L'auriculothérapie

DÉFINITION

Découverte il y a cinquante ans par un médecin lyonnais du nom de Paul Nogier, l'auriculothérapie est une technique médicale dérivée de l'acupuncture qui est fondée sur la stimulation de points réflexes concentrés sur l'oreille. Chaque point correspond à la représentation d'un territoire d'innervation du corps. Mais, à la différence de l'acupuncture, qui fonctionne sur le système des méridiens et des réseaux périphériques par l'intermédiaire de la moelle épinière, l'auriculothérapie est une acupuncture centrale, reliée avec les hémisphères cérébraux.

« Notre corps étant un circuit électrique, toutes les commandes partent du cerveau et toutes les informations montent au cerveau, observe le Dr Sabine Brulé, généraliste attachée au service de traitement de la douleur à l'Institut Gustave-Roussy, à Villejuif (Val-de-Marne). La voie d'aiguillage des informations se trouve au niveau du système réticulé, et les noyaux qui innervent le pavillon d'oreille sont reliés à ce système. Cette technique thérapeutique repose sur des bases neurophysiologiques et scientifiques. Toute la cartographie du corps est représentée au niveau de chaque pavillon par un foetus tête en bas. Chaque pavillon représente l'hémicorps lui correspondant (l'oreille gauche pour la moitié gauche du corps et inversement). En revanche, les effets de l'auriculothérapie seront transmis par décussation sur l'hémisphère opposé au pavillon piqué. »

HISTOIRE

Les Égyptiens calmaient les douleurs par la stimulation de points spécifiques localisés sur l'oreille. Les Chinois connaissaient également cette pratique. Hippocrate soignait avec succès certains types d'impuissance par de petites saignées sur la zone auriculaire. Et les pirates qui portaient une boucle d'oreille, le faisaient, dit-on, en cherchant à stimuler le point de l'oreille correspondant à l'oeil.

L'efficacité de l'auriculothérapie, pratiquée au centre antidouleur de l'Institut Gustave-Roussy de Villejuif depuis 1982, a été démontrée au cours d'une expérience menée en 2001 par le Dr David Alimi. Grâce à une imagerie par résonance magnétique (IRM), ce médecin a pu montrer la zone du cerveau qui s'affiche lorsque l'on stimule le pouce. En effet, quand on stimule l'oreille avec un clou en or à l'endroit de la représentation du pouce sur l'oreille, l'IRM montre que la même zone s'affiche.

Le premier patient traité par auriculothérapie à l'Institut Gustave-Roussy était un patient souffrant de douleurs du membre fantôme après amputation d'un membre inférieur. Après puncture de la zone représentant l'innervation du membre inférieur, la douleur a disparu. Ce succès a été reproductible ensuite sur une vingtaine de patients ayant été amputés, avec un succès équivalent. Les patients décrivaient une disparition de leur douleur avec une réintégration de leur image corporelle.

INDICATIONS

Pratiquée en France par des médecins détenteurs d'un diplôme universitaire délivré en faculté de médecine, l'auriculothérapie n'est pas la panacée, mais elle permet de venir à bout de douleurs chroniques ou cicatricielles d'origine neuropathique comme les fibroses secondaires du réseau nerveux après une radiothérapie, les atteintes des gaines de myéline dues à la chimiothérapie, ou les douleurs post-chirurgicales liées à l'amputation des racines nerveuses.

L'auriculothérapie agit sur toutes les douleurs chroniques par atteinte du réseau nerveux :

- céphalées ;

- sciatiques ;

- zonas ;

- algodystrophies ;

- névralgies de toutes sortes ;

- coccygodynies ;

- troubles dépressifs ;

- troubles du sommeil ;

- anxiété ;

- règles douloureuses.

TRAITEMENT

- Détection à l'aide d'un potentiomètre qui enregistre les différences de potentiel ;

- Affichage au niveau du pavillon de l'oreille en fonction de la pathologie et du réseau nerveux impliqué ;

- Après une désinfection locale, les points concernés sont stimulés au moyen d'aiguilles semi-permanentes, qui interrompent le circuit douloureux ;

- Les aiguilles tombent d'elles-mêmes, au terme d'une période allant de 5 jours à 1 mois, selon l'importance du symptôme ;

- Après la chute de l'implant, le processus cicatriciel poursuit l'action thérapeutique, ce qui permet d'espacer les séances à une fois par mois.

DURÉE DU TRAITEMENT

Pour les pathologies chroniques, trois séances à un mois d'intervalle sont préconisées, puis une séance par trimestre pour conserver les bénéfices du traitement.

À SAVOIR

Une douleur signale une mauvaise configuration corporelle.

Le pavillon d'oreille d'une personne en bonne santé ne se manifeste pas au cours du diagnostic, à l'exception du point « zéro » (la cicatrice ombilicale, zone mémorielle de cette première douleur).

BILAN

L'auriculothérapie est une thérapeutique rapide, non iatrogène, permettant un sevrage médicamenteux progressif, reproductible, basé sur un raisonnement neurophysiologique. Peu de soignants la connaissent, ce qui freine son développement.