« L'hygiène, une spécialité » - L'Infirmière Magazine n° 225 du 01/03/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 225 du 01/03/2007

 

Interview

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Partenaires de soins

La présidente de l'association de lutte contre les infections nosocomiales détaille les nouvelles pistes de réflexion.

Claude Rambaud est la nouvelle présidente de l'association de lutte contre les infections nosocomiales (Lien). Elle a succédé à Alain-Michel Ceretti en 2006. Juriste spécialisée en santé publique, elle était consultante en gestion des risques hospitaliers jusqu'en 2005. Elle a aussi animé la rubrique juridique de L'Infirmière magazine pendant les premières années de sa publication.

Que retenez-vous des premiers états généraux du Lien ?

Cet événement est allé au-delà de nos espérances. Au départ, beaucoup n'y ont pas cru. Mais les faits sont là : la participation a été importante, nous avons refusé plus d'une centaine de personnes, et nous avons eu deux tiers de professionnels. De plus, le ministre de la Santé a non seulement approuvé nos revendications mais il en a ajouté trois supplémentaires. Le 15 février, nous avions une réunion de travail au ministère pour dresser un calendrier de mise en oeuvre.

Ceci dit, les états généraux du Lien ne sont qu'un commencement. Nous savons que la lutte contre les infections nosocomiales continue. Usagers et professionnels de santé doivent contribuer ensemble à cette lutte. Pour un véritable bilan, je vous donne rendez-vous dans deux ans pour les prochains états généraux afin de voir comment nos propositions contenues dans « la déclaration de Paris » ont été mises en application.

Parmi ces propositions, vous préconisez la création d'un diplôme d'État d'infirmière spécialisée. Pourquoi ?

Nous ne sommes pas les seuls à faire cette proposition. L'office parlementaire d'évaluation des politiques de santé (Opeps) l'a faite dans un rapport sur les infections nosocomiales rendu le 22 juin dernier au Sénat. Nous sommes conscients qu'il existe déjà un certain nombre de diplômes universitaires (au ministère, un bureau est en train de recenser toutes les formations existantes), et que les infirmières ont dans le programme de leur formation initiale quelques bases solides d'hygiène. Mais si nous voulons que les professionnels soient hyper-performants dans ce domaine, il nous semble légitime de créer une spécialisation. Un diplôme d'État reconnu permettra de renforcer leur autorité dans les services : une infirmière doit pouvoir dire à un médecin de se frictionner les mains avec une solution hydroalcoolique. À plus forte raison si l'on inclut au programme des notions de management. D'autre part, la création de ce DE s'accompagnerait d'une véritable reconnaissance dans la carrière.

Pourquoi un badge avec la mention « Demandez-moi si je me suis lavé les mains » ?

Cette mesure existe aux États-Unis. Nous recherchons via ce badge une prise de conscience des patients, des professionnels du soin (du brancardier jusqu'au médecin), et aussi des éventuels visiteurs (famille ou proches) à l'hôpital. D'ailleurs, nous souhaitons étendre le port de ce badge aux visiteurs. Le but est de renforcer la vigilance.

On ne doit pas baisser les bras. Le lavage des mains est un bénéfice pour tout le monde. À ce propos, nous souhaitons que l'hygiène et les gestes de prévention en collectivité soient intégrés dans le cursus scolaire dès la petite enfance.

Cette proposition ne doit pas être perçue comme une punition. Les fiches d'évaluation des états généraux prouvent que dans l'idée, ce badge est apprécié à 99 %. Pour contribuer à sa réalisation, un concours en partenariat avec la HAS et l'InVS devrait être organisé, avec la participation des enfants hospitalisés pour le choix du dessin.