Le web médical pas toujours net - L'Infirmière Magazine n° 228 du 01/06/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 228 du 01/06/2007

 

Internet

Éthique

Un label aide les internautes à faire le tri parmi les sites consacrés à la santé et aux soins.

Alors qu'un nombre incalculable de pages liées au domaine médical sont en accès libre sur la toile, aucun dispositif à grande échelle n'existe, pour l'instant, afin de protéger les internautes qui consultent ces sites, à titre professionnel ou privé.

Tout juste peuvent-ils compter sur l'éthique et la déontologie des éditeurs et des auteurs de contenus et sur leurs propres critères de sélection. Devant l'affluence de sources plus ou moins fiables, il n'est pas toujours simple de s'y retrouver dans ce grand capharnaüm multimédia.

fiable et crédible

La Haute autorité de santé (HAS) qui, depuis sa création en 2004, a entre autres missions « de veiller à la qualité de l'information médicale diffusée », « d'informer les professionnels de santé et le grand public, et d'améliorer la qualité de l'information médicale », devrait mettre en place d'ici quelques mois un système de labellisation. Interrogée, la HAS n'a pas souhaité communiquer sur le sujet.

De fait, on ignore tout des modalités de certification qu'elle compte appliquer. Tout juste sait-on que l'esprit de son label serait proche de celui de la fondation « Health on the Net » (HON). Organisation non gouvernementale, reconnue par le Conseil économique et social des Nations-Unies, « Health on the Net » promeut « la mise à disposition de l'information en ligne sur la santé et la médecine, ainsi que son utilisation appropriée et efficace ». En 1996, la fondation a créé le HONcode, une accréditation assurant aux internautes une information « fiable et crédible ». Les sites qui en bénéficient apposent un logo sur leur page d'accueil. Ils sont aujourd'hui environ 5 000. Valable un an, l'accréditation peut être retirée à tout moment.

huit principes

Le HONcode ne contrôle pas les contenus éditoriaux, mais fonde son accréditation sur le respect de huit principes éthiques définis par la fondation et auxquels doivent souscrire les sites candidats. Ils s'engagent notamment à indiquer la qualification des rédacteurs, à « compléter » et non à remplacer la relation patient-médecin, à préserver la confidentialité des informations personnelles soumises par les internautes, à justifier toute affirmation sur les bienfaits ou les inconvénients de produits ou traitements et séparer la politique publicitaire de la politique éditoriale. Guy Isambart, ancien directeur de soins, est responsable du site de l'Association de recherche en soins infirmiers (Arsi), certifié HONcode depuis mars dernier : « à l'heure où il faut moins de cinq minutes pour créer un blog, ce type de dispositif est devenu incontournable. Et s'il ne prémunit pas de tout, il protège quand même un peu les internautes. »

En savoir plus : http://www.arsi.fr ; http://www.has-sante.gouv ; http://www.healthonnet.org.

TÉMOIN Tiphaine Pierret, étudiante.

« Les étudiants utilisent mal Internet »

« J'ai effectué mes études supérieures au Canada, à une époque où l'usage d'Internet était plus avancé qu'en France, raconte Tiphaine Pierret, étudiante infirmière en 2e année. Après un DEA de neurosciences, j'ai obtenu un DESS de journalisme scientifique, et ai été pigiste pendant plusieurs années. Internet est un outil que j'utilise depuis 1995. À l'Ifsi, les étudiants ne savent pas, pour la plupart, se servir du web, et collectent les contenus tels qu'ils viennent, sans se soucier ni de la qualité de l'information ni des sources. Dans ce contexte, le risque est réel qu'ils gobent n'importe quoi et contribuent aussi à diffuser des informations erronées, car le copier-coller est très répandu. La certification peut être pertinente pour garantir a minima la véracité des contenus éditoriaux. Encore faudra-t-il que les utilisateurs sachent faire le tri des sites. En bref, pour ceux qui ne sont pas dans une démarche d'autocontrôle, ça ne changera rien. En revanche, pour les plus précautionneux, un site labellisé sera un plus. »