Le cancer bronchique - L'Infirmière Magazine n° 229 du 01/07/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 229 du 01/07/2007

 

pneumologie

Conduites à tenir

Outre la préparation à la radiothérapie et de la chimiothérapie, l'infirmière a un rôle majeur dans l'information et l'éducation du patient atteint de cancer bronchique.

SOINS TECHNIQUES

État général.

L'indice de Karnofsky permet de définir de façon assez précise l'activité d'un patient, un des éléments de sa qualité de vie (lire tableau ci-dessous).

Bilan préopératoire.

Il doit être effectué selon les prescriptions médicales :

- fibroscopie bronchique ;

- scanner thoracique et éventuellement cérébral ;

- échographie hépatique ;

- scintigraphies ;

- exploration fonctionnelle respiratoire.

Ce bilan nécessite dans la prise des rendez-vous de respecter les délais nécessaires entre les examens. Il ne faut pas faire d'autres examens juste après la fibroscopie bronchique. On ne peut faire deux examens avec injection d'iode ou d'isotopes le même jour, etc.

Préparation à la radiothérapie.

Après une consultation médicale, le malade est centré sur un appareil spécifique, puis le plan de traitement est préparé par les physiciens du service de radiothérapie. Le plan de traitement doit être respecté pour que les doses prescrites soient exactement délivrées.

Les lésions cutanées sont rares. En fin de traitement, il survient souvent une oesophagite qui nécessite de prendre des aliments non irritants et des pansements oesophagiens en gel.

Si une chimiothérapie est prescrite, elle doit être parfaitement coordonnée avec la radiothérapie, car il existe des interactions entre les deux traitements nécessitant un plan de traitement coordonné.

Chimiothérapie

Préparation selon la prescription. La préparation de la chimiothérapie est, au mieux, faite sous hotte aspirante, pour éviter de disséminer les produits de chimiothérapie qui sont, pour beaucoup d'entre eux, potentiellement cancérigènes.

Lunettes de protection, surblouse et gants sont nécessaires.

Déroulement. La chimiothérapie est délivrée par une veine de gros calibre, mais au mieux, dans un cathéter ou par une chambre implantable en respectant les horaires et en surveillant l'absence d'extravasation.

Une extravasation lors de la délivrance de chimiothérapie nécessite la mise en oeuvre de soins médicaux spécifiques.

Effets secondaires. Il faut savoir les détecter. Ils sont liés à un effet antimitotique ou à une toxicité directe (lire tableau p. XI). Toutes les drogues ont un effet antimitotique sur les cellules normales, en particulier les lignées sanguines.

La baisse des globules blancs se poursuit jusqu'au nadir (le plus bas niveau, opposé au zénith) qui se situe entre le 8e et le 12e jour après la chimiothérapie. Entre cinq jours et treize jours après une chimiothérapie, il existe donc un risque important d'infection bactérienne. On ne débutera pas une chimiothérapie si le chiffre des polynucléaires neutrophiles est inférieur à 1 500 par mm3 avant le traitement.

La baisse de l'hémoglobine est beaucoup plus lente car les globules rouges ont une demi-vie plus longue. On ne débutera pas une chimiothérapie si l'hémoglobine est inférieure à 10 g pour 100 ml sans transfusion de culots globulaires préalable.

La thrombopénie s'installe après quelques cures de chimiothérapie. On ne débutera pas de chimiothérapie si le taux de plaquettes est inférieur à 100 000 par mm3.

Les effets digestifs (nausées et vomissements) sont presque constants avec les chimiothérapies, ils sont variables d'un malade à l'autre et doivent être prévenus : (cétron [Kytril®, Zophren®], Primpéran®).

L'alopécie s'installe après quatre à six semaines dans la plupart des cas. Elle est réversible à l'arrêt de la chimiothérapie.

La stérilité féminine et masculine est liée à l'atteinte des lignées gonadiques. Une congélation de sperme ou d'ovule est parfois possible avant traitement.

Les autres effets secondaires sont plus ou moins spécifiques de certaines drogues :

- les anthracyclines (adriamycine) qui touchent le muscle cardiaque (électrocardiogramme et échographie) ;

- les sels de platine qui peuvent induire une néphrotoxicité justifiant d'obtenir une diurèse supérieure à 2 ml par minute avant de débuter le traitement. Il existe également un risque d'atteinte périphérique ;

- les poisons du fuseau (Navelbine®, Vepeside®, vindésine) qui peuvent altérer la motricité intestinale (syndrome pseudo-occlusif).

Prise en charge des douleurs.

La douleur doit être prise en charge à tous les stades de la maladie cancéreuse.

La douleur doit être diagnostiquée, ses circonstances de déclenchement, sa durée, son siège précis doivent être déterminés.

Les antalgiques mineurs (paracétamol, Diantalvic®) sont souvent suffisants. Il faut envisager avec les médecins le recours aux antalgiques majeurs, en injection, permettant de déterminer la dose de morphiniques retard.

Prise en charge des autres soins palliatifs.

Outre la douleur, d'autres troubles (dyspnée, angoisse, troubles digestifs, etc.) doivent être soulagés.

SOINS RELATIONNELS

Parler de la maladie avec le patient et sa famille en restant cohérent par rapport au discours du reste de l'équipe médicale est nécessaire.

L'incertitude est, pour le patient, le plus souvent plus pénible que d'affronter la vérité, mais il faut respecter le désir de chacun.

Entourer la famille et l'encourager à maintenir un dialogue vrai avec le patient et à organiser la vie de chacun durant cette phase pénible de maladie.

La prise en charge à 100 % au titre de l'ALD 30 permet la gratuité des soins liés au cancer.

ÉDUCATION DU PATIENT

Suppression des facteurs de risque.

Il n'est jamais trop tard pour arrêter de fumer. Même après un cancer bronchique, le risque de récidive est deux fois moindre chez ceux qui arrêtent de fumer.

Explication de la fibroscopie.

Il faut expliquer au malade les examens complémentaires de façon à ce que le patient soit le plus calme possible au moment de l'examen.

Prévention des aplasies post-chimiothérapie.

Le malade doit être prévenu des précautions à prendre entre 4 et 14 jours après la chimiothérapie du fait des risques de complications infectieuses durant l'aplasie.

Ne pas entrer en contact avec des personnes infectées.

Prévenir immédiatement son médecin en cas de fièvre et faire rapidement la NFS prescrite.

Prévention de la douleur.

Informer le malade des armes que l'on a pour lutter contre les douleurs et que, quelle que soit l'évolution, il restera pris en charge par l'équipe.

« Vivre l'instant présent ».

Il est impossible d'affirmer avant cinq ans d'évolution qu'un cancer bronchique est vraiment guéri. Durant ces cinq années, le patient est « apparemment guéri » en rémission complète. Il faut apprendre au patient et à sa famille à vivre les instants présents.