Traiter la constipation - L'Infirmière Magazine n° 231 du 01/10/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 231 du 01/10/2007

 

Digestion

Thérapeutiques

Une hygiène de vie et une prise en charge adaptées peuvent éviter des complications de ce trouble, fréquent en gériatrie.

Ce symptôme, courant dans la population, se rencontre au quotidien chez les personnes âgées, et peut avoir une retentissement important sur la qualité de vie du patient. Pourtant, le traitement de la constipation souffre souvent d'excès ou, au contraire, de négligences. S'il n'existe pas de définition quantitative juste, car la fréquence normale d'émission des selles varie d'un individu à l'autre, la moyenne est située entre trois par jour et trois par semaine. On parle donc de constipation à partir de trois jours sans selle (cf. critères diagnostiques dits « de Rome II »).

Le vieillissement peut provoquer des troubles de la progression au niveau du côlon par réduction de la mobilité, ou des troubles de l'évacuation au niveau du sigmoïde ou du rectum (dyschésie), qui sont sources de constipation. Par ailleurs, l'avancée en âge entraîne souvent des comportements et des pathologies qui sont des facteurs de risque (atonie intestinale de l'alitement ; affection neurologique altérant la commande centrale, régime alimentaire pauvre en fibres, etc.).

Diagnostic

Un interrogatoire et un examen clinique basé sur le toucher rectal permettent d'établir un diagnostic. Il faut évaluer l'inconfort, préciser les caractéristiques et l'historique. Aucun traitement ne doit être mis en place sans recherche de causes organiques, médicamenteuses ou d'un facteur favorisant biologique (lire ci-contre).

prévention

Le traitement de la cause est évidemment essentiel dans les constipations secondaires. L'observance de règles hygiéno-diététiques simples - mais bien souvent difficiles à mettre en place en institution -, ainsi que l'utilisation de thérapeutiques médicamenteuses adaptées peuvent suffir. Un régime riche en fibres (légumes verts et fruits) accompagné de boissons abondantes, la lutte contre la sédentarité et contre l'alitement sont recommandés. Il est aussi conseillé de se présenter à la selle régulièrement à la même heure afin de restaurer le réflexe exonérateur. Enfin, et dans la mesure du possible, il faut penser à restreindre l'usage d'éventuels médicaments constipants, voire les remplacer.

traitement

Les mucilages : efficaces et sans danger, ils augmentent le volume des matières fécales et favorisent leur progression. Exemple : gomme sterculia, psyllium, gomme guar...

Les laxatifs lubrifiants, comme l'huile de paraffine, exercent une action laxative mécanique en retardant l'absorption d'eau. À éviter en cas de troubles de la déglutition ou de reflux gastro-oesophagien en raison du risque de pneumopathie huileuse. À noter, des risques de suintement anal à fortes doses.

Les laxatifs osmotiques agissant en entraînant un appel d'eau vers la lumière intestinale. Le principal est le lactulose (Duphalac®, Importal®...). Il existe un risque de ballonnement que l'on ne retrouve pas avec les solutés de polyéthylène glycol à faible dose (Forlax®, Transipeg®, Movicol®...). Ceux-ci ne sont pas irritants pour la paroi abdominale et ont de bons résultats thérapeutiques.

Enfin, les traitements locaux comme les suppositoires à la glycérine peuvent être utiles ponctuellement. Par contre, les laxatifs stimulants ou purgatifs doivent être impérativement évités en raison du risque de « maladie des laxatifs » responsable d'hypaliémie et de diarrhée.

Le piège du fécalome

Complication ultime et fréquente en milieu gériatrique, le fécalome (concrétion de matières fécales) doit être évoqué devant de fausses diarrhées, des douleurs abdominales (qui peuvent être accompagnées de nausées ou de vomissements), une constipation rebelle, des troubles urinaires : incontinence ou rétention aiguë d'urine. Son évacuation s'impose, le plus rapidement possible, par un lavement de type Normacol® suivi d'un lavement à l'eau tiède. En cas d'échec, il est parfois nécessaire de recourir à la fragmentation au doigt.

SURVEILLANCE

Le meilleur traitement reste la prévention, qui requiert la surveillance de la fréquence des selles chez les personnes à risque et le maintien d'une hydratation correcte, avec une activité physique le plus longtemps possible.