Des massages pour tous - L'Infirmière Magazine n° 232 du 01/11/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 232 du 01/11/2007

 

Maternité

Thérapeutiques

Myriam Lamat, auxiliaire de puériculture, masse les bébés, leurs mamans... et ses collègues de l'hôpital.

Lorsqu'elle était en stage en service de néonatologie, Myriam a été envoyée changer un bébé. Lorsqu'elle a ouvert la couveuse, elle a découvert un tout-petit au rythme cardiaque effréné : « Il vagissait mais aucun son ne sortait de sa bouche tant il était perfusé et intubé. Je l'ai touché. Il était si petit que je l'ai couvert entièrement avec mes deux mains. Il s'est calmé. » Myriam a eu droit à des réprimandes de la surveillante générale pour avoir laissé la porte de la couveuse ouverte un peu plus longtemps que le temps autorisé, mais un pédiatre a pris sa défense. Il a remarqué combien les gestes de l'auxiliaire avaient apaisé le nourrisson. Pour Myriam, une vocation était née.

méthode complète

Partie du constat du peu d'importance accordé au toucher dans le milieu médical, exception faite des gestes techniques (piqûres, pansements, soins d'hygiène, etc.), Myriam a commencé à pratiquer le massage dans son travail auprès d'enfants handicapés atteints de mucoviscidose, puis en maternité à l'hôpital public d'Issoire (Puy-de-Dôme), où elle exerce actuellement.

Elle s'est perfectionnée en se formant à la technique du toucher-massage®, une méthode complète et enveloppante : « Au départ, cela faisait sourire et je n'étais pas prise au sérieux. Puis on s'est rendu compte du bien-être que cela apportait : aujourd'hui, mes collègues viennent me chercher quand une femme déjà en travail et souffrante, doit subir une césarienne. Je la masse pendant une demi-heure. Détendue, elle s'endort sans médicaments... »

à la demande

Myriam pratique cette thérapeutique à différents moments, et toujours à la demande. Lors des accouchements, elle dispense à la parturiente des massages des jambes, des pieds, des bras, des mains, des épaules ou de la nuque, selon les points de stress : « Je fais souvent participer le papa, en lui apprenant quelques gestes ou en lui montrant comment placer sa femme sur le coté de la table pour lui masser le dos. »

Lors des interruptions volontaires de grossesse, elle propose ses services à la patiente pour la détendre avant l'anesthésie, reste près d'elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme et la rejoint à son réveil pour la soulager, par exemple si elle se plaint de douleurs au ventre. Chaque matin, auprès des nouveaux-nés, Myriam apprend aux parents comment masser leur enfant au moment du bain : « Les pères participent avec plaisir. Ils ont de grandes mains et n'ont pas la même approche. Ils se posent moins de questions qu'une maman lorsque je leur dis de prendre le bras, l'épaule, la petite tête... »

donner confiance

Myriam propose des ateliers pour apprendre les gestes de massage : « Les jeunes mères sont souvent désemparées les premiers jours devant leur bébé qui pleure et elles n'osent pas vraiment le toucher. Apprendre à le masser les rassure, elles prennent confiance en elles et voient que leur bébé s'apaise. »

Lorsque l'enfant souffre d'un ictère du nourrisson, il doit recevoir de longues expositions sous la lampe. Là aussi, les mains de Myriam font des miracles : détendu, le bébé s'endort dans ses bras. Enfin, elle propose une assistance pour l'allaitement : « Lorsque les poitrines engorgées de certaines femmes les font beaucoup souffrir, je propose de leur montrer sur une tétée comment masser leurs seins, pendant que le petit tète, pour se soulager. Et après la tétée, comment les assouplir encore davantage. J'ai des retours très positifs sur cette aide. »

formatrice à son tour

Le massage, que du bonheur ? Oui, répondent également les médecins, qui demandent à Myriam de les masser lorsqu'ils sortent fourbus du bloc, après quatre ou cinq heures d'opérations... Myriam s'est aussi formée pour enseigner les techniques aux auxiliaires, sages-femmes et infirmières du service. Certaines d'entre elles les pratiquent déjà, notamment auprès des nourrissons.

Cependant, trouver du temps pour valoriser ce savoir-faire dans l'établissement n'a rien d'évident. Car si les professionnels de la santé et les patients reconnaissent les bienfaits du massage, la direction de l'hôpital n'a pas pour autant accordé à Myriam des heures dédiées à sa pratique et à la formation de ses collègues.