Du fer pour les enfants - L'Infirmière Magazine n° 232 du 01/11/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 232 du 01/11/2007

 

pédiatrie

Conduites à tenir

Connu pour aider à prévenir l'anémie, le fer joue aussi un rôle étendu dans le développement des fonctions cognitives et comportementales de l'enfant.

DÉFINITION

Oligo-élément minéral indispensable à la constitution de l'hémoglobine érythrocytaire (assurant les échanges gazeux) et de la myoglobine de la masse musculaire (réserve d'oxygène du muscle), le fer entre en jeu dans de nombreuses réactions enzymatiques qui sont nécessaires aux cellules.

Il existe dans l'organisme sous deux formes. Le fer héminique joue un rôle important dans la constitution de l'hémoglobine, puis de la myoglobine et des enzymes. Le fer non héminique correspond au transport plasmatique grâce à la transferrine, et aux réserves sous forme de ferritine (stock au niveau du foie) et d'hémosidérine (stock au niveau de la rate et des muscles). Le fer est distribué vers de nombreux organes, dont le tissu cérébral, pour intervenir dans des fonctions métaboliques variées.

ÉPIDÉMIOLOGIE

Selon l'Organisation mondiale de la santé, plus d'un milliard d'individus dans le monde présenteraient un déficit en fer. Ce grave problème de santé publique touche surtout les pays en voie de développement avec un taux élevé d'anémie ferriprive, mais elle concerne aussi les pays industrialisés. Dans ces derniers, la carence martiale, à un degré moindre, touche en particulier les populations aux besoins physiologiques élevés : femmes enceintes, jeunes enfants et adolescents. En France, un des objectifs du Programme national nutrition santé est d'améliorer le statut en fer de ces groupes à risque.

BESOINS ET MÉTABOLISME DU FER

Au cours de la première année de la vie, ces besoins sont huit fois plus importants chez l'enfant (7 à 10 mg par jour) que chez l'homme adulte, du fait de sa forte croissance, qui occasionne une augmentation du volume sanguin et le développement des tissus.

Le fer circule dans le sang grâce à la transferrine qui n'est saturée, normalement, qu'au tiers de sa capacité. Son élimination est très faible car l'organisme réutilise le fer issu de l'hémolyse physiologique pour établir une balance interne. Celle-ci peut cependant se déséquilibrer chez l'enfant, par insuffisance d'apports et accroissement des besoins, mais aussi, parfois, par des troubles de l'absorption ou des pathologies spécifiques.

CONSÉQUENCES DE LA CARENCE MARTIALE

La plus manifeste et la mieux connue est celle de l'anémie, avec ses signes cliniques classiques, mais elle traduit une carence en fer déjà avancée. Selon plusieurs études menées dans les pays développés, les conséquences d'une carence plus modérée, au stade d'une diminution des réserves puis d'une anémie latente par baisse de la sidérémie et du coefficient de saturation de la transferrine, sont néfastes au développement de l'enfant dans de nombreux aspects :

- Diminution des performances physiques et asthénie, indépendantes du manque d'oxygénation dû à l'anémie débutante ;

- Retard des acquisitions psychomotrices, par altération de la myélinisation et de la neurotransmission, en particulier vers l'âge de 8 mois ;

- Retentissement sur les acquisitions cognitives (apprentissage, mémorisation) et le comportement, avec des troubles émotionnels et une diminution de la sociabilité de l'enfant ;

- Vulnérabilité des défenses de l'organisme par altération de l'action des polynucléaires et de l'immunité cellulaire ;

- Troubles du comportement alimentaire ;

- Atteinte des phanères et des muqueuses : ongles cassants, perlèche, glossite, baisse de l'acidité gastrique.

APPORTS ALIMENTAIRES

Bien que présent en très petite quantité dans l'organisme, cet oligo-élément est celui qui pose le plus de difficultés dans la satisfaction des besoins physiologiques par les nutriments. En effet, une faible fraction du fer absorbé est ingéré, ce qui nécessite des apports alimentaires fortement accrus.

Les principales sources de fer héminique sont les produits carnés, le fer non héminique se trouvant dans les céréales, les légumes secs, les fruits, les légumes et les produits laitiers.

La biodisponibilité du fer demeure complexe, selon sa forme biologique, freinée (ex. : jaune d'oeuf) ou favorisée (ex. : vitamine C) par certaines substances du bol alimentaire. La variabilité du coefficient d'absorption peut passer du simple au triple.

RECOMMANDATIONS ET SUPPLÉMENTATION

Afin de conserver un équilibre optimal en fer chez le nourrisson, pendant la période où ses besoins augmentent considérablement, certaines conduites sont à favoriser :

- Poursuivre l'allaitement exclusif au sein jusqu'à 5 mois (le fer du lait maternel a une qualité d'absorption de 50 %) ;

- Recommander l'usage de laits infantiles jusqu'à 1 an au moins, en cas d'allaitement artificiel. Ils sont obligatoirement supplémentés en fer pour pallier le déficit martial lorsque les stocks de l'organisme s'épuisent, en attendant que l'enfant consomme suffisamment de viande (la quantité de fer dans le lait de vache est faible, le rendant peu disponible) ;

- Introduire des produits carnés et des céréales enrichies au cours de la diversification ;

- Favoriser la prise de vitamine C au moment des repas (jus, fruits, légumes) ;

-Repérer les enfants à risque dès la sub-carence : prématurés et hypotrophiques ; migrants ;

- Opter pour l'alimentation au lait de vache, de chèvre ou de soja avant 1 an.

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