Psy bémol majeur - L'Infirmière Magazine n° 224 du 01/02/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 224 du 01/02/2007

 

Musicothérapie

Du côté des associations

Pour l'Association française de musicothérapie, l'harmonie et les vibrations sont indiquées pour guérir ou soulager.

« Le son est le premier et le dernier canal qui permet de communiquer, tout au long de la vie. Dans l'utérus, le foetus ressent déjà les vibrations sonores. Et, avec le temps, la mémoire musicale reste. Alors pourquoi ne pas s'en servir pour guérir ou soulager ? » Depuis plus de trente ans, Édith Lecourt, psychologue, psychanalyste, professeur de psychologie clinique et cofondatrice de l'Association française de musicothérapie (AFM)(1), défend l'universalité de cette méthode. Une pratique qui constitue aujourd'hui un support privilégié et efficace pour les psychothérapeutes. « Il ne s'agit pas seulement de faire écouter des bruits ou des notes de musique pour susciter un effet émotionnel, mais surtout de tisser un lien thérapeutique avec le patient à des fins exclusivement cliniques ou éducatives et sociales », insiste l'auteur de Découvrir la musicothérapie(2). En outre, la professionnalisation de cet art thérapeutique doit aller de pair avec la capacité du soignant à analyser et à décoder chaque étape du processus. « Personne ne peut s'improviser musicothérapeute. Sans cadre et sans formation, les risques de dérives sont majeurs », souligne-t-elle.

éthique

Fondée en 1980, l'AFM rassemble des chercheurs et des praticiens officiellement habilités à exercer dans les domaines médical, paramédical, psychosocial et musical. Son éthique repose sur un code de déontologie précis, créé en même temps que l'association, sur lequel s'engage chaque musicothérapeute. Sorte de prolongement de l'Aratp (Association de recherches et d'applications des techniques psychomusicales) constituée en 1969, l'AFM s'inscrit dans un univers spécifique, celui de la psychologie et de la psychiatrie. Une cinquantaine de membres, à la fois thérapeutes diplômés et musiciens, s'y impliquent activement.

reconnaissance

« Qu'ils soient psychologues, médecins, rééducateurs ou infirmiers, la connaissance musicale de ces professionnels confirmés doit reposer sur la pratique d'un instrument, du chant, et non sur une simple inclination pour la musique », précise la secrétaire générale de l'AFM, dont l'objectif est le développement d'un large éventail de possibilités pratiques et d'applications cliniques de la musicothérapie. La recherche - sur l'univers sonore, la musique et la psychanalyse - s'ajoute aux activités de supervision, aux cours et aux séminaires organisés dans le cadre du centre de formation continue de l'université René-Descartes- Paris 5(3).

« Nous avons démarré en formant des équipes hospitalières, à La-Roche-sur-Yon, Limoux ou Clermont-Ferrand... Les soignants, quelle que soit leur spécificité, se sont initiés ou spécialisés ensemble. C'est un atout pour un hôpital. Notre association s'inscrit dans la continuité de cet esprit de groupe et doit en partie sa réputation dans le monde médical à la reconnaissance universitaire dont elle bénéficie, alors que la musicothérapie a longtemps été considérée comme une médecine douce, pas très sérieuse », explique Édith Lecourt, dont les travaux de recherche en cours portent sur les acouphènes, ces sensations auditives gênantes comme les bourdonnements ou les tintements d'oreille. La formation est un pôle essentiel qui comporte deux orientations, l'une clinique, l'autre psychopédagogique. Elle propose un diplôme universitaire d'art en thérapie et en psychopédagogie, option musicothérapie, et un master en sciences de l'éducation. Présidée par le Dr Pierre Pennec, psychiatre, l'AFM publie aussi, quatre fois par an, la Revue de musicothérapie, où figurent les communications faites aux congrès ou aux colloques et des articles, originaux ou traduits, du réseau de praticiens. Enfin, les Journées scientifiques sont centrées sur un thème différent chaque année, dont elles visent l'approfondissement dans un travail de réflexion commun.

écoute musicale

Psychose, autisme, coma, et maladie d'Alzheimer sont des terrains difficiles où les thérapies verbales ne fonctionnent souvent plus. Pour les patients souffrant de ces pathologies ou de ces états, un temps d'écoute musicale peut leur permettre de se retrouver et favoriser parfois un moment d'échange. « Pendant une séance de musicothérapie, tout est envisageable. Bruits en tous genres, comme le cliquetis des clés, grande musique ou rap peuvent faire partie du dispositif, que ce soit en individuel ou en groupe. Nous devons nous adapter », poursuit la représentante de l'AFM. Membre de la WFMT (World Federation of Music Therapy) et de l'EMTC (European Music Therapy Confederation)(4), l'association compte parmi ses partenaires privilégiés le Luxembourg, la Grèce, l'Italie, l'Espagne, des pays d'Amérique latine... « Ces échanges internationaux permettent de présenter nos travaux à l'étranger et d'inviter nos correspondants des quatre coins du monde à des conférences ou des séminaires, pour qu'ils nous fassent part de leurs connaissances, s'enthousiasme Édith Lecourt. En Inde, par exemple, la pratique de la musicothérapie est une évidence... »

1- Association française de musicothérapie. Tél. : 01 42 86 20 99.

Internet : http://www.musicotherapie-afm.net.

2- Éditions Eyrolles, 2005.

3- Tél. : 01 40 46 16 16.

Internet : http://www.univ-paris5.fr.

4- Internet : http://www.musictherapyworld.de.

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