S'intégrer à une équipe - L'Infirmière Magazine n° 227 du 01/05/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 227 du 01/05/2007

 

Vous

Mieux vivre

On vit ensemble, on soigne ensemble ! Dans un nouveau service, pas question de vous retrouver exclue. Mais attention à ne pas non plus vous fondre dans le paysage... Conseils pratiques pour vous faire apprécier à votre juste valeur.

Infirmière, c'est un travail d'équipe. Je dirais même plus, un travail d'équipes. Le jour, la nuit, les équipes se relaient, collaborent avec médecins et aides-soignantes. « C'est un métier à responsabilité, ou l'erreur peut avoir de lourdes conséquences », rappelle Nathalie Raffort, qui dirige les 147 infirmières et aides-soignantes des urgences de l'hôpital de Lariboisière, à Paris. « Celui qui compte, c'est le patient. Au sein de l'équipe soignante, il n'y a pas de place pour le moindre dysfonctionnement. » Vos alliées, pour vous intégrer, ce sont d'abord vos qualités.

adaptabilité

Quelles que soient votre formation et votre expérience, impossible de tout savoir et de tout connaître. Chaque service a ses particularités techniques, son histoire et ses règles. Pour vous adapter, faites preuve d'écoute et d'observation.

indépendance

Les autres infirmières sont là pour vous former, mais surtout pour s'occuper des patients. « Quand une nouvelle arrive, ce qui fait la différence, c'est sa capacité à être vite autonome », explique Anne-Cécile Viniacourt, infirmière à l'Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), à Paris. Si on doit toujours passer derrière vous ou vous expliquer ce qu'il faut faire, vous allez vite être perçue comme le « maillon faible » qui ralentit l'équipe.

curiosité

N'hésitez pas à poser des questions ! Il y a souvent de grandes différences d'âge au sein d'une équipe. « Ce n'est pas un problème, au contraire, estime Anne-Sophie Parent de Lannoy, une jeune infirmière de l'HEGP. Les anciennes ont plus de vécu, elles sont contentes de partager leur expérience avec nous. » Mais comme tout est question de dosage et d'équilibre, il vaut mieux veiller à ne pas étouffer de demandes vos aînées... Rappelez-vous : l'indépendance !

initiative

L'indépendance implique un véritable esprit d'initiative. N'attendez pas toujours qu'on vous demande de faire les choses pour vous y mettre ! Anticiper les besoins montre que vous êtes attentive au service et aux besoins de l'équipe. Un vrai plus pour ceux qui travaillent avec vous.

esprit d'équipe

« Une qualité très appréciable chez une infirmière est sa capacité à relayer l'information », explique Marie-Lise Bacle, cadre supérieur de santé à l'hôpital Ambroise-Paré à Paris. Une transmission d'autant plus facile à mettre en oeuvre si vous vous intéressez au travail des autres (aides-soignantes, ASH...) et que vous participez à tous les soins.

empathie

Au centre de votre métier, il y a le patient. Et il n'est pas toujours facile de trouver la bonne distance. Il ne faut être ni trop empathique, ni trop distante. Dans un cas, vous risquez de totalement plomber le moral de l'équipe, dans l'autre de passer pour une personne insensible.

souplesse

« Je ne demande pas aux infirmières d'abandonner leur vie privée, mais je suis étonnée quand l'une d'elle se plaint parce qu'elle doit s'occuper de 14 malades au lieu de 13 une fois de temps en temps », reconnaît Nathalie Raffort, cadre infirmière aux urgences de l'hôpital Lariboisière à Paris. En somme, n'acceptez pas tout, mais faites preuve d'un peu de souplesse.

machine à café

Les moments de pause sont l'occasion de souffler un peu au calme, mais aussi de mieux connaître vos collègues. C'est cela qui va souder l'équipe et lui permettre de mieux fonctionner. Mais attention tout de même à ne pas être intrusive quand vous sentez une certaine réserve.

neutralité

En cas de conflit, évitez de prendre parti. Contentez-vous d'exposer le problème de la manière la plus neutre.

En savoir plus

Parcours

Pour Nathalie Raffort, une infirmière bien intégrée est une infirmière compétente. Cadre aux urgences de Lariboisière, elle a mis au point un parcours d'intégration pour les nouvelles recrues.

> Un mois sans pression

Pendant un mois, les arrivantes ne sont pas comptées au planning, pour pouvoir participer aux soins sans pression. « Je leur demande d'abord si elles ne sont pas à l'aise avec certains gestes, pour qu'elles puissent les travailler à fond. Une fois intégrées, elles n'auront plus le droit à l'erreur. »

> Horaires fluctuants

Pour connaître le fonctionnement du service, les nouvelles sont invitées à changer d'horaires régulièrement : « parce qu'il n'y a qu'une équipe, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, solidaire ». « Prendre un peu plus de temps pour intégrer les spécificités du service, ça permet d'avoir une infirmière compétente plus vite. Et une fois dégagée de l'aspect technique, elle peut se consacrer à la dimension humaine de son métier. »

> Contrat moral

« À travers ce parcours, j'essaie aussi d'avoir une certaine stabilité dans mon équipe, poursuit Nathalie Raffort. Je propose un contrat moral de trois ans à mes infirmières. Un an pour la mise en place, un an d'excellence et un an pour préparer son départ du service. »

témoignage

« Certains services font trembler ! »

« Quand on est étudiante, il est rare que tous les stages se passent bien, relève Emmanuelle Bordes, 26 ans, infirmière au service d'immunologie de l'HEGP, à Paris. Un de mes stages, en pédiatrie, m'avait beaucoup angoissée et l'équipe ne m'avait pas soutenue. Et puis certaines infirmières saquent les jeunes, il y a même des services qui font trembler les étudiantes à l'avance. Arriver dans un nouveau service, c'était mon cauchemar. Mais ça change souvent quand on est diplômée, les gens sont plus rassurés. J'ai rencontré mon équipe à un barbecue, avant de travailler avec eux. Ça m'a rassurée de voir une équipe soudée, qui faisait des choses en dehors du travail et se respectait. Ça n'est pas toujours facile de remplacer une personne très appréciée. Mais ceux qui travaillent bien et respectent les patients s'en sortent toujours mieux. »