Les Bulgares prises en otages - L'Infirmière Magazine n° 226 du 01/04/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 226 du 01/04/2007

 

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Tripoli chercherait à faire libérer un officier libyen détenu au Royaume-Uni pour sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie.

La Cour suprême de Libye n'a toujours pas rendu sa décision sur le sort des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien condamnés à mort le 19 décembre pour la deuxième fois. Pourtant, le contexte politique libyen entourant cette affaire semble se clarifier et la négociation se précise.

vers une solution ?

Seif al-Islam Kadhafi, le fils aîné du dirigeant libyen, a ainsi déclaré au quotidien bulgare 24 Tchassa, le 27 janvier : « je garantis que nous ne les exécuterons pas [...]. Nous nous approchons désormais d'une solution. » L'instrumentalisation des prisonniers à des fins politiques est donc revendiquée par les Kadhafi, père et fils. Emmanuel Altit, avocat français des accusés défendant leur cause avec Antoine Alexiev, se réjouit des déclarations du fils de Kadhafi : « elles montrent qu'il s'agit bien d'un procès politique. Ce comportement révèle les failles du système judiciaire libyen puisqu'il n'est en aucun cas question d'un procès juste et équitable. Le sort des infirmières bulgares n'est pas entre les mains de la justice libyenne, mais entre celles du colonel Kadhafi et de son fils. »

Le problème n'est plus de connaître la cause de la contamination par le sida des 426 enfants libyens, mais de troquer les infirmières bulgares contre l'officier libyen Abdel Basset Ali al-Megrahi, condamné à perpétuité en Grande-Bretagne pour l'attentat de Lockerbie.

Me Altit relève aussi l'attitude du colonel Kadhafi : « c'est la première fois qu'il s'implique autant et qu'il est aussi précis dans les conditions qu'il faut réunir pour leur libération ».

« bénéfice à tirer »

En outre, les déclarations du père et du fils Kadhafi convergent pour la première fois sur cette affaire. « C'est plutôt bon signe, car cela signifie qu'ils sont au bout du processus politique. »

Deux dénouements sont envisageables : la Cour suprême confirme la condamnation à mort, ce qui sous-tend une négociation entre les pouvoirs libyen et bulgare sur les conditions à réunir pour qu'elles soient graciées. Deuxième scénario : la Cour suprême atténue la condamnation. « Les Libyens vont vouloir sauver les apparences. Le devenir des infirmières ne les préoccupe pas. Seul le bénéfice qu'ils peuvent en tirer les intéresse », estime Me Altit. Les deux avocats ont bâti une stratégie impliquant les médias internationaux : « le rapport de force politique influence le rapport de force judiciaire ».

rappel

Huit ans d'attente

- 9 février 1999 : cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien sont accusés par les autorités libyennes d'avoir sciemment transmis le virus du sida à 426 enfants libyens.

- 6 mai 2004 : le tribunal pénal de Benghazi les condamne à mort.

- 27 avril 2005 : première audience en appel, reportée au 10 mai puis au 17 mai, puis au 24 mai.

- 31 mai 2005 : la cour de cassation reporte le jugement au 15 novembre.

- 15 novembre 2005 : la cour suprême de Libye reporte au 31 janvier 2006 sa décision sur la recevabilité de l'appel.

- 25 décembre 2005 : la cour suprême décide de renvoyer le procès vers la cour pénale de Benghazi.

- 20 juin 2006 : début du deuxième procès.

- 19 décembre 2006 : le tribunal confirme la condamnation à mort.

- 16 février 2007 : l'avocat de la défense fait appel.