L'hypnose thérapeutique - L'Infirmière Magazine n° 227 du 01/05/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 227 du 01/05/2007

 

douleur

Conduites à tenir

Longtemps négligée et méprisée, l'hypnose est de plus en plus souvent utilisée par les soignants pour calmer douleur et angoisse. Accessible aux infirmières, elle augmente les capacités d'action du soignant et le confort du soin.

Connue depuis plus d'un siècle, l'hypnose se révèle une méthode antalgique précieuse dans la prise en charge de la douleur et du stress. On distingue plusieurs modes d'utilisation : l'hypnosédation, utilisée en chirurgie, l'hypnothérapie nécessitant une formation de psychothérapeute (qu'elle soit psychanalytique, cognitive, systémique...) et l'hypnoanalgésie. Cette dernière, si elle requiert une formation aux pratiques hypnotiques et une initiation à la psychologie, peut être pratiquée par des soignants non spécialisés en psychothérapie, dont les infirmières.

DÉFINITION

« L'état hypnotique, définissent les thérapeutes Sylvie Bellaud-Caro et Laurent Gross, s'accompagne de toute une série de phénomènes appelés phénomènes hypnotiques, qui vont de la sensation d'engourdissement et de somnolence, aux "hallucinations" visuelles et auditives, en passant par des sensations de lourdeur avec impossibilité de bouger les membres, d'analgésie... »

État modifié de la conscience, l'hypnose correspond à une modification de la vigilance habituelle. Un état dans lequel on peut se trouver naturellement, mais qui est ici induit par un stimulus extérieur : la voix, le regard, qui conduisent le sujet à un niveau de « rêve éveillé ». On parle de « veille paradoxale », car malgré une apparence de passivité, le patient est très actif : la mémoire, l'attention, la vigilance, la perception des sensations, l'imaginaire du patient sont amplifiés.

OBJECTIFS

« Les infirmières, souvent confrontées à des soins répétitifs douloureux, comme les toilettes, les pansements d'ulcère ou d'escarre, les vaccins, le traitement des plaies, les sutures, les prises de sang, la pose de perfusion, les ponctions lombaires, etc., sont de plus en plus en demande de méthodes non médicamenteuses pour soulager les patients », explique Christine Vial, infirmière formatrice en communication et relation humaine à Bordeaux. La pratique du soignant en est simplifiée : « au bloc, explique le Dr Bernard, anesthésiste au CMC de Rennes, elle réintroduit une dimension humaine rassurante dans des actes répétitifs souvent mal vécus par les patients. Qui plus est, lorsqu'un anesthésiste ou une infirmière de bloc pratique l'hypnose, l'ambiance du bloc et le comportement de l'équipe change, du fait de la relation que le thérapeute entretient en continu avec le patient avant, pendant et après l'opération. »

INDICATIONS

Elles sont variées. Entre autres :

- Douleurs chroniques, douleurs aiguës et troubles psychosomatiques ;

- Pose de Port-a-cath® ;

- Préparation en vue d'une intervention chirurgicale ;

- Soins palliatifs ;

- Obstétrique et gynécologie ;

- Céphalées ;

- Troubles du sommeil ;

- Troubles compulsifs (alcool, tabac, boulimie) ;

- Sexologie ;

- Rééducation fonctionnelle.

TECHNIQUE

Il existe plusieurs techniques d'induction de l'état hypnotique, elles varient en fonction du soignant et du patient(1). Toutefois, certaines conditions sont généralement requises :

- Diminution ou exclusion des stimulations extérieures, pour créer une ambiance favorable à la détente et au sommeil du sujet en position assise ou allongée ;

- Fixation de l'attention, soit par un objet, soit par un groupe d'idées ; la fixation par le regard ou la fascination relève du folklore ;

- Stimulations auditives : l'opérateur répète les suggestions d'une voix monotone ; le ton autoritaire, employé autrefois, a fait place à une approche plus souple adaptée aux différents cas ;

- Établissement d'un « rapport », c'est-à-dire d'une relation de confiance entre le médecin et le malade.

BÉNÉFICES

- Soulagement de la douleur du patient (douleurs organiques, pathologies psychosomatiques) ;

- Réduction de l'appréhension du malade ;

- Renforcement de l'autonomie du malade : l'infirmière peut le former à la pratique de l'autohypnose, pour soulager une crise douloureuse et mieux s'adapter au quotidien ;

- Meilleure gestion de la relation soignant/patient : « au-delà de la qualité technique du soin, l'hypnose permet à l'infirmière d'exercer son rôle propre sans être uniquement dans l'émotion, précise Christine Vial. Elle peut ainsi utiliser cette relation de proximité privilégiée tout en se préservant de la charge émotionnelle. C'est un moyen d'être à la fois très proche et plus efficace en s'économisant et en se mettant à l'abri du risque de burn-out. »

1- Rens. : Sylvie Bellaud-Caro et Laurent Gross Mél : sbc@hypnose-therapeutique.com et lgross@hypnose-therapeutique.com.

Sur Internet

> Institut français d'hypnose : http://www.hypnose.fr ;

> Association française d'hypnothérapie : http://www.afhyp.com ;

> Institut Erickson de Paris : http://www.merickson-paris.asso.fr ;

> Séminaires du Dr Victor Simon à l'Institut de médecine psychosomatique d'hypnose clinique et de thérapie brève de Lille : http://www.hypnose.org ;

> Formation à l'hypnose ericksonienne et aux thérapies brèves à l'Institut Milton-Erickson de Vaison-La-Romaine : http://www.multimania.com/hypnoseclinique.