L'entretien psychologique - L'Infirmière Magazine n° 228 du 01/06/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 228 du 01/06/2007

 

addictologie

Conduites à tenir

L'entretien psychologique permet au patient de comprendre les mécanismes de ses conduites addictives et d'adopter de nouveaux comportements.

Comme le patient dépendant s'attache souvent à des représentations négatives des « psy », il est nécessaire de le rassurer. Dans un premier temps, un espace de parole sans jugement lui est proposé. Il s'agit d'établir une relation de confiance basée sur un respect mutuel. Il est important de ne pas projeter ses propres désirs de changements sur le discours du patient. Dans un second temps, le psychologue l'informe sur sa façon de travailler, les techniques utilisées et le cadre de la prise en charge. L'objectif est de lui permettre de prendre une part active dans sa thérapie et de lui donner des repères.

ENTRETIEN MOTIVATIONNEL

Pour amener le patient à mettre en oeuvre et maintenir un changement de comportement, il faut adopter des objectifs intermédiaires adaptés à son stade d'élaboration. Ce type d'entretien, variable selon la formation du professionnel, peut être utilisé indifféremment par le psychologue, l'infirmière, le médecin ou l'éducateur.

Les psychologues Di Clementi et Prochaska décrivent un cycle de cinq stades ;

Pré-intention : le patient n'envisage pas encore de changer de comportement.

Intention : il pose des questions, formule un désir de changement, en voit les aspects positifs, mais reste réticent à abandonner les avantages de ses consommations. Il existe une ambivalence.

Détermination : le patient envisage activement de changer, il commence à examiner les solutions.

Action : il a cessé de consommer.

Maintien : l'arrêt perdure depuis environ un an.

L'entretien motivationnel est avant tout basé sur l'empathie, la reconnaissance et le respect des résistances du patient. Il permet au patient de renforcer son sentiment d'efficacité personnelle, sa confiance en sa capacité à gérer correctement certaines situations, mais aussi d'enclencher un nouveau cycle de ces 5 stades, en cas de rechute, sans avoir un sentiment d'échec. Chaque cycle représente une progression.

RELAXATION

Elle permet d'éliminer les tensions neuromusculaires et psychiques, d'intervenir dans les troubles neurovégétatifs. Elle propose une alternative comportementale de gestion des situations de stress permettant au patient de retrouver ses émotions (envies, angoisses, peurs, tristesse).

La relaxation débute par l'apprentissage de la respiration profonde (abdominale), et rythmée (qui ralentit le rythme respiratoire). Elle fait appel à deux techniques.

Le training autogène de Schultz consiste à répéter des phrases suggestives et codifiées, du type « je suis calme, mon corps est lourd, détendu », conduisant progressivement à développer les conditions d'une véritable détente.

La relaxation de Jacobson se situe quant à elle à un niveau purement physiologique. Elle vise à se concentrer sur les sensations, passant par l'alternance de contraction et détente des différentes parties du corps.

Cette phase peut être utilisée dans le cadre d'une approche comportementale ou analytique, au cours de laquelle l'accès à ses envies et ses besoins fondamentaux est indispensable pour envisager des changements dans la vie.

THÉRAPIE COGNITIVE ET COMPORTEMENTALE

Elle nécessite la participation active du patient. Il s'agit d'une thérapie brève où thérapeute et patient forment une équipe pour atteindre un objectif fixé ensemble. Cette thérapie prend en compte les interactions entre l'environnement et l'individu (pensées, croyances, sensations physiques). Le thérapeute se concentre sur les facteurs de maintien du comportement addictif. Une thérapie cognitive et comportementale prévoit des tâches à effectuer par le patient entre les séances, une évaluation de ses difficultés et de ses progrès à l'aide d'échelles. La répétition des tâches vise à installer de nouveaux comportements ou de nouvelles façons de penser. L'évaluation permet au patient d'élaborer lui-même les phénomènes en jeu. Véritable acteur de sa thérapie et de ses changements, son sentiment d'efficacité personnelle est ainsi renforcé.

PSYCHOTHÉRAPIE ANALYTIQUE

Les conduites addictives sont considérées par cette approche comme un symptôme de conflit psychique. Il s'agit d'aider le sujet à identifier ses conflits pour pouvoir agir dessus. Le patient est amené à s'interroger sur son histoire familiale et sur les liens en place avec sa mère, son père et sa fratrie. Cette approche permet au sujet de comprendre le sens de ce qu'il a vécu et de ce qu'il vit aujourd'hui. Cette thérapie est souvent proposée dans un second temps et en complément d'autres approches car elle est particulièrement angoissante pour le sujet dépendant : elle le confronte aux conflits psychiques jusqu'alors évités.

Faire/ne pas faire

Attitude à adopter :

> Manifester de l'empathie ;

> Utiliser autant que possible les questions ouvertes ;

> Utiliser l'écoute en écho, c'est-à-dire la reformulation du discours du patient ;

> Renforcer le sentiment de liberté de choix ;

> Renforcer le sentiment d'efficacité personnelle.

Attitude à éviter :

> Se confronter au patient (cela renforce ses résistances) ;

> Se focaliser d'emblée sur le problème ;

> Porter un jugement ;

> Adopter une attitude d'expert : « on sait ce qu'il faut faire pour régler votre problème » ;

> Coller une étiquette diagnostique.