Tabac, le sevrage en douceur - L'Infirmière Magazine n° 224 du 01/02/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 224 du 01/02/2007

 

santé publique

Conduites à tenir

Arrêter de fumer, tous les fumeurs y ont songé. Mais pour la majorité d'entre eux, l'arrêt total et immédiat représente un sevrage trop difficile. D'où l'intérêt de la « réduction progressive assistée ».

Chaque année, 65 000 décès sont causés directement par la consommation de tabac, plus 5 000 liés au tabagisme passif. Toutefois, pour 75 % des fumeurs(1), la perspective d'un sevrage brutal du jour au lendemain relève de l'impossible. Pour éviter les échecs répétés, les spécialistes proposent de nouvelles modalités de sevrage par la réduction progressive médicalement assistée.

Principe

Cette alternative consiste à utiliser une substitution par voie orale permettant au fumeur d'absorber une certaine dose de nicotine et de limiter ainsi sa consommation quotidienne de cigarettes sans souffrir des symptômes de manque.

Indications

Cette méthode est particulièrement destinée aux fumeurs « récalcitrants » fortement dépendants, aux fumeurs ayant perdu confiance après plusieurs échecs et à ceux qui, souffrant de pathologies aggravées par le tabagisme (BPCO, maladies cardiovasculaires, HTA...), rejettent néanmoins toute idée d'arrêt. Elle peut également être utile aux femmes enceintes très dépendantes.

Modalités

La réduction progressive repose sur la diminution du nombre de cigarettes et l'utilisation de substituts nicotiniques. Plusieurs stratégies sont accessibles.

Substitution. Celui qui peut différencier la cigarette « besoin » de la cigarette « réflexe » non indispensable peut opter pour la stratégie de substitution simple consistant à remplacer les cigarettes « superflues » par un substitut nicotinique (gomme ou inhaleur).

Abstention programmée. Lorsque le fumeur ne parvient pas à faire cette distinction, il peut prendre la décision de s'abstenir de fumer à certains moments de la journée, durant lesquels il remplacera les cigarettes par un substitut nicotinique de son choix.

Alternance. Une autre alternative consiste à alterner cigarette et substitut nicotinique, ce qui permet d'emblée de réduire de 50 % la consommation de cigarettes.

Substituts nicotiques

Les substituts recommandés sont prioritairement les gommes à mâcher et l'inhaleur. L'inhaleur est un embout en forme de fume-cigarette, dans lequel le fumeur introduit des cartouches de nicotine. Il associe une compensation gestuelle et orale qui convient particulièrement aux fumeurs très dépendants. Les comprimés (Zyban®) peuvent aussi être utilisés dans ce cas mais sont réservés aux fumeurs très dépendants (score 6 à 7 du test de Fagertröm)(2). Contrairement aux autres substituts, ils ne sont délivrés que sur prescription médicale, en raison de leurs nombreuses contre-indications (prise de psychotropes, comitialité, anorexie-boulimie...), et sont généralement prescrits en deuxième intention. Plus faciles d'accès, les gommes à mâcher ne doivent pas être confondues avec des chewing-gum : elles se mastiquent selon un protocole précis. Ramollie par une première mastication, la gomme doit rester au contact de la joue durant une dizaine de minutes, ce qui lui permet de libérer la nicotine qu'elle contient. La mastication doit ensuite être reprise à intervalles réguliers, toutes les minutes au maximum. En respectant ces consignes, toute la nicotine est délivrée en 30 mn et la gomme peut ensuite être jetée.

Passer un cap

En couvrant partiellement les besoins nicotiniques, cette stratégie de substitution entraîne non seulement une diminution de la consommation de cigarettes, mais aussi une réduction du nombre et de la profondeur des bouffées réellement fumées. Elle favorise doublement le passage du premier cap vers le sevrage du tabac.

1- Etter J.F et al., « Distributions of Smokers by Stage : International Comparison and Association with Smoking Prevalence », Preventive Medecine, 1997 ; 26 : 580-85

2- http://www.automesure.com/Pages/tabac.htm

Lieux publics « non-fumeurs »

- Deux niveaux d'interdiction ont été retenus :

- Interdiction totale pour les groupes scolaires (y compris cours de récréation jusqu'au lycée), les administrations, les magasins, les gares et les aéroports.

- Interdiction partielle pour les lieux qui accueillent traditionnellement les fumeurs (cafés, restaurants, bars-tabac, discothèques). Ces établissements devront proposer un espace entièrement non-fumeur mais pourront, s'ils le souhaitent, installer « un fumoir » (lieu hermétiquement clos équipé d'un extracteur d'air), seul lieu fumeur autorisé.

- Cette interdiction s'appliquera en deux temps :

- dès ce mois-ci pour les établissements concernés par une interdiction totale.

- à partir de janvier prochain pour les lieux bénéficiant d'une interdiction partielle.

Par ailleurs, les missions de « Tabac Info Service » ont été étendues. Désormais, le 0825 309 310 (0,15 euro par minute, de 8 h à 20 h du lundi au vendredi) permet d'être mis en relation avec un tabacologue si l'on souhaite arrêter de fumer, et, pour les professionnels de santé, d'être accompagnés afin d'améliorer leur offre de soins aux fumeurs.

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