu sur leur savoir, leur expérience. C'est pourquoi cette initiative doit être saluée. « Tous les travaux révèlent que le fondement du soin en psychiatrie provient bien d'une rencontre unique entre un patient et un soignant, souligne Serge Klopp, cadre de santé en pédopsychiatrie, autre co-auteur du recueil. Ce travail se situe bien dans la subjectivité du soin. L'hétérogénéité ouvre sur l'altérité en psychiatrie. Cependant, pour contenir cette hétérogénéité, le collectif du soin, de l'agent de service hospitalier au médecin chef, permet la mise en place d'une logique et d'une conceptualisation du soin. »
Être là, être avec, les savoirs infirmiers en psychiatrie, récits de pratiques d'infirmiers de l'hôpital Maison-Blanche, par Djenet Arar, Roger-Patrice Bernard, Chantal Coquerelle, Cédric Couvreux, Doris Irep, Gérald Kauffer, Serge Klopp, Michel Mignot, Monique Trost. Éditions Éducation permanente, 15 euros
Rens. : educperm@wanadoo.fr.
Le symptôme et l'iceberg
« Et pourtant, la tentation est grande de vouloir se débarrasser du problème [d'un patient] en faisant disparaître le symptôme. Si le symptôme n'est que la face visible de l'iceberg, il est également l'arbre qui cache la forêt.
D'où la nécessité de se décaler pour avoir une vue d'ensemble. On arrive d'autant mieux à se décaler que l'on travaille cela à plusieurs. On sait par ailleurs que le psychotique - mais aussi l'adolescent - ne révèle pas la même chose avec chacun des soignants. Chacun, dans le transfert, est dépositaire d'une partie de la réalité psychique du sujet. [...] Ces parties de la réalité psychique du sujet sont souvent contradictoires. Tellement contradictoires qu'elles peuvent générer des conflits entre les différents membres de l'équipe. Cela m'a particulièrement frappé lorsque j'étais infirmier en unité d'hospitalisation. Mais à l'époque, je ne disposais malheureusement pas des outils conceptuels me permettant de comprendre ce qui se joue, et encore moins de savoir comment dépasser cette contradiction. »
Serge Klopp, « Variations autour de la relation », p. 143-144