À quand une reconnaissance ? - L'Infirmière Magazine n° 227 du 01/05/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 227 du 01/05/2007

 

Consultation infirmière

Actualités

Santé

VIH, diabète... L'intérêt thérapeutique de la consultation est bien perçu, mais sa valorisation financière est quasi inexistante.

« En vingt ans, j'ai été suivi par plusieurs spécialistes et médecins traitants, mais c'est seulement depuis que je bénéficie d'un accompagnement infirmier que mon état s'améliore vraiment. » C'est avec le témoignage émouvant d'un patient diabétique de 67 ans, venu relater son parcours médical chaotique, que s'est ouvert le colloque sur la consultation infirmière, organisé le 24 mars par l'Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés et étudiants (Anfiide).

aucune codification

Tout au long de cette journée, qui a réuni à Nice quelque 80 professionnels de santé, patients, médecins, infirmières hospitalières et libérales se sont succédé à la tribune pour exposer, à travers leurs expériences de terrain, toutes les potentialités de la consultation infirmière. L'occasion de rappeler aussi que si cette pratique ne bénéficie aujourd'hui d'aucune codification ni tarification spécifique, l'inventivité et la détermination des professionnels peuvent parfois faire évoluer la situation.

Au CHU de Nice, la forte motivation des autorités de tutelle, de la direction de l'établissement et des professionnels de santé a ainsi abouti à la mise en place, en 1999, d'un programme infirmier d'éducation thérapeutique auprès de patients atteints du VIH. Dans chacun des trois services impliqués, une consultation infirmière a été créée, qui a prouvé ses effets bénéfiques sur l'observance thérapeutique et sur la charge virale des patients. Mais pour Laurence Bentz, médecin de santé publique au CHU, l'absence de reconnaissance économique de ces consultations, dans le cadre de la T2A notamment, fragilise le projet.

En ambulatoire, les situations sont plus contrastées. Au sein de la maison du diabète de Nice, Patricia Cohen-Solal, infirmière spécialisée en éducation thérapeutique, effectue ainsi des consultations purement bénévoles. Mieux lotis, les réseaux de santé en diabétologie bénéficient de dérogations tarifaires, qui leur permettent d'accorder aux professionnels une rémunération spécifique. Quant aux infirmières libérales, elles s'appuient sur la démarche de soins infirmiers (DSI) pour proposer des consultations dans des domaines aussi variés que la psychiatrie, le conseil en lactation ou le diabète.

intérêt évident

« Au départ, la DSI devait être un outil de maîtrise des volumes de soins. Mais les infirmières l'ont peu à peu utilisée pour faire de la consultation, car elle leur permet de valoriser toutes les dimensions de leur rôle propre », a expliqué le président de l'association Argil 06, David Guillon, dans un exposé sur l'optimisation des nomenclatures. Pour mener à bien ses programmes d'autonomisation des patients à l'insulinothérapie, Brigitte Lecointre, infirmière libérale à Nice, utilise ainsi la DSI, combinée au programme d'aide personnalisée (AIS 3,1) : « quand on compare le coût de ces six consultations de mise à l'insuline avec celui des 90 visites que l'on effectue en temps normal pour faire des injections, l'intérêt de la démarche saute aux yeux... »