« Pas assez de puéricultrices ! » - L'Infirmière Magazine n° 229 du 01/07/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 229 du 01/07/2007

 

Formation

Questions à

Au lendemain du congrès national des puéricultrices, Jeanine Dorbes, présidente de l'ANPDE, déplore le peu de reconnaissance accordée à cette spécialité.

Quel bilan tirez-vous du congrès de l'ANPDE ?

Nous avons accueilli près de 500 participantes pour deux journées, la première journée consacrée à la puéricultrice en milieu extra-hospitalier et la seconde aux adolescents et aux soins prodigués aux enfants à l'hôpital. C'était là notre 32e congrès national. L'ANPDE a été créée en 1949 et reconnue d'utilité publique en 1968. Nous sommes la plus importante des associations d'infirmières et la seule qui regroupe les puéricultrices. Nous comptons plus de 2 000 adhérentes, pour 10 000 puéricultrices en exercice. Un nombre non négligeable mais qui reste insuffisant !

Selon vous, on ne forme pas assez de puéricultrices ?

La plus grosse problématique à laquelle est confrontée notre profession est la non-reconnaissance effective de notre spécificité. La puériculture est une spécialité infirmière mais il est encore très difficile de la faire reconnaître sur le terrain. Ainsi, en pédopsychiatrie, on dénombre davantage d'infirmières générales que de puéricultrices, que l'on préfère affecter auprès des plus petits. Nous, nous souhaitons être auprès de tous les enfants, de la maternité à l'âge de 16 ans. Nous aimerions voir des puéricultrices dans les collèges, ce qui n'est pas le cas. S'il existe une spécialité, il faut s'en servir !

Comment expliquez-vous cette situation ?

Économiquement, faire travailler des infirmières polyvalentes est plus intéressant. On ne forme donc pas assez de « puer ». Et il ne faut pas essayer de camoufler cette réalité en prenant le problème à l'envers, c'est-à-dire en observant qu'il n'y en a pas assez... Si l'on parvient à ce que soient listés les actes spécifiques aux puéricultrices, cela déterminera l'exigence de leur place à l'hôpital. Mais, lors des dernières discussions sur ce point, le ministère n'a pas retenu d'actes spécifiques pour nous. Les textes demandent seulement que certains actes soient effectués « en priorité » par les puer, et que la surveillance d'un enfant sous incubateur peut être faite par « une infirmière experte en puériculture »... Cela ne veut rien dire !

Aujourd'hui, se spécialiser pénalise le cursus de l'infirmière. Cela représente un coût, car parfois, l'employeur ne prend pas à sa charge la formation de douze mois. Et passer ensuite cadre A de la fonction publique hospitalière ne se traduit pas par une énorme amélioration du salaire.

La VAE peut-elle aider les infirmières à devenir puéricultrices ?

Elle constitue un véritable espoir pour nous. En 2008 ou 2009, cette question devrait être abordée. Cela permettrait de reconnaître le travail effectué pendant plusieurs années. Mais il nous faudra veiller à ce que les infirmières puissent devenir puéricultrices sans que le diplôme soit bradé. Un cahier des charges précis devra être défini. Cette possibilité pourra contribuer à faire reconnaître à la fois notre spécialité et le métier d'infirmière.

Que pensez-vous de la création prochaine d'un ordre professionnel infirmier ?

Nous disons « enfin ! » À l'ANPDE, nous avons milité dans ce sens au sein du groupe Sainte-Anne. Cela aussi peut contribuer à faire valoir notre compétence et les spécialités. Il ne s'agit pas de tenir un discours corporatiste. La spécialité, quelle qu'elle soit, est un plus pour l'infirmière. Beaucoup se forment au cours de leur carrière, dans beaucoup de domaines, mais sans que cet effort ne soit réellement reconnu. C'est assez malhonnête car, ensuite, on profite bien de leurs compétences étendues, comme celles de la puéricultrice, qui se préoccupe du bien-être global de l'enfant.

Que faudrait-il faire pour aller vers une plus grande reconnaissance de cette spécialité ?

Je pense que les instituts de formation et les infirmières devraient travailler davantage en symbiose pour s'occuper de l'évolution de la profession. Par exemple, que l'on donne aux étudiants le goût de s'impliquer dans les réflexions en cours sur l'évolution du métier. Pour cela, les formateurs devraient expliquer la notion d'engagement, présenter les associations existantes... J'aimerais rencontrer des collègues qui me disent qu'elles ne veulent pas adhérer à l'ANPDE ; je leur proposerais alors de faire évoluer ensemble l'association... C'est essentiel, surtout à l'heure des grands chamboulements que nous connaissons.

Contact : Association nationale des puéricultrices diplômées et étudiantes.

Tél. : 01 45 39 97 62.

Internet : http://www.anpde.asso.fr.

Jeanine Dorbes Présidente de l'ANPDE

Puéricultrice, Jeanine Dorbes est cadre supérieur au CHU de Toulouse, où elle exerce les fonctions de directrice de crèche. Élue présidente de l'Association nationale des puéricultrices diplômées et étudiantes en 1996, elle accomplit son quatrième mandat. Dans deux ans, elle prendra sa retraite et passera le relais à une infirmière en exercice.