Prévention, mode d'emploi - L'Infirmière Magazine n° 227 du 01/05/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 227 du 01/05/2007

 

CMP

Du côté des associations

Isolement, exclusion, suicide... Doté d'un statut original, le centre Popincourt adapte son action aux priorités de santé publique.

Son nom est trompeur, mais « Recherche et rencontres », n'est pas un club de célibataires. L'association, dont l'appellation s'inspire des collectifs d'entraide d'après- guerre, parfois informels, destinés à soutenir les femmes à la recherche des disparus, gère le centre médico-psychologique (CMP) de Popincourt.

« marge de manoeuvre »

Créée par des assistantes sociales en 1958, l'association commence par conduire une réflexion institutionnelle sur l'isolement. Cette démarche la mène à la psychiatrie - alors en plein renouveau - et pousse l'association à modifier son statut : dispensaire, puis hôpital de jour, et enfin, CMP.

« Aujourd'hui encore, nous sommes gérés par l'établissement public de santé Perray-Vaucluse, même si cela n'a plus beaucoup de sens, explique le directeur du centre, Philippe Carette. Dans les faits, nous dépendons plus de l'Agence régionale de l'hospitalisation d'Île-de-France. Nous avons la particularité d'être entièrement dédiés à un service public en plus d'être gérés par une association. Cela n'est pas facile pour la comptabilisation de notre activité, mais cela nous donne une certaine autonomie, une marge de manoeuvre, qui nous permet de participer à des projets qui nous intéressent. »

Avec une file active annuelle d'environ 800 personnes par an, le centre accueille des personnes de plus de 16 ans souffrant d'isolement, en détresse psychologique ou suicidaires. Elles sont envoyées par le secteur, le médecin de ville ou l'assistante sociale... Internet est aussi devenu un vecteur de communication important : « 30 % des personnes qui viennent ici ont d'abord consulté notre site(1) », précise Philippe Carette.

isolement

Le centre Popincourt assure une prise en charge qui combine un travail individuel avec le travail de groupe, clé de la reconstruction de ces personnes. Une équipe de 23 personnes travaillant à temps partiel, composée d'accueillants, d'art-thérapeutes, de psychologues, d'artistes, d'assistantes sociales et de psychiatres, prend en charge l'accueil, les entretiens, la consultation gratuite pré et post-hospitalisation, différents ateliers d'expression ou de création, et enfin une orientation. « À travers des entretiens individuels avec un psychologue et une assistante sociale, via un atelier de modelage ou de peinture, la personne en souffrance retrouve la possibilité de s'exprimer, de créer, de communiquer. C'est la combinaison de ces différents acteurs qui rend notre travail spécifique, observe Philippe Carette. Notre liste d'attente nous contraint à orienter les nouvelles demandes vers d'autres structures. Mais comme le secteur est saturé, ce n'est pas facile. Les personnes qui sortent d'hospitalisation et qui sont sans domicile nous sont souvent envoyées. On travaille beaucoup avec une population très isolée et suicidaire. »

La prévention du suicide est l'une des vocations du centre. Avec 160 000 tentatives de suicide et 12 000 morts par an, c'est un problème majeur de santé publique. La prévention passe avant tout par une facilitation de l'accès à l'information.

le québec en avance

Le site Internet infosuicide, mis à jour régulièrement et interactif, est un outil d'information important. « Recherche et rencontres » a également fondé l'UNPS (l'Union nationale de prévention du suicide), regroupant onze associations dont le but est d'alerter, de sensibiliser et d'alarmer l'opinion publique. Une fois par an, elles coorganisent la journée nationale pour la prévention du suicide. « Grâce à l'UNPS, nous avons mis en place un programme de prévention du suicide. Le premier plan, entre 2000 et 2005, a bien été relayé par les pouvoirs publics. Malheureusement, le deuxième, pour la période 2006-2010, est moins soutenu et moins financé. L'un de nos objectifs serait de monter un observatoire national sur le suicide car nous manquons de données et d'études sur cette problématique. À ce propos, l'une de nos activités est de participer à des travaux de recherche. Nous avons beaucoup travaillé dernièrement avec le centre de recherche et d'intervention sur le suicide et l'euthanasie de Montréal. Nous sommes très en retard par rapport au Québec. Nous travaillons aussi beaucoup avec le Groupe de recherche action Internet dans la prévention du suicide. Notre avenir est étroitement lié aux décisions politiques, et comme nous sommes à cheval sur plusieurs problématiques... Nous verrons quelle orientation prendre par rapport à la politique affichée pour le nouveau quinquennat, car notre chance est d'avoir cette flexibilité propre aux associations. »

1- http://www.infosuicide.org.

Centre Popincourt, 6, rue de l'Asile-Popincourt, 75011 Paris.

Tél. : 01 42 78 19 87.

Internet : http://www.recherche-rencontres.org.

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