Les infections sexuellement transmissibles - L'Infirmière Magazine n° 227 du 01/05/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 227 du 01/05/2007

 

prévention

Conduites à tenir

Parfois asymptomatiques, certaines infections peuvent avoir des conséquences graves si elles ne sont pas détectées et prises en charge.

INFECTIONS ET TRAITEMENT

Syphilis. Très contagieuse, non douloureuse, la syphilis est une infection bactérienne qui peut commencer par un ulcère au niveau des muqueuses génitales, anales ou buccales et se traduire plus tardivement (6 à 24 semaines) par l'apparition de boutons sur le torse, les paumes, les plantes de pied ou les muqueuses. Elle se transmet par contact sanguin ou sexuel (ou buccal en transmission secondaire). Pas toujours apparente, elle peut être soignée par un traitement antibiotique (une à trois injections de pénicilline, ou autre en cas d'intolérance).

Lymphogranulomatose vénérienne rectale (ou maladie de Nicolas-Favre). Infection à chlamydia au niveau de l'anus, elle se manifeste par une forte inflammation pouvant provoquer des écoulements et des douleurs. Ses premières lésions passent souvent inaperçues. Puis les ganglions peuvent gonfler, témoignant de complications inflammatoires des organes génitaux externes. Elle se transmet par la pénétration (sexe, anus, bouche). Traitement : 100 mg de Doxycycline deux fois par jour pendant 3 à 6 semaines.

Chlamydioses. Infections les plus répandues, elles se manifestent par quelques écoulements génitaux, parfois accompagnés de brûlures en urinant ou de douleurs pendant les rapports sexuels. Une transmission mère-enfant à la naissance peut engendrer une conjonctivite grave ou une pneumonie chez le nouveau-né. Jusqu'alors traitées par antibiothérapie pendant 20 jours, les chlamydioses bénéficient d'un traitement « minute » par azythromycine. Une surveillance assez longue par des examens de laboratoire s'impose après le traitement.

Gonococcie. Extrêmement contagieuse, la gonococcie est bénigne et facile à guérir sous réserve d'être prise en charge rapidement. Bruyante dans 90 % des cas chez l'homme (urétrite aiguë), elle ne présente aucun symptôme chez 65 % des femmes, bien qu'elle soit hautement contagieuse. Certaines femmes sont néanmoins alertées par une gêne discrète en urinant ou des pertes abondantes, jaunâtres accompagnées de douleurs dans le bas-ventre. Le traitement consiste en une dose unique d'antibiotique per os ou IM.

Condylomes. Très contagieuses, les « végétations vénériennes » joueraient un rôle dans le déclenchement des cancers des voies génitales. Les lésions en « crêtes de coq » sont presque toujours visibles chez la femme sur les zones génitales, mais microscopiques chez l'homme. Le traitement repose sur l'application locale de podophylotoxine (Condyline®, Wartec®) durant 4 jours ou d'imiquimod (Aldara®) à raison de 3 par semaine le soir au coucher, jusqu'à disparition totale des lésions, maximum 16 semaines (à observer scrupuleusement). Autres techniques, lorsque les végétations sont importantes : électrocoagulation, vaporisation au laser, neige carbonique, azote liquide. Les récidives sont fréquentes.

RISQUES MAJEURS

Mal ou pas soignées, de nombreuses infections exposent à un risque de stérilité. Chez la femme, la gonococcie et la chlamydiose non traitées peuvent se propager dans la région pelvienne, infecter l'utérus, les trompes de Fallope et les ovaires et provoquer une maladie inflammatoire pelvienne, entraînant la formation de tissus cicatriciels autour des organes pelviens et le blocage de la migration de l'ovule vers l'utérus. Après une période de maladie inflammatoire pelvienne, le risque de stérilité chez la femme est de 15 %. Il atteint 35 % après deux épisodes et 75 % après 3 épisodes. Chez l'homme, la chlamydiose peut perturber la fertilité par atteinte des testicules. Les ulcérations et les érosions génitales provoquées par les infections augmentent le risque d'acquisition et de transmission du VIH et de l'hépatite C. Chez les séropositifs, les infections favorisent la multiplication du virus et les lésions de condylomes, et la survenue de cancers génitaux. Enfin, il existe un risque de transmission materno-foetale.

DÉPISTAGE

Si le préservatif protège des infections dont la transmission est strictement sexuelle (VIH, blennorragies), il n'est pas totalement efficace contre d'autres infections (syphilis, herpès, condylome, LVG) .

Les populations à risque doivent se prêter à un dépistage des infections deux fois par an et inciter au dépistage leur(s) partenaire(s) en cas d'infection. Ceci est d'autant plus important que certaines infections sont asymptomatiques, que la plupart guérissent correctement si elles sont traitées à temps et que toutes bénéficient de traitements permettant d'éviter les complications.

RECOMMANDATIONS

Il importe de recommander à la personne supposément infectée d'avertir ses partenaires, de cesser toute activité sexuelle impliquant une pénétration sans protection, de n'utiliser aucun traitement avant d'avoir consulté car cela pourrait fausser le diagnostic, de consulter un médecin rapidement, et d'effectuer les examens de laboratoire prescrits par le médecin.

Le patient infecté suivra le traitement en respectant sa durée même si les symptômes disparaissent rapidement, s'abstiendra de rapports sexuels jusqu'à la disparition des signes et la fin du traitement, incitera les partenaires à consulter, fera contrôler la guérison avant reprise des rapports sexuels.