Une place à l'école ? - L'Infirmière Magazine n° 232 du 01/11/2007 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 232 du 01/11/2007

 

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La loi de 2005 oblige l'école à accepter l'inscription des enfants autistes, mais tout reste à faire.

Le milieu ordinaire pour des enfants pas ordinaires. La loi de 2005 est formelle : les écoles ne peuvent plus refuser l'inscription des enfants autistes. « Mais cela ne signifie pas que la scolarité se fera systématiquement à l'école », nuance Christine Philip, professeur à l'Inshea(1) de Suresnes. C'est le concept d'« inscription inactive », qui marque symboliquement le lien de l'enfant avec l'école, et l'idée qu'il pourra, éventuellement, y accéder un jour. La loi de 2005 ne précise pas le temps minimum que l'enfant pourra passer en milieu ordinaire.

« usines à français »

Un pays est souvent cité en exemple : la Belgique. À tort, selon M'Hammed Sajidi, président de l'association de familles d'autistes « Léa pour Samy » : « Les Belges ont créé des écoles ghettos qui sont de véritables "usines à Français", parce qu'ils savent que les conseils généraux français les rembourseront. La prise en charge y est plus adaptée qu'en France, mais ce n'est pas le paradis. »

Scolarisés, même partiellement, en milieu ordinaire, les enfants autistes disposeront-ils d'un accompagnement suffisant ? Si beaucoup d'instituts médico-éducatifs (IME) emploient une infirmière, ce n'est pas le cas des écoles primaires, par exemple. Cela ne pose pas forcément problème : à l'IME du Recueil, à Villeneuve-d'Ascq (Nord), par exemple, l'infirmière effectue surtout des tâches administratives. Afin d'accueillir une structure pour autistes, l'IME a prévu un mi-temps supplémentaire : « J'ai reçu une formation générale sur l'autisme, dit Adeline Motte, mais les enfants qui seront accueillis ne nécessitent pas de soins infirmiers spécifiques. »

Autres tâches dont peuvent être chargées les infirmières en IME : la gestion des dossiers médicaux, la pharmacie, les mallettes de traitements, l'équilibre alimentaire des enfants... Rien qui constituerait un obstacle à l'accueil des jeunes autistes en milieu ordinaire.

1- Institut national supérieur de formation et de recherche pour l'éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés.

Le packing, un dispositif contesté

« Halte à la maltraitance des enfants autistes ! » Contre le packing, Autisme France emploie les mots qui fâchent. Ce dispositif (1), prescrit par les médecins et effectué par des infirmières et des éducatrices, consiste à envelopper l'enfant dans des draps humides et froids, puis dans des couvertures chaudes, pour que le jeune patient prenne conscience de son propre corps.

Selon les associations de familles, rien n'indique que les enfants apprécient ce contact, et aucune amélioration de leur état n'a été prouvée. L'association « Léa pour Samy » dénonce donc un « lobbying psy » dans la prise en charge de l'autisme.

À l'hôpital Sainte-Anne, où le packing est pratiqué dans plusieurs services, on ne se bouscule pas pour le défendre. « Nous ne voulons pas voir des parents défiler sous nos fenêtres », lâche une cadre de santé. Le service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent du Dr Contejean, lui, s'est réuni mi-octobre pour faire le point sur la polémique et va tenter d'affiner son approche du packing.

A.L.G.

1- L'Infirmière magazine, supplément « santé des jeunes » n° 226, avril 2007, p. 17.