Les détenus soutenus - L'Infirmière Magazine n° 228 du 01/06/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 228 du 01/06/2007

 

Hépatite C

Actualités

Santé

Une consultation infirmière a été ouverte à Lille pour les porteurs du VHC incarcérés.

Lors du congrès des professionnels de santé intervenant en prison, du 3 au 5 mai à Nantes, une expérience infirmière menée à Lille auprès de détenus porteurs du VHC a été présentée. « Cette idée de consultation infirmière d'éducation thérapeutique pour les détenus porteurs du VHC sous traitement me tenait à coeur depuis longtemps, explique Jean-Pierre Allemand, infirmier à l'Unité de consultations et de soins ambulatoires (Ucsa) des établissements pénitentiaires de Lille(1) et initiateur du projet il y a sept ans. On s'apercevait que leur prise en charge était insatisfaisante au sein de la prison. Elle se limitait uniquement à assister le patient lors de son injection, à noter sur son carnet de suivi la date de l'injection et les éventuels effets secondaires et à lui délivrer des antalgiques. L'hépatite C est pourtant une maladie chronique(2) au même titre que l'hypertension artérielle, la polyarthrite rhumatoïde, le VIH, le diabète et l'asthme... mais c'est la première maladie chronique dont on pourrait guérir. »

Ce problème de santé publique est encore plus aigu en milieu carcéral, « où l'on note une augmentation de détenus porteurs du VHC connu ou dépisté lors de leur incarcération », selon Jean-Pierre Allemand.

éducation thérapeutique

Tous ces éléments ont ainsi abouti à la mise en place d'une consultation infirmière d'éducation thérapeutique. « Nous voulions améliorer la prise en charge globale du patient-détenu, en l'accompagnant tant sur le plan physique, psychologique que social, pendant son incarcération, et en préparant sa sortie », explique l'infirmier.

meilleure observance

Le pari était ainsi défini par Jean-Pierre Allemand : « si le patient-détenu est capable de gérer les effets secondaires, de mieux connaître la maladie, d'être autonome [principes qui renvoient au concept d'éducation thérapeutique], cela évite ou réduit les conduites à risque et les complications, avec des consultations et des hospitalisations à répétition ».

Sept ans après, la soixantaine d'infirmières exerçant au sein des Ucsa de la région Nord-Pas-de-Calais a été formée à l'éducation thérapeutique et les quinze infirmières de l'Ucsa de Lille assurent à tour de rôle cette consultation particulière. Et, selon Jean-Pierre Allemand, « on constate une amélioration de l'état de santé des détenus ainsi accompagnés, notamment grâce à une meilleure observance du traitement ».

1- Deux maisons d'arrêt et un centre de détention, soit environ 1 500 détenus.

2- Pour 70 à 80 % des personnes infectées, l'hépatite C devient chronique.

zoom

livret de santé

L'accompagnement infirmier débute dès l'annonce de la charge virale positive. Cet accompagnement se fait avec l'aide d'un document individuel de suivi : le « livret d'éducation thérapeutique ». Ce livret comprend, entre autres, un dossier éducatif (diagnostic éducatif, contrat, suivi des acquisitions et leurs évaluations), le suivi de la bithérapie (un agenda personnel de suivi est remis au patient). Tous les éléments de la prise en charge y étant notés, le livret pourra être remis au médecin traitant ou à tout autre relais (hôpital, réseau, laboratoire) pour la poursuite des soins à l'extérieur de la prison.