EMSPP cherchent unité - L'Infirmière Magazine n° 226 du 01/04/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 226 du 01/04/2007

 

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Les équipes mobiles spécialisées en psychiatrie-précarité existent sous des formes disparates et n'ont pas les moyens de leurs missions.

La première journée nationale des équipes mobiles spécialisées en psychiatrie-précarité (EMSPP), organisée le 16 mars, a permis de brosser un tableau de la précarité et de sa prise en charge, au sein d'un système psychiatrique construit autour de la sectorisation. La notion même de territorialité est remise en cause par la précarisation croissante d'une partie de la population, dont les personnes sans domicile fixe.

soutien psychique

Le travail des équipes mobiles spécialisées en psychiatrie et précarité interroge aussi le secteur sur le basculement de l'intra vers l'extra-hospitalier, sur l'organisation des services et sur le montant et la répartition des moyens. Ces équipes soutiennent aussi les professionnels en première ligne dans ce domaine (acteurs sanitaires, sociaux, éducatifs, etc.) souvent isolés, qui s'épuiseraient psychiquement faute de réel appui.

Pour s'organiser, il faut déjà pouvoir se connaître et se reconnaître. Cela commence par une enquête, des échanges de pratiques, et la prise de conscience de certains freins qu'il faut contourner. C'est ce qu'a réussi à faire Alain Mercuel, chef du service santé mentale et exclusion sociale de l'hôpital Sainte-Anne et organisateur de la journée.

Les EMSPP commencent à être nombreuses, nourries chaque mois par de nouvelles recrues. Sur les 52 existantes, 28 ont répondu et donc participé à l'enquête. Quels enseignements peut-on en tirer ? « D'abord, l'embarras du choix au niveau des appellations : équipes mobiles spécifiques de psychiatrie-précarité, équipes de liaison psychiatrie-précarité, équipes mobiles de prévention intersectorielle, "La Ravaude", "Respire" et tant d'autres », ironise Alain Mercuel.

« Ce manque d'unité joue probablement contre notre visibilité à un niveau administratif, politique et financier, souligne Alain Mercuel. N'aurions-nous pas intérêt à nous appeler de la même façon ? Il existe aussi une disparité de situations au niveau des moyens humains, physiques, financiers des équipes, qui peuvent disposer de 1 à 8,5 équivalents temps plein (ETP) par équipe. Le ratio varie de 131 000 habitants par ETP à Paris à 54 600 habitants par ETP dans la France urbaine. Et puis, 18 équipes sur 28 ont un local ; 27 sur 28 se déplacent ; 20 sur 28 ont une permanence sur le site ; 10 sur 28 ont des groupes de parole ; 14 sur 28 font des interventions de rue... » Bref, malgré quelques textes (circulaire de la Dhos du 23 novembre 2005), une grande hétérogénéité règne entre ces équipes.

en marge du système

Pourtant, les professionnels du domaine de la précarité et de l'exclusion ressemblent aux personnes qu'elles soignent : elles souffrent d'un manque de reconnaissance, et sont en marge du système de santé. Les EMSPP constituent une réponse qui mérite d'être sérieusement considérée. Ces équipes permettent de créer du lien et du sens là où la société échoue à prendre en charge une minorité de personnes vivant en marge ou franchement exclues, économiquement, socialement et psychiquement. N'est-il pas paradoxal que la société refuse d'aider les victimes de son propre système ?