La réa' proche du coma - L'Infirmière Magazine n° 227 du 01/05/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 227 du 01/05/2007

 

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Un tiers des infirmières de réanimation souffrent du syndrome de l'épuisement, selon une vaste étude.

C'est la première étude de cette envergure à être réalisée auprès d'infirmières de réanimation. Publié dans l'American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, ce travail, initié après une enquête auprès des médecins sur le même thème(1), s'appuie sur 2 392 questionnaires émanant de 165 services.

très exposées

Premier enseignement : 32,8 % des infirmières de réanimation présentent un syndrome de burn-out sévère. Cela implique l'épuisement émotionnel, une déshumanisation de la relation à l'autre et une perte du sens de l'accomplissement de soi au travail.

Bien entendu, les infirmières de réanimation sont exposées à des situations particulièrement dures (décisions difficiles à prendre, question de la fin de vie). Des spécificités liées à l'activité du service qui sont « essentielles », selon Marie-Cécile Poncet, cadre supérieur infirmier qui a mené l'étude avec son équipe de l'hôpital Saint-Louis, à Paris.

« L'implication de l'infirmière dans une décision de limitation d'arrêt thérapeutique, et l'accompagnement d'une fin de vie sont les deux facteurs principaux de la survenue du syndrome », explique Marie-Cécile Poncet. S'ajoutent d'autres facteurs de risque comme les conflits, notamment avec les patients et les familles.

éléments protecteurs

Au contraire, certains facteurs semblent protéger du burn-out : l'âge, la possibilité de prendre des jours de repos à un moment souhaité par l'infirmière, de bonnes relations avec le cadre et avec le médecin, et enfin, la participation à un groupe de travail. « Il existe des services où rien n'est partagé, regrette Marie-Cécile Poncet. Il le faut pourtant, car c'est bien le soignant qui est au lit du malade. La solution de beaucoup de problèmes, c'est la circulation de l'information, à condition que les décisions soient bien encadrées. »

1- Cette étude avait montré que 46,5 % des médecins étaient concernés par le problème.

zoom

Dépenses, libido...

L'étude a mis en évidence l'impact du burn-out sévère sur la vie quotidienne. Les infirmières concernées ont un sommeil plus perturbé que leurs collègues (66 % contre 50 %), des insomnies (65 % contre 55 %), des dépenses d'argent excessives (47 % contre 33 %). Surtout, elles sont beaucoup plus irritables (62 % contre 37 %), ont envie de changer de travail (60 % contre 29 %), ont des troubles de l'alimentation (52 % contre 28 %), des pertes de mémoire (41 % contre 28 %), des troubles de la libido (35 % contre 15 %), ou encore, présentent des symptômes dépressifs (29 % contre 4 %).