Au bloc opératoire - L'Infirmière Magazine n° 231 du 01/10/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 231 du 01/10/2007

 

hygiène

Conduites à tenir

Les soignants du bloc doivent observer des règles d'hygiène strictes concernant les repas, le tabac, les bijoux, la tenue, le lavage des mains et le matériel.

RISQUE INFECTIEUX OPÉRATOIRE

Dans les services chirurgicaux, l'incidence des infections nosocomiales varie de 2 à 10 % selon le type de chirurgie.

Infections développées à distance du site opératoire. Ce sont principalement les infections urinaires, liées au sondage vésical, les infections broncho-pulmonaires, dues à l'intubation ou la trachéotomie, et les infections sur cathéters vasculaires.

Infections du site opératoire. Elles sont réparties en trois groupes :

- les infections superficielles de l'incision : écoulement de pus au niveau de l'incision chirurgicale ;

- les infections profondes de l'incision : présence de pus issu d'un drain sous-aponévrotique ;

- les infections de l'organe, du site, ou de l'espace proche du site anatomique de l'intervention.

Principaux germes. Les principaux germes pathogènes retrouvés sont les staphylocoques en chirurgie orthopédique et cardiaque ainsi qu'en neurochirurgie, les streptocoques et les entéroques en chirurgie digestive, la flore aérobie polymorphe en chirurgie digestive et la flore vaginale en gynéco-obstétrique.

PRÉPARATION CUTANÉE DU PATIENT

Avant une intervention, on réalise une préparation cutanée du patient destinée à réduire la flore cutanéo-muqueuse. Ces soins préopératoires qui ont prouvé leur efficacité dans la prévention des infections du site opératoire se déroulent en plusieurs étapes.

Douche préopératoire. Quatre à douze heures avant l'intervention, cette douche concerne l'ensemble du corps, y compris les cheveux. Le patient utilise un savon antiseptique avec un gant à usage unique.

Dépilation. Elle se fait avec une crème dépilatoire ou une tondeuse sur une peau sèche et propre. La dépilation est à proscrire au bloc.

Antisepsie du champ opératoire. Pratiquée une heure maximum avant l'intervention au bloc opératoire avant d'entrer en salle d'opération, la détersion de la zone opératoire, avec le savon antiseptique utilisé pour la douche, élimine les squames et les corps gras de la peau. Ensuite, le champ opératoire, qui consiste à déposer deux ou trois couches successives d'antiseptiques sur la zone opératoire, se déroule en salle d'intervention. Le CSHPF recommande l'utilisation de produits à base de chlorhexidine alcoolique et de polyvinylpyrrolidone.

PRINCIPALES RÈGLES D'HYGIÈNE

Pour le personnel

1. Retirer montre et bijoux.

2. Respecter les tenues pour pénétrer en zone protégée : tenue de bloc, coiffe, masque et sabots. Il est interdit de sortir du bloc avec les sabots. La durée de maintien d'un masque est de trois heures maximum.

3. Respecter les consignes pour les entrées et sorties des toilettes : inutile de changer de tenue, mais le lavage des mains est impératif à la sortie des toilettes.

4. Dans la salle d'opération, limiter les allées et venues. Des mesures de l'aéro-biocontamination montrent que le degré de particules augmente avec les mouvements du personnel. L'utilisation d'un interphone pour communiquer est conseillée.

5. Fermer les portes des salles d'opération, et utiliser l'interphone.

6. À la fin de l'intervention, déposer les gants à usage unique dans un sac réservé aux déchets contaminés. Les casaques chirurgicales et les champs en tissu sont enlevés et déposés dans un sac pour le linge. Ces sacs seront fermés avant de quitter la salle d'opération selon la technique du double emballage.

7. Dans la salle de détente, ne pas fumer et limiter la prise alimentaire à une simple collation. Le déjeuner doit être pris en dehors du bloc, dans le cadre d'une organisation du planning opératoire permettant une rotation des personnels.

Pour le matériel

1. Le stockage en salle de matériel propre est à proscrire. Il se fait dans le bloc.

2. Le déconditionnement est effectué dans un sas de transfert, après un lavage simple des mains. Tous les cartons d'emballage des magasins ou de la pharmacie ne pénètrent pas en zone protégée.

3. En salle d'opération, le dernier emballage, l'unité protégée, est ôté par la panseuse.

4. Après utilisation, toujours en salle d'intervention, le matériel est démonté et immergé. C'est l'étape de désinfection. Puis il est transporté, bac fermé, vers le service de stérilisation, ou vers une pièce spécifique pour y être nettoyé.

5. La classification des déchets doit être connue par l'infirmière : les déchets piquants, coupants, ou tranchants, les déchets solides d'activités de soins, les déchets liquides et les déchets anatomiques.

6. Les différents sacs selon la catégorie de déchets et leurs supports doivent être disponibles.

7. Le double emballage est effectué en sortie de salle d'opération, les sacs sont fermés.

ANTIBIOPROPHYLAXIE

Elle a pour but de diminuer les infections post-opératoires en s'opposant à la prolifération des bactéries pathogènes que l'on sait présentes, même en petit nombre, dans 90 % des plaies opératoires. Elle consiste à administrer avant ou pendant l'intervention un antibiotique ciblant une seule bactérie, celle qui a le plus de probabilités d'être en cause dans une infection future. Cette technique thérapeutique s'applique à certaines chirurgies « propres » ou « propre-contaminées ». Pour les chirurgies contaminées et sales, l'infection est déjà en place et relève donc d'une antibiothérapie curative.