Chinon soulagé par le PPP - L'Infirmière Magazine n° 226 du 01/04/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 226 du 01/04/2007

 

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Un « partenariat public-privé » a permis à la commune rurale de sauver son hôpital.

Le 2 mars, le tout nouvel hôpital François-Rabelais de Chinon était inauguré. Il aura fallu trois ans de chantier pour que l'ancien hôpital militaire américain de Chinon soit entièrement rénové. Avec un budget de 56 millions d'euros, l'établissement a été refait à neuf à 85 %. Le reste a été réhabilité. « Vraiment réhabilité, assure le nouveau directeur du CHRU François-Rabelais, Patrick Faugérolas. Je veux dire qu'on a presque tout cassé, sauf les murs. »

Ces travaux n'auraient peut-être pas été possibles si le public et le privé ne s'étaient pas mis à la même table. La formule des PPP (partenariat public-privé) est très à la mode. Dans le cas de l'hôpital de Chinon, la clinique Jeanne d'Arc et le CHRU ont élu domicile sur le même site, dans des bâtiments mitoyens. L'hôpital a fermé son service de chirurgie, mais « loue le bloc opératoire de la clinique, explique Francine Gaboriau, directrice des soins. Nous utilisons notre propre matériel et ce sont nos personnels qui travaillent. » En contrepartie, l'établissement public prend en charge les patients de la clinique pour tous les soins « postopératoires, en post-traumato à J-2 ».

malade gagnant

Pour Francine Gaboriau, « le grand gagnant, c'est le malade. On se rend bien compte que cette complémentarité porte ses fruits. On le voit en cancérologie. »

Alors que l'hôpital était, comme bon nombre d'établissements ruraux, menacé de fermeture, désormais tous les regards sont tournés vers l'avenir. D'autres accords entre la clinique et le CHRU interviendront prochainement. Le directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation a annoncé la mise en place d'un équipement IRM qui sera « l'un des premiers installés en France en dehors d'une préfecture ».

Les syndicats critiquent le partenariat

L'optimisme ambiant ne masque pas les interrogations de fond soulevées par certains personnels soignants. « C'est tout beau, ça sent le neuf, c'est bien conçu, mais on a déjà des charges de travail qui ont augmenté. Pour le ménage, par exemple, les ASH passent plus de temps puisque les chambres sont plus grandes (surface minimum de 18 m2) », remarque une jeune infirmière. Didier Guibault, cadre supérieur au service des courts et moyens séjours, qui a transféré son activité peu après l'inauguration estime, quant à lui, que « les réticences, si elles existent, vont vite tomber. On a déjà fait des modifications pour que tout soit le plus fonctionnel possible. » L'établissement dispose d'un parcours de marche pour la rééducation et d'une piscine dans le service des polyhandicapés.

Au-delà de ces craintes qui ont trait à l'organisation du travail, la complémentarité avec la clinique est remise en cause par les syndicats : « ce projet a précipité la suppression de l'activité chirurgicale au profit d'intérêts privés. Sommes-nous tous égaux devant les soins ? La maternité subira-t-elle le même sort ? » s'interroge la section CGT. Et de pointer du doigt les orientations budgétaires : « le plan Hôpital 2007 prévoit de déployer les moyens directement liés à l'activité. Schématiquement, là où l'activité sera positive, des moyens en plus seront dégagés. Contrairement aux activités en baisse... » X.R.