Névroses et soins infirmiers | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 232 du 01/11/2007

 

psychiatrie

Cours

Hystérique, d'angoisse, obsessionnelle,phobique... chacune de ces névroses demande une prise en charge particulière. L'infirmière doit savoir identifier les symptômes et surveiller les effets des traitements. Avec le patient, il faut savoir créer un climat de confiance pour l'aider à verbaliser les causes de ses troubles. Et trouver des portes de sortie.

NÉVROSE D'ANGOISSE

Définition. La névrose d'angoisse se caractérise par un état anxieux permanent avec une alternance de crises d'angoisse aiguës.

Il faut distinguer :

- la crise d'angoisse aiguë, qui survient de façon brutale et imprévisible et qui est invalidante ;

- l'état d'anxiété permanente, qui s'exprime tant au niveau physique que psychologique. Il peut être entrecoupé de crises aiguës, dans lesquelles le sujet est constamment sous tension, sans motifs justifiés en référence à la vie quotidienne.

Épidémiologie. En France, les femmes sont plus atteintes de névroses d'angoisse (36 %) que les hommes (17,3 %). Cette névrose apparaît à l'adolescence.

Sémiologie clinique

Troubles intellectuels. Inhibition intellectuelle : semi-bégaiement, confusion des mots, impossibilité d'articuler, « trou de mémoire », parfois excitation « stérile ».

Troubles psychomoteurs. Excitation ou inhibition motrice.

Troubles psychiques. Peur du devenir (craintes de maladies graves, de découverte de la folie).

Troubles somatiques. Multiples et variés, ils dissimulent l'état d'anxiété. Ils peuvent être neurologiques (céphalées, vertiges, bourdonnements d'oreille), digestifs (nausées, vomissements, spasmes gastriques, colite spasmodique), cardio-vasculaires (tachycardie, palpitations, oppression thoracique, bouffées de chaleur, lipothymie), respiratoires (dyspnée, sentiment d'étouffement), urinaires (envie fréquente d'uriner sans forcément de résultats), du sommeil (difficultés d'endormissement). L'asthénie peut toucher le patient, essentiellement au réveil.

Examens. Recherche étiologique et bilan clinique : recherche de la prise de toxiques, de sevrage alcoolique et/ou médicamenteux.

Diagnostic médical

Crise aiguë. Elle est caractérisée par :

- un début brutal et une fin brutale ;

- une durée de moins d'une heure ;

- une angoisse, un sentiment de danger,

voire de danger de mort ;

- des troubles neurovégétatifs, psychomoteurs.

État anxieux permanent.

Il est défini par : des troubles du sommeil ; un sentiment d'angoisse permanent ; l'asthénie.

Diagnostics différentiels. On retrouve :

- la crise d'angoisse aiguë dans la mélancolie, la schizophrénie ;

- l'état anxieux permanent dans la névrose phobique et dans la névrose hystérique.

Traitement

En cas de crise aiguë. C'est une urgence. L'hospitalisation n'est pas systématique. Le traitement médicamenteux consiste à administrer des anxiolytiques par voie parentérale. Le traitement psychothérapique est fondé sur une thérapie de soutien, qui vise à rassurer le patient.

En cas d'anxiété permanente. Le patient est toujours traité en ambulatoire. Le traitement médicamenteux se compose : de tranquillisants ; d'antidépresseurs ; ou de neuroleptiques à faible dose en cas d'échec des tranquillisants.

Le traitement psychothérapique peut être de soutien ; de type analytique ; cognitif ; comportemental ; psychanalytique. Il faut y adjoindre la relaxation et le respect de règles de vie : suppression des excitants (café, tabac, alcool) ; activités physiques régulières ; cures d'hydrothérapie.

Prise en charge infirmière. Les interventions de l'infirmière se limitent au cas d'attaque panique avec hospitalisation.

Soins techniques et surveillance. La surveillance infirmière consiste essentiellement à :

- administrer le traitement prescrit en veillant à ce que le patient absorbe effectivement les médicaments prescrits, en surveiller l'efficacité ;

- retirer les objets présentant un danger.

Soins relationnels. Il est important d'installer le patient dans une chambre reposante, sécurisante. L'infirmière lui parle d'une voix calme, s'efforce d'instaurer une relation de confiance. Elle lui propose des exercices de respiration et des séances de relaxation pour l'aider à s'apaiser.

Conclusion. Les troubles de l'anxiété s'inscrivent dans le temps et évoluent vers un état chronique avec parfois des états de panique répétés. Le risque de tentative de suicide, d'abus d'alcool et/ou de drogue persiste.

NÉVROSE HYSTÉRIQUE

Définition. La névrose hystérique se caractérise par des perturbations du caractère et des manifestations psychiques multiples et variées : troubles alimentaires, troubles sexuels sur fond d'anxiété, fatigue, algies diverses. Elle présente des symptômes somatiques et/ou psychiques qui traduisent des conflits psychologiques inconscients.

Sémiologie clinique. Les symptômes de l'hystérie se définissent en symptômes somatiques, ou hystérie de conversion, et en symptômes psychiques.

Manifestations somatiques. De façon réactionnelle, le sujet a des crises de nerf, de spasmophilie, ou syncopales. Elles sont aiguës et de courte durée. Le sujet peut cependant présenter des troubles se traduisant par : des perturbations motrices (paralysie d'un membre, troubles de la phonation, contractures et spasmes) ; des perturbations sensorielles (brouillard visuel, cécité, troubles de l'audition) ; des perturbations sensitives (douleurs avec des points de localisation multiples, ce qui représente 70 % des troubles de conversion).

Manifestations psychiques

Chez la femme. Tendance à la mythomanie, fonction illusoire de transformation de la réalité.

Chez l'homme. Incapacité à s'engager, souci de paraître, quête d'affection, d'estime, mais dans l'angoisse car il ne peut renoncer à personne. Il est incapable de s'engager - ailleurs, c'est toujours mieux, l'autre est toujours plus belle. Il subit des échecs répétés.

Troubles de la présentation et de l'expression. La tenue peut traduire une inadaptation à l'âge, à certains impératifs sociaux (excentricité et exagération).

Troubles du comportement dans la vie quotidienne. Le sommeil se caractérise par des accès de sommeil, des fugues somnambuliques (automatisme ambulatoire psychomoteur), une insomnie accompagnée d'anxiété et d'asthénie, une perturbation de l'activité onirique (cauchemars traduisant l'angoisse). Les conduites alimentaires peuvent être perturbées sous forme d'anorexie ou de boulimie. Le sujet souffre de difficultés sexuelles. Elles s'expriment :

- Chez la femme, par une inhibition sexuelle, une frigidité avec absence de désir, une répulsion des rapports sexuels, une insensibilité vaginale, une absence de plaisir et d'orgasme, une dyspareunie ;

- Chez l'homme, par un trouble du désir sexuel, une impuissance, des difficultés d'érection, d'éjaculation et d'orgasme, une éjaculation précoce fréquente, une activité masturbatoire, un donjuanisme.

Pour l'homme comme pour la femme, on constate un apragmatisme sexuel par impuissance ou refus de relation amoureuse par inhibition.

Troubles de la vie familiale et socioprofessionnelle. Les relations familiales oscillent entre la dépendance et l'opposition : soumission à l'autorité paternelle, attitude conflictuelle à l'égard d'un des membres de la famille (parent ou fratrie). Toutes ces conduites sont empreintes de « complexes incestueux ».

La vie socioprofessionnelle se caractérise par une faiblesse du rendement professionnel ou scolaire due à l'impuissance angoissée à s'adapter aux situations. L'insouciance, l'arrogance et le cynisme masquent cette angoisse.

Troubles du comportement social. Le suicide est un risque réel. Les tentatives de suicide sont vécues dans la relation à l'autre. Les fugues inconscientes et amnésiques, sorte d'état second et crépusculaire, sont fréquentes.

Troubles de la vigilance

Ce sont essentiellement :

- le syndrome de Ganser, tableau clinique pseudodémentiel, avec des réponses à côté et un refus de reconnaître la réalité ambiante ;

- un rétrécissement ou une désagrégation du champ de la conscience.

Troubles de la conscience de soi. Sous forme de cénesthopathies, ce sont des hallucinations de sensations corporelles, accompagnées d'anxiété avec tentatives d'explication et descriptions fantaisistes (à type de torsion, déchirure, rupture, contractures, torticolis, crampes diverses, lombalgies, paralysies, cécité, hypo ou hyperacousie, vaginisme, asthme, troubles digestifs).

Ces plaintes somatiques, à l'origine de revendications hypocondriaques, peuvent amener à des demandes d'explorations répétées, parfois à des manoeuvres chirurgicales, sans qu'il y ait signe d'une atteinte organique lésionnelle.

Troubles de l'humeur. Ils s'expriment sous forme d'anxiété avec asthénie, inhibition, dévalorisation de soi.

Troubles de la mémoire. On note une amnésie lacunaire (des oublis dans la biographie), de faux souvenirs.

Psychopathologie. La névrose hystérique est due à un traumatisme de la petite enfance, oublié à l'âge adulte par refoulement du fait qu'il se rattache à la sexualité. Ce traumatisme n'est pas réel, mais rattaché aux fantasmes issus de la situation oedipienne. Les désirs sexuels sont refoulés dans l'inconscient, car ils provoquent une trop profonde angoisse. La réactivation de la libido à la puberté fait resurgir la perception de l'angoisse de castration. Les manifestations hystériques visent à neutraliser cette angoisse.

Examens. Il faut effectuer :

- un bilan clinique et paraclinique ;

- la recherche d'une cause organique ;

- la recherche d'un syndrome démentiel ;

- une biographie.

Diagnostics différentiels

Pathologie psychique

Elle est marquée par :

- la dépression ;

- des bouffées délirantes ;

- une névrose hypocondriaque.

Pathologie organique

Ce peut être :

- une tumeur cérébrale ;

- une sclérose en plaques ;

- une épilepsie temporale.

Traitement. Le traitement est essentiellement ambulatoire. L'hospitalisation est contre-indiquée car elle favorise la régression du sujet. Elle n'est indiquée qu'en cas « d'accident » ou lorsqu'il y a nécessité de rupture avec la famille.

Traitement médicamenteux. Il est secondaire, utile lorsque le sujet présente un état de décompensation. Par ailleurs, tout traitement médicamenteux implique une vigilance extérieure, le sujet ayant une capacité à développer des effets secondaires et à s'installer dans une pharmacodépendance.

Traitement psychothérapique

Il consiste en :

- une psychothérapie de soutien ayant pour objectif d'établir une relation de réassurance, de persuasion tout en étant distante ;

- une psychothérapie d'inspiration analytique qui permet d'instaurer une distance adaptée au patient. Cette thérapie est nécessaire en cas de risque de régression affective importante émanant du sujet.

Psychanalyse. Elle peut s'appliquer chez certains sujets.

Prise en charge infirmière

Soins techniques. L'infirmière devra repérer et inscrire sur le dossier de soins tous les comportements ou attitudes hystériques du patient. Le recueil de ces informations permettra d'évaluer l'évolution des troubles. En cas de crise spectaculaire, l'infirmière recherche les signes d'une éventuelle crise d'épilepsie (morsure de la langue) et isole le patient.

Soins relationnels. L'hystérique joue inconsciemment un personnage aux multiples facettes. Les symptômes sont toujours des manifestations qui s'appuient sur le corps. Il ne s'agit pas de simulation, mais d'une hésitation fondamentale sur le corps sexué.

L'infirmière doit trouver le moyen qui amènera le patient à accepter son corps tel qu'il est. Pour l'hystérique, le personnage susceptible de le lui faire accepter est un personnage de maître. Si le celui-ci échoue, il sera remplacé, mais petit à petit, le patient cheminera vers l'acceptation, grâce à la reconnaissance de l'autre. Peu à peu, cette reconnaissance peut également amener les noeuds inconscients à se dénouer, à livrer un peu de leur secret pour permettre l'accès à une liberté nouvelle.

Création d'un espace d'accueil. Une équipe pluridisciplinaire regroupe un ou deux infirmières référentes de secteur, un psychiatre, un généraliste, une assistante sociale.

Objectif : élaborer ensemble le champ d'un travail. Il convient d'éviter la séduction, la démagogie ; de respecter la place et la spécificité de chacun ; de veiller à ne pas trop intervenir.

La relation thérapeutique qui doit s'installer (transfert) s'enracine dans un terrain préparé à recueillir ce qui se dit, ce qui se passe, ce qui se joue là, avec le malade. La prise en compte psychopathologique est indispensable dans le travail à faire auprès d'une personne présentant des troubles hystériques.

NÉVROSE PHOBIQUE

Définition. La phobie est une peur ayant un objet bien précis - objet phobogène - sur lequel a été projeté et fixé le stimulus de l'angoisse. Lorsque le sujet se trouve en présence du facteur déclenchant, il est pris d'une grande crise.

Sémiologie

Phobies d'espace. C'est une angoisse qui apparaît lorsque le patient se trouve dans un espace découvert (agoraphobie) tels les lieux publics, dans un espace clos (claustrophobie) tels les tunnels, les ascenseurs. Le sujet a recours à des conduites d'évitement.

Phobies sociales. C'est la crainte de parler en public, une peur persistante des situations dans lesquelles on pourrait être observé ou se conduire de façon humiliante (peur de rougir). Le sujet a recours à des conduites d'évitement, d'isolement, de stratagème (lunettes noires, maquillage).

Phobies simples. On nomme ainsi des peurs infantiles persistant avec l'âge (peur du noir, de l'eau, de l'hôpital).

Autres phobies. D'autres phobies ont été décrites, différentes des phobies typiques car elles n'apparaissent pas liées à une situation ou à un objet et qu'elles surviennent le plus souvent hors de la névrose phobique. Ce sont entre autres :

- la nosophobie : crainte d'être atteint d'une maladie (elle est aussi classée parmi les symptômes obsessionnels) ;

- la dysmorphophobie : préoccupation anormale et obsédante concernant l'aspect de son corps (certitude de posséder une difformité).

La phobie est à différencier de l'obsession impulsive dans laquelle il n'y a pas d'objet présent. C'est une idée qui s'impose à la personne (« Je vais tuer mon enfant avec un couteau ou me jeter par la fenêtre »).

Sémiologie clinique. Il s'agit d'un patient souffrant d'un affect désagréable, en attente pénible d'un danger. Il présente des troubles de la présentation et de l'expression.

Troubles psychomoteurs. Ils sont caractérisés par l'impulsion, le besoin impérieux d'accomplir soudainement un geste dont l'exécution échappe au contrôle volontaire, traduisant l'émergence de pulsions internes.

Inhibition. Selon l'objet phobique, le patient évitera, choisira, hésitera.

Troubles des conduites instinctuelles. Le sommeil est perturbé, les conduites alimentaires, selon la nature de l'objet phobogène, influent sur la santé du patient qui peut subir un fort amaigrissement, dans le cas d'une phobie des microbes, par exemple.

Troubles du comportement sexuel. Il peut s'agir d'une inhibition ou d'une sexualité passive, qui peuvent augurer une frigidité chez la femme et une impuissance chez l'homme.

Troubles de la vie familiale et socioprofessionnelle. Peu à peu, des troubles vis-à-vis des objets ou des situations phobogènes peuvent s'aggraver. La personne n'arrive plus à contrôler les situations par des conduites contraphobiques. Sur le plan familial, la dépendance du sujet devient trop lourde pour les membres de la famille. Sur le plan socioprofessionnel, le sujet est isolé ; on observe souvent une rupture avec le milieu professionnel en raison d'absences ou de retards liés à la difficulté de prendre les transports.

Troubles somatiques. La névrose phobique se manifeste par des vertiges, une gêne respiratoire, une tendance lipothymique. Le corollaire de l'angoisse phobique se situe dans les comportements contraphobiques.

Conduites contraphobiques. On note :

- des conduites d'évitement. Le sujet fait en sorte de ne pas être, ou le moins possible, confronté à l'objet ou à la situation phobogène.

- des conduites de réassurance : pour affronter la situation ou l'objet phobogène, la personne phobique cherche la présence d'une personne proche, d'un animal, d'un porte-bonheur, effectue des gestes conjuratoires.

Psychopathologie. La phobie est en elle-même un mécanisme de défense, par déplacement et isolement de l'angoisse.

Diagnostics différentiels. Il faut faire la distinction entre phobies et obsessions.

Phobie. C'est une peur irraisonnée devant des éléments précis de la réalité.

Obsessions. Elles se caractérisent par l'irruption, dans la pensée d'un sujet, d'une idée ou d'un sentiment non relié à la réalité. Il faut également distinguer les phobies d'impulsion des obsessions impulsives.Dans les phobies d'impulsion, le sujet a peur de commettre contre sa volonté un geste ridicule, anormal, violent (geste indécent, blesser quelqu'un, etc.) en présence de la situation ou de l'objet. Dans l'obsession impulsive, le sujet redoute de traduire en acte une idée, une pensée, en dehors d'objet ou de situation.

Traitement

Traitement médicamenteux

Peuvent être administrés :

- des tranquillisants au long cours ;

- des anxiolytiques ;

- des hypnotiques ;

- des tranquillisants et antidépresseurs dans le cas d'apparition d'un état dépressif associé.

Traitement de fond

Il peut s'agir :

- d'une psychothérapie de soutien ;

- d'une psychothérapie analytique et de groupe ;

- d'une cure psychanalytique classique ;

- d'une thérapie cognitivo-comportementale (très souvent utilisée).

Complications. La névrose phobique peut se compliquer d'un abus d'alcool, de médicaments anxiolytiques ou de barbituriques.

Prise en charge infirmière

Soins techniques. Ils consistent à : donner les médicaments, s'assurer de leur prise et surveiller l'apparition d'éventuels effets secondaires ; affiner son observation afin de détecter tous les signes favorisant l'angoisse.

Soins relationnels.

Il faut :

- prendre le temps d'écouter le patient ;

- amener le patient à verbaliser ses craintes ;

- réduire les agents anxiogènes ;

- établir une relation d'aide.

Soins sociothérapiques. Inciter le patient à participer à des activités selon ses goûts.

NÉVROSE OBSESSIONNELLE

Définition. La névrose obsessionnelle est la forme la plus grave des névroses. Elle se définit comme un trouble compulsif des sentiments, des pensées. Le sujet est envahi par des idées ou des images répétées qui s'imposent, le parasitent et l'angoissent. Il lutte contre ces troubles par des rituels et des compulsions.

Épidémiologie. La névrose obsessionnelle est une affection assez rare. Elle touche environ 2 % de la population. Elle naît dans l'enfance et se constitue progressivement pour s'épanouir durant la vie adulte. 40 % des formes se développant avant 20 ans, et on observe des formes de début dès l'âge de 10 ans. Mais les patients consultent pour la première fois plusieurs années après le début des troubles, vers l'âge de 30 ans. Cette maladie est plus fréquente chez les hommes.

Sémiologie clinique. La névrose obsessionnelle se constitue sur l'organisation pathologique d'une personnalité. C'est l'association d'une personnalité de type obsessionnel et de symptômes obsessionnels.

L'obsession peut se définir comme l'irruption dans la pensée d'un sentiment, d'une idée, d'une tendance, apparaissant au malade comme un phénomène morbide en désaccord avec sa pensée consciente, qui émane pourtant de sa propre activité physique et persiste malgré ses efforts pour s'en débarrasser. Les idées qui assiègent l'esprit du sujet peuvent survenir à n'importe quel moment, sans qu'il puisse les chasser, malgré sa lutte. Trois types d'obsession sont identifiés.

Obsessions phobiques. Elles sont proches des manifestations de la névrose phobique mais elles s'en différencient par le fait que la source d'angoisse du sujet n'est pas la situation présente mais la pensée d'une situation ou d'un objet. Concrètement, le sujet peut être obsédé par les microbes, la maladie, la saleté, la phobie d'un contact avec un objet ou une personne. Le sujet peut développer des conduites d'évitement : il ne rentrera pas dans un hôpital, il évitera une personne malade. De façon compulsive, il se lave les mains, se nettoie sans cesse.

Obsessions idéatives. Les plus fréquentes et les plus typiques, ce sont des ruminations répétées d'images ou de mots, ce que l'on appelait autrefois la « folie du doute ». Le sujet est complètement envahi par des idées préoccupantes et sans fin. L'obsession peut porter sur une idée concrète (des mots, des chiffres...) ou sur une idée abstraite (thèmes religieux, la mort, la valeur de tel ou tel comportement...).

Obsessions impulsives. C'est la crainte permanente de commettre un acte agressif et dangereux envers soi ou les autres, bien que le passage à l'acte n'ait jamais lieu. Le sujet redoute de pousser une personne sous un train, de se défenestrer, de prononcer des mots blasphématoires dans un lieu de prières.

Caractère obsessionnel. Il représente un mode pathologique d'organisation de la personnalité. Les pensées, les sentiments, les attitudes s'imposent au sujet, qui a conscience de leur caractère dérisoire. Le caractère obsessionnel se compose de trois éléments.

Psychasthénie. C'est une forme de fatigue intense, résultant de causes psychologiques. Elle trouve sa justification dans une lutte permanente qui épuise le sujet physiquement et psychologiquement. Le sujet est dans la peur permanente de situations qui l'obligent à de nouveaux combats intérieurs ; il est conscient de ses troubles, critique, mais dans une impossibilité totale de réactions.

Compulsions et rituels. Ils présentent des caractéristiques identiques aux obsessions, le sujet est contraint d'accomplir des actes bien qu'il soit conscient de leur absurdité. Dans les conduites impulsives, le sujet présente des tics, des stéréotypies. Il va répéter des actes tels que toucher certains objets, les placer selon un ordre précis, marcher sur les lames de parquet avec la pointe des pieds, etc. L'accomplissement de ces actes compulsifs diminue l'angoisse du patient.

Rituels et vérifications. Ils représentent une forme de défense stratégique contre les obsessions. Ils sont institués par le patient pour s'opposer à l'influence des obsessions. Si le sujet dissimule souvent les obsessions, il extériorise les rituels et les vérifications. Ces dernières viseront à contrôler la réalisation des actes élémentaires de la vie quotidienne (fermer une porte, ranger un objet...). Les rituels, eux, sont des actes que le patient s'impose au moment du coucher, de la toilette, des repas.

Examens. Il faut rechercher une cause organique et un processus oedipien, effectuer des entretiens et établir une biographie.

Diagnostic médical. Le diagnostic médical repose sur la clinique et en particulier sur le recueil des obsessions, compulsions et rituels.

Diagnostics différentiels. On doit différencier les obsessions de symptômes qui leur ressemblent :

- les idées fixes : permanentes mais conformes à la volonté du sujet ;

- les phobies : au contraire des phobies typiques, les obsessions phobiques déclenchent des angoisses en l'absence d'objets ou de situations ;

- l'hypocondrie : le malade adhère à son idée en dépit des paroles rassurantes de l'entourage ;

- les idées délirantes : tout comme dans la névrose obsessionnelle, elles s'imposent au sujet mais ne sont pas critiquées, et sont reconnues comme étrangères à sa conscience.

Traitement. Le traitement s'effectue essentiellement en ambulatoire. L'indication d'une hospitalisation se justifie lorsque les troubles obsessionnels sont graves et invalidants pour le patient, et dans les cas de troubles associés à un état dépressif.

Traitements médicamenteux. Le traitement prescrit repose surtout sur les antidépresseurs, même en l'absence de dépression avérée. Les tranquillisants aident à lutter contre l'anxiété. On peut utiliser des psychotropes en association avec les antidépresseurs : benzodiazépines ou tranquillisants mineurs ; neuroleptiques : en cas de grande anxiété, on pourra utiliser des neuroleptiques sédatifs en début de traitement.

Traitements psychothérapiques. La psychothérapie constitue le traitement de fond de la névrose obsessionnelle.

Psychanalyse classique. C'est la meilleure indication. Mais elle implique des conditions. Le sujet doit être jeune et demandeur, avec un bon niveau intellectuel et une excellente insertion professionnelle... Le traitement est long et difficile, du fait des résistances au changement et de la psychorigidité de la pensée.

Psychothérapie d'inspiration analytique. Elle trouve son indication chez le sujet âgé, ou lorsque le sujet se trouve en grande difficulté professionnelle et financière.

Psychothérapie de soutien. Elle est efficace chez les sujets psychotoniques, dans les formes graves et invalidantes pour le patient.

Sociothérapie. Elle a pour objet de maintenir le sujet dans son milieu professionnel et d'éviter toute rupture avec son environnement social.

Prise en charge infirmière

Surveillance des traitements médicamenteux. L'infirmière observe la prise du traitement et les effets secondaires. Elle informe le patient des effets indésirables : sensations de vertige lors des changements de positions, céphalées, nausées, prise de poids, constipation.

Soins relationnels. L'infirmière adopte à l'égard du patient une attitude positive, bienveillante. Elle valorise ses progrès dans des termes précis. Elle favorise l'écoute et aide le patient à verbaliser les maux ressentis. Elle l'invite à participer à des groupes de parole. Les techniques de relaxation sont un adjuvant intéressant, sous réserve que le patient y adhère.

Soins éducatifs. L'infirmière identifie l'évolution de la maladie et accompagne le patient dans sa réinsertion ou dans le maintien professionnel. Elle incite le patient à modifier son cadre de vie dans l'objectif de rompre avec ses ritualisations. Des exercices visant à annuler l'intérêt des rituels lui sont proposés dans le cadre des thérapies comportementales, qui donnent en général de bons résultats.

Note : faute de place, nous n'avons pas pu traiter de la névrose traumatique, plus rare, dans ce numéro.

Névrose d'angoisse

> Observer les signes manifestes de l'anxiété et de l'angoisse.

> Repérer les situations extrinsèques provoquant un état anxieux.

> Instaurer un climat de confiance.

> Pratiquer l'écoute active.

> Inciter le patient à verbaliser ses angoisses. Cela peut l'amener à identifier ses difficultés intrinsèques.

> Administrer le traitement prescrit et surveiller ses effets.

Névrose hystérique

> Observer les signes de l'hystérie.

> Avoir une attitude sécurisante.

> Permettre au patient de respecter le projet thérapeutique.

> L'amener à reconnaître ses changements d'attitudes et d'humeur.

> Administrer le traitement prescrit et surveiller ses effets.

> Instaurer une relation thérapeutique.

Névrose phobique

> Observer et suivre les troubles.

> Être à l'écoute du symptôme, aider le patient à verbaliser.

> Identifier et réduire les agents anxiogènes.

> Apporter un soutien psychologique et mettre en oeuvre une relation d'aide thérapeutique.

> Vérifier la prise des médicaments et surveiller les effets secondaires.

> Participer à des activités de relaxation.

Névrose obsessionnelle

> Observer les signes typiques du système compulsif : tics ; stéréotypie ; gestes conjuratoires ; agitation psychomotrice ; rumination, litanies.

> Observer les signes évoquant la psychasthénie.

- Respecter les rituels du patient (pour éviter l'apparition de l'anxiété).

- Être à son écoute.

- Administrer le traitement prescrit, en surveiller l'efficacité ainsi que les effets indésirables.