Les AINS sous surveillance - L'Infirmière Magazine n° 232 du 01/11/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 232 du 01/11/2007

 

pharmacologie

Conduites à tenir

Employés dans le traitement des rhumatismes, ces anti-inflammatoires requièrent la vigilance de l'infirmière pour éviter les accidents médicamenteux.

OBJECTIFS

Les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) assurent le traitement de fond des rhumatismes inflammatoires chroniques. Ils permettent de lutter contre le processus d'inflammation et agissent comme antalgiques. En courte durée, ils limitent les poussées douloureuses de l'arthrose.

Le traitement, destiné à atténuer les douleurs, repose sur plusieurs axes :

- repos au lit ou immobilisation de l'articulation atteinte ; prise d'analgésiques ;

- anti-inflammatoires non stéroïdiens (en injection IM au début du traitement) ;

- infiltrations de corticoïdes dans l'articulation si besoin ;

- massages, séances de kinésithérapie et port de matériel d'orthopédie.

ACTION DE SURVEILLANCE

Vérification avant administration. II faut veiller à ce que les comprimés soient absorbés au milieu du repas, en raison du risque des douleurs gastriques qu'ils engendrent. Il faut confirmer l'absence d'allergie aux AINS. Il existe des réactions croisées entre les différents AINS mais également avec l'aspirine. L'asthme et la prise d'anticoagulants sont des contre-indications aux AINS.

Pendant les trois premiers mois de la grossesse, il existe un risque de malformation du foetus (tératogène). Pendant les trois derniers mois, les dangers sont l'augmentation de la durée de la gestation et du travail, la fermeture prématurée du canal artériel chez le foetus et un risque hémorragique foetal.

L'association de deux AINS augmente les risques de complications gastro-duodénales graves (attention aux AINS à doses antalgiques en vente libre, type Ibuprofène®).

évaluation de l'efficacité du traitement

Disparition des symptômes

L'amélioration attendue des symptômes de l'inflammation est essentiellement la diminution ou la disparition des douleurs. On doit également constater la disparition des oedèmes sur les articulations enflées, ainsi que l'absence de rougeurs à leur niveau.

Recherche du facteur rhumatoïde. Le facteur rhumatoïde est un anticorps présent dans le sérum des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. Il est recherché par la réaction de Waaler-Rose ou par le test au latex de Singer-Plotz.

Dépistage des effets secondaires

Hémorragie digestive. Le risque hémorragique est constant avec des conséquences graves. Les saignements sont dus à l'agression de l'AINS sur la paroi gastrique. Des vomissements noirâtres et un méléna (selles noires) sont des signes d'hémorragies internes. Une sonde gastrique en aspiration douce est posée par l'infirmière qui surveille le liquide extrait (sang rouge ou noir). Le traitement préventif repose sur l'utilisation d'antiulcéreux (cimétidine, oméprazole...) administrés pendant la période de prise de l'AINS.

Troubles digestifs. Gastralgie, nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée. Ulcère gastro-duodénal ou réveil de celui-ci en cas d'antécédents ulcéreux.

Troubles hépatiques. Augmentation des transaminases à long terme.

Troubles urinaires. Cystite, dysurie, pollakiurie, hématurie. Insuffisance rénale à long terme. L'infirmière doit être particulièrement vigilante en cas de déshydratation, de traitement par un diurétique ou un inhibiteur de l'enzyme de conversion.

Troubles neurosensoriels. Céphalées, vertiges, confusion (indométacine). Surdité, vertiges ou étourdissements, acouphènes (salicylés), vision brouillée ou troubles de la vue (ibuproféne).

Réactions cutanées. Urticaire, syndrome de Lyell (rare), photosensibilisation.

Réactions hématologiques. Elle sont rares : thrombopénie, neutropénie, anémie aplasique et agranulocytose. Rétention aqueuse et risque d'hyperkaliémie.

Mise en place de la surveillance

Prise de la tension. Elle évalue le risque d'hypertension relatif à l'insuffisance rénale générée par les AINS. Elle permet également la surveillance du risque hémorragique occulte (hypotension et tachycardie). La surveillance de la PA est associée à la détermination du poids du patient et la recherche des oedèmes des membres inférieurs si le sujet est hypertendu.

Surveillance biologique.

- Hémogramme : dépistage des saignements occultes.

- Enzymes hépatiques : élévation des transaminases.

- Bilan de l'hémostase si le malade est sous anti-vitamine K.

- Recherche de la créatinine sérique, de l'ionogramme et la diurèse s'il est à risque rénal. La clairance de la créatine doit être supérieure à 30 ml/min.

Surveillance du risque hémorragique. Il faut surveiller le pouls, la tension et l'apparition de signes de déshydratation. L'observation porte sur la cyanose des extrémités, la pâleur, l'anémie. Une fibroscopie (sur prescription) sera effectuée dans les jours qui suivent l'accident hémorragique.

CONSEILS AU PATIENT

L'infirmière va apprendre au patient à reconnaître les premiers signes d'une hémorragie digestive : faiblesse physique, vomissements de sang ou selles foncées ou sanguinolentes.

Elle lui rappelle qu'il doit prendre ses comprimés au milieu des repas.

Il ne faut pas prendre d'AINS en automédication en raison d'une potentialisation du risque hémorragique (aspirine, ibuprofène, autres AINS, etc.).

La consommation d'alcool et le tabagisme favorisent l'apparition de troubles gastriques. L'application de crème ou de gel permet de calmer la douleur et de traiter l'oedème.

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