Au chevet des nounours - L'Infirmière Magazine n° 229 du 01/07/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 229 du 01/07/2007

 

Maternelles

Du côté des associations

La nounoursologie, une spécialité d'avenir ? Dans 34 villes de France, des enfants confient leurs peluches à des étudiants en soins. Objectif : dédramatiser l'univers de l'hôpital.

Quelle semaine ! Kolia Benié, étudiante en troisième année de médecine, a soigné un ours atteint de la grippe aviaire, une girafe qui s'était cassé la jambe en tombant de moto et une souris qui s'était coincé la queue dans une porte. Kolia est nounoursologue à « l'Hôpital des nounours ». En collaboration avec des étudiants dentaires, kiné, infirmières, psy, des étudiants en médecine recréent un mini-hôpital dans une salle de leur ville, avec salle d'attente, cabinet médical, poste de soins, service de radiologie, bloc opératoire et pharmacie.

l'hôpital en noir

Les étudiants nounoursologues reçoivent une formation par une équipe de professionnels de la santé, constituée de psychiatres, psychologues et pédiatres, afin de les aider dans leur mission : diminuer la crainte des enfants confrontés à un univers médical. Ils rencontrent les enseignants, puis les enfants, quelques jours avant la manifestation. Ils leur parlent de l'hôpital et leur font choisir une pathologie pour leur nounours. « Les enfants nous confient les peurs qu'ils éprouvent face à l'hôpital. Quand ils dessinent l'hôpital, c'est souvent avec des dessins assez noirs », explique Kolia.

pas une punition !

Les peurs qui reviennent souvent ? Francoise Galland, directrice de Sparadrap, une association dédiée aux familles des enfants malades ou hospitalisés, les connaît bien. « C'est l'inconnu qui angoisse terriblement les enfants. Leur imagination débordante va leur faire croire des choses atroces ! Déjà, s'ils savent et s'ils comprennent ce qui les attend, ils seront plus sereins. Ensuite, l'enfant craint la séparation d'avec sa mère. Il a également peur de la piqûre, de l'anesthésie, de la douleur. Parfois même, il culpabilise, persuadé d'être puni pour n'avoir pas été sage ! » poursuit Françoise Galland. L'Hôpital des nounours va permettre à l'enfant de mieux comprendre cet univers.

Les enfants de moyenne section accompagnent donc leur peluche souffrante à l'Hôpital des nounours, avec leur classe et leur enseignant. Ils passent d'abord par l'accueil, pour enregistrer le petit malade. Selon la pathologie de la bestiole, l'enfant sera dirigé dans l'une ou l'autre des salles, et pris en charge par un nounoursologue habillé en médecin.

hygiène élémentaire

La peluche est pesée, mesurée, son coeur est écouté. « C'est amusant de constater que les enfants entendent vraiment le coeur de leur nounours ! » s'amuse Kolia.

L'enfant devra enfiler une blouse, un bonnet de bloc et des couvre-chaussures si son nounours doit subir une intervention chirurgicale. Il se prête au jeu avec plaisir. Et les étudiants, eux, profitent de cette journée pour enseigner aux enfants des règles élémentaires d'hygiène : lavage des mains avec un produit antiseptique, masque sur la bouche afin d'empêcher les microbes de passer, etc. Le nounoursologue explique également à la peluche et son « parent » tous les gestes qu'il effectue. Quand le diagnostic tombe, le nounours sait exactement ce qui l'attend pour le reste de la journée. S'il souffre trop, le gentil nounoursologue lui prescrit un stop-bobo... Et c'est au tour des infirmières de prendre le relais.

« Moi, je fais les bandages pour les petits qui se sont cassé un bras ou une jambe. Je donne aussi les médicaments à ceux qui ont des otites, parce que les nounours étaient cette année très sensibles des oreilles ! J'en profite pour expliquer à l'enfant que les médicaments ne sont pas des bonbons et qu'ils peuvent faire beaucoup de mal s'ils sont ingérés à mauvais escient, observe Caroline, en troisième année d'Ifsi dans la région parisienne. C'est la deuxième fois que je participe à cette manifestation et j'en suis très fière. C'est très important que les enfants sachent ce qui les attendra à l'hôpital, si un jour ils doivent y aller. D'ailleurs, cela dédramatise aussi leur relation avec leur pédiatre ou avec leur dentiste. Les enfants qui bénéficient de cette visite ont vraiment de la chance ! »

nounours sensibles

Cette année, ils seront environ 9 000 à visiter cet Hôpital des nounours, presque le double par rapport à l'année dernière. Les enfants repartent avec une peluche guérie, un carnet de santé et une vision de l'hôpital bien meilleure qu'avant, comme l'attestent les dessins qu'ils réalisent pour les offrir à leurs nounoursologues. Ceux-ci reviennent quelques jours plus tard dans l'école. Pour prendre les dernières nouvelles des peluches, bien sûr.

Articles de la même rubrique d'un même numéro